En mars 2008, se dérouleront les prochaines élections municipales. C’est l’occasion d’effectuer un retour en arrière de deux siècles, pour retracer l’histoire de ces maires qui, à des époques et dans des contextes différents, eurent la responsabilité des affaires communales. C’est le résultat de ces recherches que je vous livre aujourd’hui.
Au moment de la Révolution de 1789, c’est P.L. de Lannoy qui devenait le premier magistrat d’Halluin, le 24 décembre 1790.
Jusqu’en 1830, quatre élus se succédèrent : J.F. de Lannoy, maire de 1794 à 1795, Jean-Baptiste Duflo de 1795 au 16 juin 1800, Jean-Baptiste Vandebeulque du 17 juin 1800 au 26 avril 1805, puis un troisième Jean-Baptiste Chombart, élu par les Halluinois pendant vingt-cinq ans, du 29 avril 1805 au 9 septembre 1830.
De septembre 1830 à mai 1900, soit pendant 70 ans, se succédèrent seulement trois maires, appartenant tous à la même famille : Pierre Demeestere-Delannoy, du 12 septembre 1830 au 25 août 1865, qui démissionna après trente-cinq années au service de la commune ; son gendre Edouard Lemaitre, qui organisa le corps des sapeurs-pompiers, et fut appelé par arrêté impérial à prendre la succession de son beau-père, du 26 août 1865 au 27 octobre 1873.
Grand administrateur et industriel remarquable, Edouard Lemaitre fut décoré de la Croix de Chevalier de la Légion d’Honneur par Napoléon III, au cours d’une visite solennelle à la ville de Tourcoing.
M. Paul Lemaitre-Bonduelle, ancien conseiller général, fils d’Edouard Lemaitre, devenait à son tour, le 23 février 1874 maire d’Halluin, pour plus de vingt-six ans, jusqu’au 19 mai 1900.
Nommé pour la première fois au sein du conseil municipal en 1878, Pierre Defretin, fabricant textile, est élu maire du 20 mai 1900 au 10 décembre 1919.
Avec un intérim de deux ans du 27 avril 1906 au 17 mai 1908, pendant lesquels la charge fut exercée par M. Louis Odou-Loridan, son second adjoint.
En 1918, sous l’autorité du Maire Pierre Defretin, le Conseil Municipal était composé ainsi : Lemaitre-Boutry Paul, Wallard, Vanackère, Vandemeulebrouck, Descamps, Declercq, Delesalle, Danset, Beylemans, Lescroart, Devernay, Derveaux, Castelain, Lefebvre, Tiberghien, Sion, Morel, Vanraes, Destailleurs.
Les Elections Municipales de 1919 furent un succès pour les socialistes, et leur leader Gustave Desmettre se voyait confier l’écharpe majorale. Après le congrès de Tours en décembre 1920, Gustave Desmettre passa au parti communiste. Cela ne l’empêcha pas d’être régulièrement réélu jusqu’à son décès, en cours de mandat, le 9 avril 1935.
Le Conseil Municipal de 1925 était composé ainsi : G. Desmettre, P.J. Verkindère adjoint, C. Demassiet, L. Declercq, L. Carton, H. Lombaere, J. Vandenbon, J. Courtens, F. Demeulenaere, G. Cornette, L. Debaere, J.B. Vercruysse, C. Dereus, E. Vandewattyne, C. Sinaeve, C. Breemeersch, O. Vandeweghe, J. Vansieleghem, Lauridan, Vanackère, Graye, Lemaitre, Defretin, Danset, Devernay, Lamaire.
Durant toute cette période, Halluin est devenue pour le parti communiste, une « citadelle ouvrière dénommée « Halluin La Rouge », où les élections lui étaient toujours favorables.
Comme l’écrivait Maxence Van der Meersch, « Halluin La Rouge » devenait la « ville sainte du communisme ».
Résultats des Elections Municipales d’Halluin.
Année | Tour | Inscrits | Droite | Communiste | Socialiste |
1919 | 1er | 1.947 | 45 - 49 | 55 - 51 | 56 - 51 |
| 2 |
| 47 |
| 53 |
1925 | 1 | 3.400 | 45 | 47 | 7 |
| 2 |
| 48,7 | 51,2 | - |
1929 | 1 | 3.761 | 43 | 49 | 6 |
| 2 |
| 49 | 51 | - |
1935 | 1 | 4.115 | 12 | 57 | 4 |
La municipalité communiste élue le 12 mai 1929 se compose ainsi autour du maire Gustave Desmettre : Gilbert Declercq, Pierre-Jean Verkindère, Charles Dereus Gustave Casier, Etienne Delattre, Julien Destailleurs, Georges Masseles, Charles Sinnaeve, Etienne Vantomme, Georges Vanmeerhaeghe,Oscar Verkindère, Henri Vervacke, Emile Demeulenaere, Auguste Dewaele, Louis Mignon, Emile Vandermeeren, Félix Demeulenaere, Michel Desseaux, Henri Lombaere, Georges Tomme, Octave Vandeweghe, Achille Veranneman, Gustave Cornette, Jean-Baptiste Vercruysse, Emile Bostoen.
