Sur les trottoirs meninois on se bouscule pour lécher les vitrines ou battre la semelle pour acheter des chocolats. 90 % de Français fréquentent le quartier « les Baraques » et viennent de toute la métropole et d’ailleurs.
Toutes les raisons sont bonnes pour venir à Menin, sorte d'Eldorado commercial belge où travaillent essentiellement des Français, à commencer par les fermetures dominicales des commerces dans la métropole lilloise. Les places de stationnement sont prises d'assaut. Se côtoient des 59, 62, 80, 60, ou encore des plaques minéralogiques parisiennes. La dynamique commerciale des Baraques est en marche le dimanche.
À quelques jours de Noël 2008, les avis sont unanimes. « Tout est fermé à Lille le dimanche », assure Antoine, Lillois de 48 ans, « je viens régulièrement ici acheter du pain et des chocolats, il y a une vie à Menin le dimanche. »
Lucie, une jeune Halluinoise de 23 ans, lui emboîte le pas : « Dès que je dois acheter quelque chose, je viens à Menin, il y a plus de choix ici. » Les réponses sont même cinglantes à propos d'ouverture dominicale des commerces :
« Si les magasins étaient ouverts à Halluin, ne serait-ce que le dimanche matin (en dehors de ceux déjà ouverts comme les boulangeries, cafés... ndlr), ce serait bénéfique », reconnaît Michel Arnold, le directeur de la piscine halluinoise qui réside à Neuville mais vient régulièrement acheter à Menin des produits de consommation courante, la bière moins chère, le pain, la pâtisserie, etc, « on ne peut pas jalouser le voisin sans travailler à ce moment-là. »
Didier, âgé de 58 ans, n'est pas non plus un inconnu. Ce Roncquois est un familier du public dans sa mairie où il assure l'accueil. « Ma maman est placée dans un établissement spécialisé. Quand je viens la voir, j'en profite pour acheter du pain. Il est un peu plus cher mais il garde plus longtemps. » Plus étonnant, Didier va faire son tiercé français à Menin ! « On peut y jouer avec une bonne base de 6 chevaux, c'est moins cher même si on gagne moins. »
Une Marquettoise y a ses habitudes et s'est arrêtée devant les bûches de Noël que convoite sa fille. Pour Mathieu qui a ouvert le café-brasserie La Coupole à Menin il y a 6 ans et demi, plus de 90% de sa clientèle est française le long de la Rijselstraat.
Même s'il ressent les effets de la baisse du pouvoir d'achat depuis début décembre, l'attractivité des Baraques est réelle. Sa particularité ? Il va rouvrir le Daniel's à Halluin en février 2009 et pourra alors mieux comparer les 2 entités commerciales de part et d'autre de la frontière.
(Archives, N.E., 22/12/2008).
Liens : La Guerre 1939 - 1945 - Halluin (36) 1939 (1) L'amour n'a pas de frontières ! et 1989 (2) des Noces d'Or... comme à la guerre ! Ou le récit détaillé de ces deux évènements historiques.
La Libération d'Halluin - Septembre 1944 (4) Un samedi tragique : le 2 septembre 1944 raconté par un otage, M. Achille Grimonpont.
La Libération d'Halluin - Septembre 1944 (5) Maisons sauvées des flammes le 2 septembre 1944.
La Libération d'Halluin - Septembre 1944 (12) Du côté de la rue de la Lys.
La Libération mouvementée de la ville de Menin (Belgique) - Récit du 12 septembre 1944.
Le Café et Cinéma "Bucksom" : Clap de Fin.
Les Baraques à Menin (Belgique)... d'Hier et d'Aujourd'hui.
La rencontre du roi des Belges Albert II et du maire d'Halluin Alexandre Faidherbe.
Menin (Belgique) - La Grand'Place... Historique de la Ville Frontière.
La route des Gabelous.
La visite en Mairie d'Halluin, du Consul de France à Bruxelles.
Halluin et la Quinzaine Française à Tournai (Belgique).
L'Halluinois Ghislain Berland... et le Quartier "Les Baraques" Menin (B).
