Halluin a accueilli le 5e forum national des ateliers parents ce jeudi 25 novembre 2010. Plus de 200 personnes ont pris part à cette journée animée par des spécialistes de la petite-enfance, des travailleurs sociaux, des magistrats... La parentalité n'est plus un concept en vogue mais un enjeu de société.
On retient de cette journée l'émotion d'Anita. 50 ans. Femme brisée. Mais debout. Comme d'autres mamans, elle a pris place au milieu des institutions, des éducateurs, des enseignants, des élus participant à ce forum national des ateliers parents dont la ville d'Halluin est l'ambassadrice depuis 10 ans.
Anita est venue avec son fardeau. Son drame de maman. « La justice m'a enlevé mon enfant depuis huit mois. Je ne suis pas une mère... », confie-t-elle tout à trac au détour des groupes de parole constitués au coeur de cette journée. L'émotion à mille lieues des beaux discours sur la parentalité. À côté d'Anita, le témoignage de cette jeune maman contrariée par l'addiction de son adolescente au téléphone portable - « C'est devenu son doudou ! »- est presque anecdotique.
C'est quoi être parent aujourd'hui ? « Le forum de la parentalité n'est pas là pour apporter des réponses toutes faites... Il est là pour nous rappeler la responsabilité collective, la nécessité de travailler en réseau, pour redonner confiance aux parents qui ne doivent pas se sentir coupables », expliquait Jean-Luc Deroo, en marge des échanges. Un maire convaincu par la démarche du Parquet de Paris qui expérimente depuis un an des stages d'autorité parentale -thème phare de cette journée- face à des situations de délits commis par des mineurs.
Une alternative aux poursuites judiciaires. « Les situations rencontrées ont toutes un dénominateur commun : la perte de confiance en soi chez les parents comme chez les enfants », indiquait Mme Duvignau, chargée de mission au cabinet du Procureur du Parquet de Paris. « On s'aperçoit souvent que le parent est moins défaillant qu'on ne peut l'envisager, c'est souvent l'organisation familiale qui fait défaut... Dans beaucoup de situations, les ados sont en quête d'identité et s'écartent des valeurs et de la culture de leurs parents pour trouver dans la rue une sorte de sas illusoire et palliatif. »
Cette approche systémique a été menée auprès d'une dizaine de familles qui souvent avaient coupé toute relation avec les services sociaux. Confiés à une association, ces stages contraints sont dispensés avec le réseau social : « La démarche est réparatrice de l'autorité parentale. »
La petite-enfance : une priorité
Une thématique qui a également intéressé Marie Deroo, initiatrice de la CLCV. « La justice fait peur aux parents. Cet échange a eu le mérite de les rappeler à leurs responsabilités à l'égard de leurs enfants » exprimait Marie Deroo qui retient surtout de cette journée la thématique consacrée à la petite-enfance et à l'éveil. « C'est là où tout se joue. Les ateliers-parents vont se concentrer sur ce sujet : comment poser les limites par rapport au sommeil, à la télé ? Le problème des jeunes, c'est aussi celui des difficultés sociales : le manque d'argent, le logement, l'échec scolaire... »
Et de faire ce constat : « On avance avec des vents contraires : la société de consommation, internet... Ce forum est un lieu de résistance », exprimait la conseillère générale en faisant le bilan de cette journée qui posait aussi à sa manière le problème des financements. Beaucoup de structures auraient renoncé au forum faute de moyens.
Les séjours en famille de la MJC : pour rompre les solitudes
Parmi les nombreuses interventions, celle de la MJC-Centre social d'Halluin a pris une dimension toute singulière au milieu des échanges souvent théoriques. Ils sont pratiqués depuis cinq ans, en lien avec le CCAS notamment. L'été dernier, sept familles, dont 11 enfants, ont pris la direction de Vieil Hesdin pour un séjour collectif encadré par les professionnels de la MJC-Centre social.
Le dispositif, financé par la Ville et le département via l'UTPAS, existe depuis cinq ans et a permis à 27 familles -soit une centaine de personnes- de goûter à des vacances. Les premières de toute une vie pour la plupart des familles concernées. « Le séjour est préparé bien en amont (transport, logistique, activités...). Cette année, il a donné lieu à 14 réunions avec les familles dont 3 avec les enfants », expliquait l'une des coordinatrices du projet avant la projection d'une vidéo retraçant le séjour.
Des images souriantes saisies au milieu de moments en collectivité. Des moments d'une vie rapprivoisée. « J'ai passé mes plus belles vacances en famille. Cela permet de relativiser le quotidien », témoignait un papa à l'assemblée. Un séjour qui permet souvent de renouer un dialogue avec ses enfants, de redonner toute sa place au jeu et à l'échange, de prendre le temps, de changer ses priorités pour se faire plaisir... Tels étaient les témoignages rapportés de ce séjour.
(Archives, N.E., 26/11/2010).
De Strasbourg, Clichy ou Tourcoing…
Jeudi, à Halluin, au 5e Forum national des Ateliers parents, une armada d'élus, d'associations et d'acteurs sociaux se sont livrés à des joutes autour de la parentalité. Cette année, la justice pénale face aux parents a suscité la curiosité.
Que fait-on quand il est impossible d'impliquer des parents, quand l'enfant mineur commet un délit ? À cette question posée par le procureur général de Paris, Françoise Duvignau a apporté la réponse suivante : un stage. Invitée au 5e Forum national des Ateliers parents, la chargée de mission au parquet de Paris a expliqué cette méthode appliquée depuis un an :
« Pendant six à huit semaines, les parents, obligés de venir pour annuler les poursuites contre leur enfant, suivent cinq entretiens. Ils rencontrent élus, policiers, médecin, chef d'établissement dans le but de trouver une solution, explique F. Duvignau. À chaque fois, il y a un problème d'autorité, des parents qui se dévalorisent et nous les mettons en valeur. »
« L'ensemble des parents nous ont dit, à la fin, qu'ils étaient heureux d'avoir retrouvé leur place », a relevé Nicole Broust, de l'association Jeter l'@ncre, qui dispense ces stages. Ce programme s'adresse à des parents ayant coupé les liens avec l'école ou un assistant social, ne venant pas chercher leur enfant en garde à vue... Ce qui représente une petite minorité face aux 17 % de mineurs délinquants en France. « Cet outil n'est pas là pour stigmatiser, a précisé Mme Ait Hamou, magistrat spécialisé dans la justice des mineurs à Roubaix.
Cela s'inscrit dans une politique pénale globale. » Marie Deroo, conseillère générale et qui porte de ce forum au titre de la CLCV, a voulu savoir si ces stages pouvaient sortir de Paris :
" Oui, il faut qu'une autorité politique ou judiciaire en fasse la demande et que des associations s'en emparent », a répondu F. Duvignau. Pour Marie Deroo, séduite, « cette démarche va plus loin que les ateliers parents et c'est une alternative à une peine pénale. Je vais étudier cela de près ».
Mais il ne fut pas seulement question de justice lors de ce forum qui a réuni un peu moins de personnes qu'il y a deux ans. L'accueil des tout-petits, l'aide aux jeunes à construire les projets ont été abordés.
Enfin, les vacanciers du Vieil Hesdin avec la MJC-CS, une action de la ville, du département et de Vacances ouvertes, ont témoigné de ce qu'une semaine de repos, de jeux et de découverte pouvait amener à une famille. Une action qui sera peut-être exportée au sein de la vingtaine de villes représentées à Halluin.
(Archives, VdN., 28/11/2010)