Cruelle période pour les petits commerces. Malgré une clientèle fidèle, Robert Casier, et sa boutique d'électroménager et hi-fi, n'échappe aux effets à la prédominance de la vente en ligne pas plus qu'à la crise. Rencontre avec un commerçant de proximité, connu et reconnu.
Quand vous poussez les portes de sa boutique au 37 rue de Lille, Robert Casier est là derrière son comptoir, la tête dans le guidon. Un « bonjour » et un regard vite esquissés. Si vous ne le connaissez pas, n'allez vous méprendre sur cet accueil minimaliste. Il est comme ça Robert Casier : pressé et souvent débordé. Il ne faut pas longtemps avant de découvrir un vendeur à la pointe et un homme généreux.
La perte d'une jeune clientèle
C'est en 1984, qu'il reprend la boutique de son père qui l'avait créée lui-même en 1948. Bien sûr depuis plus de six décennies, le métier a bien changé. Pas de surprise, ni de scoop : les temps sont durs. En une dizaine d'années, les Halluinois ont vu quatre magasins d'électroménager et hi-fi mettre la clef sous la porte.
« Internet est en train de détruire le tissu économique », soupire Robert Casier, avec amertume. Ici, depuis ces dix derniers mois, le ralentissement des ventes est perceptible. « Il y a aussi la conjoncture actuelle, mais on est surtout en train de perdre les jeunes clients ». Pour preuve, la baisse des ventes des supports numériques (lecteur MP3, MP4...); des produits prisés des jeunes adeptes du « valider la commande » en clic - le tout pour des prix cassés.
« J'ai plus une clientèle fidèle qui a entre 40 ans jusqu'au 3e âge », indique Robert Casier. C'est que les habitués ne s'y trompent pas, les prix pratiqués ici sont tout à fait concurrentiels par rapport aux hypermarchés et grands magasins spécialisés. La proximité en prime : conséquemment une qualité de service et de conseil aussi privilégiée.
« Comme on n'a pas de stock, on est toujours à la pointe de l'actualité. On propose aussi des facilités de paiements, mais il y a toujours les grands magasins qui proposent de payer le dernier écran en 36 fois, mais est-ce que ce sera payé un jour ... ? », poursuit M. Casier, dubitatif sur les pratiques actuelles des consommateurs.
La crise économique a bien sûr mis quelques oursins dans les porte-monnaie de chacun. Mais alors que les associations d'économie solidaire se développent, faut-il pour autant voir un point de non-retour dans l'ère du tout consommer à des prix toujours plus cassés ? À son échelle Robert Casier n'est pas des plus optimistes :
« On est à mon avis dans une période charnière, on verra, il faut attendre un ou deux ans ».
Le soubresaut de la loi HADOPI
Annexe à la boutique, Robert Casier gère aussi le distributeur de location de DVD. « En 1985, pour compléter mon activité, j'ai commencé la location de vidéo, j'achetais toutes les nouveautés et je sous-louais, ça marchait jusqu'en 2004. au début c'était la folie, certaines personnes louaient trois ou quatre vidéos par jour ! »
Depuis, l'activité de location a été divisée par dix. Les distributeurs automatiques sont arrivés avec la demande de l'anonymat des locations. « Depuis l'adoption de la loi HADOPI, il y aurait comme un soubresaut, un nouveau petit souffle pour les locations de films. On verra ».
Comme quoi, il faut encore souvent se faire taper sur les doigts pour consommer citoyen.
Une affaire de famille
Le commerce de hi-fi et électroménager, c’est une affaire de famille, puisque Robert, premier des deux générations a ouvert sa boutique de radio en 1948. Mais le vendeur assurait tout : de la conception à la vente.
Si la boutique Casier a déménagé trois fois dans la rue de Lille depuis sa création, l’affaire est toujours restée familiale. « Mon père a ouvert son commerce de radio en 1948. Il les concevait lui-même. Il calculait le transfo d’alimentation. Il assemblait les haut-parleurs, les lampes, le bobinage… Il vendait, il dépannait, il réparait… », raconte Robert Casier (fils) qui garde de joyeux souvenirs de l’époque où son père s’est spécialisé dans la sonorisation des salles de fêtes.
« J’avais 15 ans et je montais sur les toits pour poser les haut-parleurs en forme de cône pour les bals populaires du 14 juillet, les fêtes d’écoles, et les combats de catch. Car dans les années 60, Halluin recevait les meilleurs catcheurs de France et de l’étranger, se souvient Robert Casier et en riant de bon cœur. « J’allais les voir après les matches dans les vestiaires, ils se lavaient dans une bassine. J’ai rencontré Delaporte (le méchant) et l’Ange Blanc (le gentil) ».
Le privilège de sonoriser la salle… A l’époque la boutique est mono-marque pour le « brun », comme pour le « blanc ». Comprenez (dans le jargon du commerce) les radios et télévisions pour le brun et l’électroménager pour le blanc.
L’âge d’or du disquaire.
Mais les années les plus prospères du commerce restent l’âge d’or du disque vinyle. « Dans les années 65 à 80, on est devenu disquaire en complément, car il y avait une forte demande. On travaillait directement avec les éditeurs. On recevait les dernières nouveautés.
Les Beatles chez EMI, James Last chez Polydor, lezs Jackson fives chez Tamla-Motown… Tous les dancings du coin venaient chez nous pour trouver les disques des vedettes yé-yé. Tout ça, c’était avant que les hypermarchés prennent le relais ».
Ce n’est qu’en 1985, quand Robert Casier (fils) reprend la boutique que celle-ci devient multi-marques.
(Archives, N.E., 8/11/2009).
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