Bilan commercial en ce mois de Janvier 2010…
Décembre est le mois le plus fructueux pour les commerces meninois. Cette année 2009 la crise aurait un peu resserré les porte-monnaies. Pour autant, l'humeur n'est pas à la gueule de bois.
Après les fêtes, la débauche de cadeaux et les orgies de pralines, c'est l'heure du bilan pour les tiroirs-caisses meninois. La fréquentation des Baraques a connu des records historiques en décembre : jusqu'à 10 000 chalands par jour certains week-ends selon les estimations de l'association des commerçants !
Mais de là à dire que l'année 2009 a été un excellent cru pour les affaires... Pas si simple. La crise n'est pas passée inaperçue. « Les clients français sont restés fidèles mais ils avaient des budgets un peu plus limités que les autres années », explique Xavier Fournier, patron de la maroquinerie éponyme depuis 18 ans. Mais pour ce commerçant, l'épisode neigeux qui a précédé Noël a fait presque autant de tort que la récession économique : « C'est habituellement le dimanche le plus fréquenté de l'année et les commerces étaient vides. »
Même son de cloche au Chaperon rouge, une boutique de vêtements pour enfant installée depuis 75 ans sur la Rijselstraat. « Nous avons fait 25 % de notre chiffre ce jour-là. Heureusement, les clients sont venus les jours suivants », indique Dirk Hostens, le gérant.
2 rues, 140 échoppes
Dirk Hostens est président de l'association des commerçants de Menin. Une véritable institution. Elle regroupe la quasi-totalité des commerçants de la rue de Lille (au nombre d'une centaine) et de la rue de Mouscron (une quarantaine). Son rôle ne se limite pas à l'animation commerciale, elle gère également les illuminations de fin d'année auxquelles les commerçants contribuent à part égale avec la ville.
Depuis deux ans, l'association soigne aussi son image : « Menin est plus connu en France qu'en Belgique ! Alors nous faisons régulièrement de la publicité pour attirer les gens d'Ypres ou de Bruges... » Du reste, 80 % de la clientèle des Baraques demeure française.
Chez les Vereecke, pâtissiers-chocolatiers de père en fils depuis 150 ans à Menin, les gourmandises n'ont pas été boudées cette année. « La neige a fait un peu de tort mais dans l'ensemble c'est une bonne année », explique Katleen Vereecke chez qui de nombreux Parisiens ont leurs habitudes. Le chocolat reste une valeur sûre.
Des expatriés heureux
Mais qu'est-ce qui fait l'attractivité de Menin auprès de la clientèle française ?
« La qualité, le prix et la proximité, résume le président de l'association des commerçants. Les Français adorent le côté convivial des petits commerces. Ils savent aussi que les prix sont plus compétitifs qu'à Lille par exemple. Ils trouvent des produits qui ne se font plus chez eux... »
L'alcool, les cigarettes (les enseignes ont quadruplé en cinq ans !) et les chocolats figurent évidemment au hit-parade des produits les plus courtisés par les Français qui aiment aussi refaire leurs garde-robes dans la quarantaine de boutiques de prêt-à-porter.
Chez Vince et Joe, Vincent Baudringhien ne regrette pas de s'être expatrié en Belgique il y a un an pour créer son magasin de vêtements : « Nous sommes très contents d'avoir relevé ce défi. La crise fait que les gens dépensent moins mais dans l'ensemble on s'en sort bien. » Les soldes ont commencé samedi dernier et s'annoncent bien.
Chez Power Shop, débitant de tabac, le moral n'est pas vraiment à l'euphorie malgré les 800 clients servis chaque dimanche rue de la Lys. « On travaille mais les gens font très attention à leurs dépenses. Et depuis que le stationnement est payant dans le centre, ce n'est plus comme avant. Certains dimanches, les services de la ville de Menin bloquent les entrées de la ville sous prétexte qu'il y a trop de monde. On réclame des parkings depuis des années... », confie la gérante.
Le parking gratuit qui fait face au magasin est toujours pris d'assaut. L'aménagement de la place Jacques Delors offrira-t-elle plus de possibilités ?
(Archives, N.E., 10/1/2010).