Après une tentative malheureuse en 1929, les chrétiens sociaux se lancent ouvertement dans la bataille municipale de 1935. A leur tête se trouvent Arthur Houte et d’autre militants connus, tous adhérents à la Jeune République.
Les résultats restent très positifs pour le parti communiste, mais font chuter la Droite qui tombe à 13 % des suffrages. « Les catholiques sociaux » obtiennent 24 % des voix. Ce vote traduit assez bien l’influence réelle des syndicats libres auprès de la population ouvrière d’Halluin.
C’est à l’occasion de cette élection législative de 36, que le parti communiste d’Halluin obtient le meilleur score 2263 voix et 58 % des suffrages exprimés. Ce pourcentage record dépasse légèrement celui des élections municipales de l’année précédente, où il avait obtenu 2141 voix et 57 % des suffrages exprimés.
Gustave Desmettre décédé, est remplacé par Gilbert Declercq.
Le Conseil Municipal de 1935 est ainsi constitué : Declercq Gilbert (Maire), Bostoen Emile, Dereus Charles, Tesse Isidore, Verkindère Oscar (Adjoints), Cornette Gustave, Demeulenaere Emile, Verkindère Pierre, Hoedt Auguste, Mignon Joseph, Casier Gustave, Demeulenaere Félix, Verhanneman Achille, Decraene Joseph, Tomme Georges, Vandekerckhove Julien, Deneweth Médard, Vandeweghe Octave, Dewaele Auguste, Lenez Victor, Desseaux Michel, Huyghe Constant, Rousseau Arthur, Vanmeerhaeghe Georges, Vercruysse Jean-Baptiste, Delattre Etienne, Masselles Georges.
Gilbert Declercq devint ensuite Député aux élections législatives d’avril 1936, dans la 9ème circonscription dont fait partie Halluin, avec 51 % des voix après avoir battu le candidat de droite Jean Bataille (dont 58 % des voix sur Halluin).
A la déclaration de la guerre en 1939, Gilbert Declercq manifeste son désaccord avec le pacte germano-soviétique, il est suspendu en 1940 de tous ses mandats électifs. L’attitude hostile des militants l’oblige à fuir Halluin, et à chercher refuge en Touraine. Gilbert Declercq meurt en septembre 1944 dans la région de Nîmes.
Vu les circonstances exceptionnelles, une délégation spéciale fut mise en place, qui choisit Gaston Petit, contrôleur des contributions indirectes, pour président, et deux adjoints Joseph Wanquet et Emile Vandaele.
Gaston Petit fut nommé maire en octobre 1941.
Le Conseil Municipal d’Octobre 1941 était composé ainsi : Petit Gaston (Maire) Wanquet Joseph, Vandalle Emile, Desbuquois Paul, Nollet Jules, Demassiet Adrien, Vandewalle Léon, Wancquet Hildevert, Menet Gustave, Mme Lemaitre-Duprez Elisabeth, Descamps Achille, Walbron Léon, Montagne Victor, Leclercq Henri, Destombes Julien ,Pipart Albert, Desprez Robert, Bisbrouck Albert, Nuyttens Marcel, Jean Sion.
Installation du nouveau Conseil Municipal le 22 Mai 1943 : MM. Gaston Petit Maire, Joseph Wanquet, Emile Vandalle, Paul Desbuquois et Robert Desprez Adjoints, Jules Nollet, Adrien Demassiet, Léon Vandewalle, Hildevert Wancquet, Gustave Menet, Mme Lemaitre Duprez Elisabeth, Achille Descamps, Léon Walbron, Victor Montagne, Jean Sion, Henri Leclercq, Julien Destombes, Albert Pipart, Albert Bisbrouck, Marcel Nuyttens.
Gaston Petit décéda le 23 janvier 1944. C’est son 1er adjoint Joseph Wanquet qui lui succède officiellement le 25 Janvier 1944 jusqu’au 25 Septembre 1944.
