Dimanche 21 novembre 2010, près de 200 personnes danseront aux rythmes folks du trentième bal à maman (Moederbal) d'Halluin. Depuis quatre ans, ce rendez-vous a provoqué la naissance du festival Trek'n Folk qui réunit plusieurs milliers d'amoureux de la Bretagne et d'ailleurs. Tout cela, Rémy Le Mauff et ses amis en sont un peu pour quelque chose. Voici l'histoire.
Pour tenter de vaincre l'angoissante arrivée dans la métropole lilloise, au milieu des années 90, Rémi et sa femme Sonia courent vers l'amicale des Bretons du Nord, se réchauffer auprès des leurs. « Nous étions arrivés dans le Nord pour notre boulot, avec l'idée que l'on repartirait vite chez nous », confesse Rémi, vingt ans plus tard.
À l'amicale, celui qui a tenté l'entrée au conservatoire de Paris avec son violon, trouve des musiciens et monte, en 1995, le groupe Chal ha Dichal, soit Flux et reflux en Français.
Très vite, le groupe enchaîne les cafés et les scènes, joue à deux reprises à Lorient pour le Festival Interceltique, et sort des disques. Le créneau breton est assez nouveau dans la métropole lilloise et de fidèles danseurs suivent Chal ha Dichal partout. Ils ne sont pas en costume, mais s'amusent en ronde ou en couple, dans une ambiance très détendue.
En même temps, la culture bretonne chevillée au corps, Rémi et Sonia apprennent la langue « que l'État a détruite pendant deux cents ans », lâche l'intéressé. Le groupe verse une partie des recettes des concerts aux écoles Diwan pour l'apprentissage du breton.
Puis, la fin de cette aventure sonne : « Trop de membres du groupe sont partis pour pouvoir continuer, se souvient Rémi. Nous avons constitué une association du même nom pour garder la sono et avons partagé les instruments. » Le couple passe par Roubaix, puis rejoint Halluin où l'école du Sacré-Coeur autorise des musiciens à investir les locaux pour jouer entre eux, sans public.
Seulement, des oreilles traînent : « La municipalité est venue nous demander de participer à des manifestations comme les Allumoirs, la fête des voisins ou la fête de la musique. » Chal ha Dichal accepte mais ne s'y retrouve pas. Les musiciens ont besoin de voir un public danser.
Alors, un dimanche de février 2006, le premier Moederbal, bal à maman en néerlandais, voit le jour à la Ferme du Mont. Là, 170 personnes débarquent. Halluin en fête, association aujourd'hui disparue, aide et apprend à Chal ha Dichal l'organisation. Des groupes de copains assurent gratuitement le concert et seulement trois euros permettent de rentrer.
Depuis, 28 autres Moederbal ont, à chaque fois, attiré près de 200 personnes, des fidèles mais aussi des nouveaux avec des formations musicales qui changent. Souvent des amateurs, parfois des professionnels de cette musique folk.
Ce succès a donné à l'association l'envie d'un rendez-vous plus grand, plus fédérateur. En 2009, Remi et ses amis lancent Trek'n Folk, festival de trois jours à Halluin et Menin. Ils attirent 800 personnes le dernier soir pour un concert explosif assuré par Marc Perrone, Taraf Dekale, Forzh Penaos ou encore Kv Express.
La force de Rémi et des autres bâtisseurs est d'avoir aujourd'hui passé doucement le relais. Cécile, Violette, Sylvaine et d'autres perpétuent cet élan qui contribue au rayonnement d'Halluin.
Alors, Rémi se prend à rêver que cette culture folk se diffuse dans toute la ville et le long de la Lys, entre Belges et Français, pour que de toute la région l'on vienne danse le Galop nantais.
(Archives, VdN, 14/11/2010).
La fièvre du dimanche
L'association Chal ha Dichal organisait dimanche après midi son dernier bal folk de l'année à la ferme du Mont Saint-Jean. Deux cents passionnés, venus de toute la région et de Belgique, étaient au rendez-vous.
