En octobre 2008, l’association des séniors halluinois organisait, à l’Estaminet de la Mémoire, un rendez-vous sur le thème « Avoir 20 ans à Halluin ». Il était présenté et animé par Roland Verkindère et la collaboration des vidéastes de Cinélys.
Après son mot d’accueil, Roland Verkindère a plongé très vite le public dans le vif du sujet :
« Pour vous, avoir 20 ans à Halluin, c’était comment ? ».
Entre le « On n’a pas tous les jours 20 ans » de la chanson, le « Je ne laisserai dire à personne que vingt ans est le plus bel âge de la vie » du philosophe et « Avoir 20 ans dans les Aurès » de la génération 1954-1962, les perceptions, les souvenirs, les espoirs sont contrastés.
Cette thématique très intéressante et bien présente dans l’esprit des uns et des autres a été développée par plusieurs intervenants locaux, très connus.
20 ans, la majorité civile et l’intégration sociale.
On a changé le droit de vote dans les années 1970. On est passé de 21 ans pour fixer la majorité civile et le droit à la citoyenneté à 18 ans pour pouvoir commencer à voter.
De ce fait on trouve plus de 1000 inscriptions sur les listes électorales. Les jeunes à l’époque étaient plus évolués avec une meilleure connaissance en politique, c’était une génération TV avec beaucoup plus d’informations.
Yvon Tomme avait 20 ans en 1958, il était engagé dans l’aviation à Villacoublay. Tous les 15 jours la base accueillait un Nord Atlas 2501 venant d’Alger avec des militaires blessés.
Durant les évènements de mai 1958 avec aussi le putsch d’Alger, plus aucun militaire ne sera rapatrié en métropole. Une période confuse au niveau de l’information, on écoutait RTL, Euope 1. Les paras vont sauter sure Paris… C’était une période où la génération appelait à effectuer son service militaire pour 28 mois au moins.
Pour ceux qui traversaient la Méditerranée, « L’Algérie avait un climat particulier, il y avait des inconvénients, mais aussi des avantages à s’adapter et à vouloir s’intégrer3 se souvient Roland Verkindère en 1958, qui a été affecté en tant que tirailleur algérien au sud de sétif.
Certains jeunes ingénieurs, médecins, techniciens ont eu une riche expérience de coopération intéressante en apportant leurs aides techniques et en exerçant leurs compétences.
M. Massal rappelle qu’en 1959, on pouvait se faire embaucher facilement dans les entreprises.
20 ans et la formation.
C’était une période intéressante, il n’y avait pas de chômage, les offres de travail existantes étaient nombreuses au bureau de main d’œuvre (ex ANPE). C’est une période où les cours du soir ont été développés.
On se souvient du Familia à l’Epi et de la salle Buxsom de Menin (B) au niveau du cinéma.
20 ans et les loisirs.
C’était aussi les bals aux Combattants, à la salle du Manège. Le « Tiki » à Menin et les « Copains », le samedi soir.
Les allumoirs à la Rouge Porte en septembre. Les plus anciens allaient danser à la nouvelle salle à Menin de 1941 à 1944. C’était la guerre, on avait 20 ans en suivant la Becque pour parvenir à Mein car il était interdit d’aller en Belgique à la salle St Michel ou le Royal Palace, lieux de divertissements renommés.
20 ans et la famille.
C’était toujours une période délicate de présentation à la famille de la future. Pour les garçons c’était une épreuve difficile. Les jeunes se mariaient à 20 ans, l’engagement était plus facile, l’emploi était présent, il y avait plus de mariages qui perduraient et les fiançailles étaient plus importantes que maintenant.
La grosse difficulté de 1947 à 1950 c’était de trouver du logement. Il n’y avait pas de CIL.
L’après-midi s’est terminé sur une notre de gaieté avec Henri Mangin, le doyen de l’assemblée, 83 ans, toujours bon pied bon œil. Ancien d’Indochine à 20 ans, marin au Tonkin en 1946. Sa mère lui a transmis une vieille chanson flamande du 17ème siècle sur le labeur et le travail en Flandres. Il l’a chanté avec beaucoup d’émotion. Il a été très applaudi.
(Archives N.E., 24/10/2008).