A la Libération de la Ville, la délégation spéciale emmenée par le Maire Gaston Petit, puis le nouveau conseil municipal nommé par le gouvernement de Vichy et l’Etat français en 1943 ont laissé place à une délégation municipale pluraliste représentant toutes les sensibilités patriotiques locales.
Par arrêté préfectoral en date du 26 Septembre 1944, le communiste Gustave Casier est nommé Président de la nouvelle Délégation Municipale jusqu'au 14 Mai 1945.
Les membres qui composent cette délégation sont : Dereu Charles, Myngers Albert, Veranneman Achille, vice-présidents, Amez Robert, Lenez Victor, Rousseau Arthur, Mme Dujardin Monique, Mittenaere André, Delafosse Henri-France, Verkindère André, Parmentier Henri, Decraene Joseph, Vandekerkhove Julien, Huyghe Constant, Delattre Etienne, Bekaert Marcel, Verkindère Gérard, Detaevernier Pierre.
Elle émane largement du Comité local de Libération. Celui-ci constitué dans la clandestinité dès le second semestre 1943, apparaît publiquement à l’ancienne mairie, rue de l’Eglise, en septembre 1944.Il comporte notamment des hommes comme Gustave Casier, Charles Dereu (Président), Gérard Verkindère, Albert Myngers. André Verkindère remplacera ce dernier dans la délégation municipale, Albert Myngers ayant été nommé au Comité départemental de Libération.
A noter, par ailleurs, que pendant toute cette période 1939-1944, Stéphane Dubled, secrétaire général de mairie et Edouard Penasse receveur municipal, tous les deux proches de la municipalité d’avant 1939, ont assuré leur tâches de gestion et tenu administrativement la mairie.
En avril 1945, c’est la première fois depuis 1936 que le corps électoral est appelé à s’exprimer dans les urnes. La constitution des listes électorales n’est pas une mince affaire. Car il y a une innovation fondamentale : les femmes pour la première fois dans l’histoire française sont à la fois électrices et éligibles. Le verrou mis depuis trente ans par la majorité du Sénat vient enfin de sauter. C’est la volonté de De Gaulle mais dans la préparation de cette décision à Alger Fernand Grenier, qui fut dans les années trente employé municipal à Halluin, n’est pas resté inactif. (Fernand Grenier fut délégué du PC en janvier 1943 auprès du Général De Gaulle à Londres et en 1944 ministre de l’Aviation au gouvernement provisoire à Alger. Député jusqu’en 1968, il décède à Saint-Denis en août 1992).
Lors de ces Elections Municipales de 1945, deux listes sont en présence : La liste d’Union patriotique républicaine et antifasciste animée par le parti communiste, le Front national, les Forces unies de la jeunesse patriotique et la CGT avec notamment Gustave Casier en tête de liste.
La liste des candidats du Mouvement républicain populaire où se retrouvent, entre autres, Julien Alard, le docteur Albert Louf, Adrien Verkindère, Gérard Verkindère et Madame Edouard Lemaitre née Duprez Elisabeth comme Célina Vuylstecke, commerçante.
Le Mouvement républicain populaire est un nouveau venu. Né à la Libération de la fusion du parti démocrate populaire d’avant-guerre et de la Jeunesse république, puissante à Halluin, il veut afficher, à la fois sa fidélité aux valeurs de la Résistance, ses sentiments gaullistes et une certaine sensibilité sociale autour d’équipes ouvrières.
Maurice Schumann en devient le président. On le retrouve bientôt candidat aux législatives dans la dixième circonscription. Jusqu’en 1973, sa présence comme député de la vallée de la lys sera constante.
Donc, en ce mois d’avril 1945 à Halluin, un seul tour a suffi. Il n’y a pas à cette date de candidats de la SFIO. La liste menée par Gustave Casier, membre du parti communiste et ancien conseiller général, l’emporte de près de huit cents voix et gagne tous les sièges. Il y a absence d’une opposition au sein du conseil. Gustave Casier est officiellement élu Maire d’Halluin, le 19 Mai 1945.
Le nouveau Conseil Municipal de 1945 se compose ainsi : Casier Gustave (Maire), Veranneman Achille, Derudder Georges, Knockaert Urbain, Devriese Armand, Detaevernier Pierre, Huyghe Constant, Auvelick André, Decraene Joseph, Lombaere André, Mmes Destailleurs-Vandamme, Vandenberghe-Milleville, Mlle Oost Amanda, Mme Samyn-Viaene, Bekaert Marcel, Dereus Charles, Mme Deceuninck-Jacques, Lagae Cyrille, Mittenaere André, Veyer Marceau, Velghe Albert, Graye R., Mme Callemyn-Rousseau, Mme Vanderhem-Verleye, Mme Taffin-Nuns.