Il est 15h. Bernadette et Elodie attendent patiemment le début de la fête. Ces deux amies venues d'Orchies et de Douai n'ont pas hésité à parcourir 60 km pour rejoindre la ferme du Mont Saint-Jean. Bernadette est encore novice. A 31 ans, elle découvre un nouvel univers. « J'ai vu un groupe folklorique à Orchies il y a trois semaines. L'ambiance m'a plu, ça m'a donné envie de continuer ». Son amie, Elodie, est plus expérimentée. « Je fréquente les bals folks depuis dix ans. C'est convivial et j'y rencontre de nouvelles personnes ».
Etienne Radenne acquiesce. Avec l'aide de bénévoles, le président de Chal ha Dichal prépare l'estrade et les tables de la salle. En cinq ans, son association a organisé trente Moederbal. Traduisez : « bal à maman ». « Le dimanche, il n'y a rien à faire. On invite les musiciens du secteur et on met cette salle à leur disposition. Chal ha Dichal organise cinq bals par an, plus un festival en janvier ».
En quelques années, la fréquentation a bien évolué. « Il y a eu un boom après 2005 mais depuis deux ans, le mouvement s'essouffle un peu ». Les musiciens aussi se raréfient : de plus en plus de groupes refusent d'assurer des concerts non rémunérés. « On pourrait payer les artistes si on augmentait le prix d'entrée. Mais ce n'est pas notre politique, on veut que les danseurs puissent venir en famille », explique Etienne Radenne.
Ce dimanche, avec 200 visiteurs, le succès est au rendez-vous. Valse, polka, bourrée et scottish... Les danseurs tournoient devant la scène, dans une ambiance décontractée. Impossible de rester immobile : chacun vous invite à rejoindre la piste. Cinq groupes se succèdent au cours de l'après-midi : Tribal Jâze, Embrio, Gan Ainm, Dicop et Ormuz. Les danses françaises et étrangères s'enchaînent. Par deux, en cercle ou en ligne, les danseurs aguerris transpirent, les débutants improvisent. « On fait semblant de connaître les pas », murmurent deux retraités.
Enfants, adolescents, pères de famille... Le Moderbal n'est pas réservé aux grands-parents. « La moyenne d'âge, c'est 35 ans », assure Pierre, un trentenaire passionné. « C'est un monde à part, plein de joie et de gentillesse. » Emeline, 20 ans, et Adrien, 22 ans, partagent cette opinion. Ces deux étudiants sont accros au bal folk : « C'est mieux qu'une boîte de nuit. On peut discuter sans hurler et les gens ne sont pas là pour draguer ». L'un des voisins décroche un sourire rêveur. « J'ai rencontré ma copine ici, dans cette salle. Je ne suis pas le premier à qui ça arrive. »
Côté nationalités, les Belges sont aussi nombreux que les Français. « Les prix de l'entrée et des boissons sont moins élevés qu'en Belgique », explique Dries. Ce Flamand n'a jamais manqué un Moederbal à Halluin. La plupart des participants sont des habitués, originaires de Bruxelles, Lille ou Calais. « Nous avons peu de danseurs de la vallée de la Lys », regrette Etienne Radenne. Pour susciter de nouvelles vocations, Chal ha Dichal propose des cours de danses folkloriques. Renseignements : moederbal.free.fr
L’association Chal ha Dichal
Les adhérents : 40 membres dont une dizaine de bénévoles actifs. Le groupe est à la recherche de nouveaux adhérents ;
L’origine : Dans les années 90, Chal ha Dichal était un groupe halluinois de musique bretonne. Les musiciens sont aujourd’hui séparés.
L’activité : L’association organise cinq bals folks par an à la ferme du Mont Saint-Jean, un festival « Trek’n Folk » en janvier, et propose des cours de dans les 2ème et 4ème jeudis du mois.
Le nom : Chal ha Dichal signifie en breton « flux et reflux ». Ses bals sont nommés « Moederbal » en flamand, alias « bal à maman « . Ce sont des fêtes familiales de 7 à 77 ans.
(Archives, N.E., 25/11/2010).
Liens : Le Trek'n-Folk Festival 2010 à Halluin et Menin (B).
L'Association Halluinoise de Claquettes Irlandaises... "Irish Tap Dancers".