L’une des plus anciennes boulangeries Halluinoises ferme définitivement ses portes ce 1er Janvier 2010. Située à quelques pas de la Bibliothèque Municipale, cette grande bâtisse (ancienne maison Dassonville) avait conservé, durant plusieurs décennies, sa première devanture commerciale, ses présentoirs anciens, son entrée particulière devancée d’un petit couloir surmonté de quelques marches…
Cela lui donnait une originalité et un brin de nostalgie appréciés par les très nombreux Halluinois qui la fréquentaient, sans oublier les plus jeunes (sur la route de l’école) avides des nombreuses boîtes de friandises gadgets divers, ou paquets « surprises » confectionnés par Michèle, la fille… du boulanger.
Daniel Delafosse.
C’était le bon temps… C’était une belle histoire... par Michèle Dochy
Vers la fin des années 1920, mon arrière grand-père Cyrille Dochy a créé la boulangerie, travaillant avec ses deux fils Georges et Maurice.
Puis Maurice est parti ouvrir sa boulangerie rue Jean Jaurès. Georges a continué de travailler avec son père.
A la mort de mon arrière grand-mère Philomène, mon grand grand-père s’est installé avec son père pour le succéder un peu plus tard. Et c’est tout naturellement que mon père André Dochy lui a succédé.
Lorsque mon père a pris sa retraite en 1993, lui et moi nous nous sommes mis en société, afin que je puisse continuer le commerce de la boulangerie.
Hélas, aujourd’hui, nous allons devoir arrêter la fabrication du pain à partir du 1er Janvier 2010. A cette date et pour une question de stocks, je continuerai encore un peu la confiserie, les galettes et la viennoiserie.
(Archives, D.D. 12/2009).
Quatre générations de Dochy…
De Cyrille, en 1926, à Michèle, son arrière-petite-fille, quatre générations de Dochy ont accueilli les clients dans cette boutique. Concurrencée par les maisons plus modernes, la petite boulangerie Dochy ferme après plus de 80 ans de service.
Le four à pain de la boulangerie Dochy, rue de Lille, a cessé de ronfler depuis le 1er janvier 2010. La petite entrée n'accueillera bientôt plus de clients. Michèle Dochy et son papa André se donnent deux mois pour écouler les stocks de confiserie et les viennoiseries. « Après, ce sera la fermeture définitive », explique l'arrière-petite fille du fondateur.
« C'est une institution d'Halluin qui disparaît », regrette Franck Merchier, président de l'Action commerciale et artisanale halluinoise. Créée à la fin des années 1920 par Cyrille Dochy, la bâtisse avait conservé durant plusieurs décennies sa première devanture et les présentoirs anciens, appréciés des Halluinois nostalgiques qui la fréquentaient.
« Toute petite déjà, je venais acheter des sucettes et des souris au caramel. C'était en 1939, raconte Georgette, une habituée de la maison. On connaissait bien les grands-parents de Michèle. Ici on a des contacts, on vient discuter. Ça va me manquer. »
Sur la route de l'école, les enfants s'arrêtent encore, avides des boîtes de friandises confectionnées par Michèle, sans compenser pour autant la baisse de fréquentation de la boutique. « La clientèle baissait et, depuis quatre ans, nous perdions de l'argent. Les grandes surfaces ont tué les petits commerces de proximité », avoue André, gérant de l'entreprise familiale à 82 ans.
Elle est loin l'époque où l'État fixait le prix du pain chaque matin. « À l'époque de mon grand-père, on ne produisait que des pains ronds. Depuis, on a dû se mettre aux ficelles, aux baguettes, aux petits pains, au pain coupé », énumère-t-il en rigolant.
En 1956, lorsque son père devient trop malade pour tenir la boutique, André reprend l'entreprise familiale. Après la guerre, pour reconquérir sa clientèle, le boulanger livre à domicile jusqu'à sa retraite, il y a une quinzaine d'années. « À l'époque, il y avait des usines en ville et des travailleurs passaient par dizaines pour prendre une tartine. Nous vendions six quintaux de pain par semaine, maintenant nous en produisons deux fois moins ».
A l'arrière de la boutique, Michèle écrase une larme. À 56 ans, elle a passé toute sa vie derrière ce comptoir. Elle avait sa petite clientèle d'habitués qui ne juraient que par son pain fait à la main.
Bouler la pâte, la laisser reposer puis l'allonger : cette méthode traditionnelle qu'André tient de ses grands-parents est plus longue et moins rentable. « C'est un savoir qui disparaît parce qu'on fait tout à la machine, en une seule étape. Il faut six mois pour former un ouvrier à travailler à la main », assure André Dochy.
Après avoir accueilli quatre générations, la boulangerie baisse le rideau. Elle était l'une des plus anciennes boulangeries encore en activité sur la commune.
(Archives, VdN, 15/1/2010).
LIENS : L'Halluinois André Dochy, des titres nationaux... aux J.O. d'Helsinki de 1952.
Salle Halluinoise "André Dochy" dédiée au Champion de France d'Haltérophilie.
Le Club d'Haltérophilie d'Halluin : Historique de 1942 à 1956.
Les derniers jours...
D'ici quelques semaines, la boulangerie Dochy, sise rue de Lille, fermera définitivement ses portes. L'aventure de cette boulangerie, une histoire de famille, avait commencé en 1926.
Depuis le 1er janvier 2010, plus de pain dans la boulangerie Dochy. Michèle Dochy est toujours derrière son comptoir, souriante. Son père André reste dans la petite cuisine adjacente, prêt à l'aider si besoin. Mais sur les rayons, on ne trouve plus que bonbons et autres confiseries ou quelques viennoiseries.
Sur la devanture, une enseigne indique toujours « Pain authentique », mais à l'intérieur, la seule trace qu'on a vendu ici du pain est la vieille trancheuse. « La fermeture définitive devrait être fin février », explique Michèle, qui a travaillé dans l'entreprise familiale toute sa vie.
Car la boulangerie Dochy, c'est avant tout une histoire de famille. En 1926, Cyrille Dochy rachète une ancienne brasserie rue de Lille et construit dans le sous-sol un four à pain. Son fils Georges lui a succédé. Puis c'est André qui reprend la boutique en 1956. « À l'époque, on vendait six quintaux de pain par semaine, aujourd'hui, seulement trois, ce n'est plus rentable », raconte André, 82 ans.
Depuis 4 ans, la boulangerie est déficitaire. La faute aux nouveaux modes de consommations. « Beaucoup de familles achètent du pain en grandes surfaces, la boulangerie de quartier n'est là que pour dépanner. Mais nous, on ne peut pas vivre avec ce type d'achat », déplore Michèle.
« Aujourd'hui à Halluin, les gens partent travailler tôt le matin et reviennent tard le soir. Dans la journée le centre est vide », regrette André. « Quand il y avait des usines dans la ville, on voyait les ouvriers presque tous les jours », ajoute-il. Le vieil homme reste philosophe : « il y a une fin à tout », dit-il. Celle de la boulangerie Dochy clôturera un pan de l'histoire halluinoise.
(Archives, N.E., 24/1/2010).
Lien : http://videos.tf1.fr/jt-13h/fermeture-d-une-boulangerie-tenue-par-generations-5666571.html (Vidéo du Journal de 13 H de TF1 le 1er Février 2010).