Aux nouvelles Elections Municipales de 1947, la liste soutenue par le PC obtient treize sièges avec à sa tête Gustave Casier, celle s’appuyant sur le MRP douze sièges et la SFIO, deux sièges. Cette coalition MRP-SFIO désigna Joseph Wanquet maire SFIO et Gérard Verkindère premier adjoint. La majorité change d’orientation.
L’écart entre la liste conduite par le parti communiste, et celle soutenue par le MRP sera de soixante voix. La liste socialiste ayant obtenue près de huit cents suffrages.
Le conseil Municipal de 1947 à 1953 était composé ainsi : Wanquet Joseph (maire), Verkindère Gérard, Dereu Charles-Henri, Catry Ernest, Nollet Cyprien, Demassiet Adrien, Alard Julien, Ceriez Georges, Vanoverschelde Charles, Casier Gustave, Persyn Emile, Veranneman Achille, Verhulst Paul, Auvelick André, Mme Deceuninck-Jacques Simonne, Devriese Armand, Bossman Raymond, Lagae Cyrille, Lesaffre Gaston, Graye Fernand, Knockaert Urbain, Cokele Firmin, Destoop Léon, Six Antoine, Verhellen Albert, Vanoverschelde Ludovic, Crombez Marcel.
Six ans plus tard, lors des Elections Municipales de 1953, la situation se complique : le PC obtient treize sièges, le MRP, douze et la SFIO, deux. La position de la SFIO a évolué depuis 1947. Monsieur Le Gall, son porte-parole au conseil, veut jouer, comme il le déclare, le rôle de « charnière » entre les deux blocs. Cette attitude entraîne un retour du PC à la tête de la commune, car les deux socialistes s’abstiennent lors du vote du maire le 7 mai 1953.
C’est Robert Casier (PC) frère de Gustave et directeur de coopérative qui occupe le siège de maire jusqu’en mars 1957. A cette époque, le mode de scrutin était la proportionnelle et les conseils municipaux étaient constitués par un « panachage » des différentes listes en présence. La position du PC est précaire compte tenu de cet appui intermittent des conseillers socialistes. Bien des décisions sont contestées et rejetées par un vote 12 + 2 (MRP + SFIO). On tente de se neutraliser réciproquement. Le conseil municipal, faute d’une majorité stable, est condamnée à l’immobilité.
Le Conseil Municipal élu en 1953 était composé ainsi : Casier Robert (Maire) Veranneman Achille, Devriese Armand, Mme Deceuninck-Jacques Simone, Verkindère Gérard, Alard Julien, Lesaffre Gaston, Lescroart Maurice, Le Gall Bernard, Houte Albert, Verhellen Albert, Mme Faidherbe-Castel Claire, Mme Auvelick André, Ceriez Georges, Destoop Léon, Debon Camille, Delannoy Jules, Knockaert Urbain, Declercq Julien, Mme Mittenaere-Verheu Madeleine, Graye Fernand, Lagae Cyrille, Vanoverschelde Charles, Decraene Joseph, Delattre Joseph, Desplanque Michel, Vanmeerhaeghe Georges.
Considérant qu’au sein du conseil municipal de graves dissensions entravaient l’administration de la commune (le budget et le compte administratif n’avaient pu être votés !), le président du Conseil des ministre de l’époque, Guy Mollet, décréta la dissolution du conseil municipal d’Halluin le 15 mars 1957.
Une délégation spéciale fut instituée dans la commune, composée de Gustave Decamp, Henri-France Delafosse et Hildevert Wancquet. Ce dernier, artisan de profession, est nommé par ses pairs président de la délégation spéciale fin mars 1957.
Le renouvellement du Conseil Municipal en 1957, après dissolution, a débouché sur une situation nouvelle. Charles Vanoverschelde, ancien menuisier, apparenté MRP, devenait officiellement maire d’Halluin le 9 mai 1957, au bénéfice de l’âge au troisième tour de scrutin après des interruptions de séances tendues et devant un public tassé dans le couloir de la mairie, à l’époque rue de Lille.
(suite 2/4)
L I E N S : Résultats des Elections Municipales d'Halluin (Nord) de 1789 à nos jours (2/4).
Résultats des Elections Municipales d'Halluin (Nord) de 1789 à nos jours (3/4).
Résultats des Elections Municipales d'Halluin (Nord) de 1789 à nos jours (4/4 suite et fin).