Publication relative à l'histoire de la ville d'Halluin 59250. Regard sur le passé et le présent.
Né à Paris, Maurice Schumann rencontre le Nord au lendemain de la Libération. Il en devient l’élu et lui sera toujours fidèle.
Député de 1945 à 1973, il mène une action marquée par le christianisme social et le gaullisme dans l’industrieuse vallée de la Lys, vers Armentières et Comines, dont il sera aussi l’élu local.
C’est sans doute de ce premier ancrage qu’il garde une attention particulière aux problèmes du textile. Il sera à l’Assemblée nationale puis au Sénat, l’avocat de cette industrie, avec la volonté déterminée de garder à la France une grande activité textile et de défendre les emplois qu’elle procure.
Dans les dernières années encore, il aura contribué à la préparation des mesures Borotra et il suivait avec vigilance, et inquiétude, les prises de position de la Commission de Bruxelles.
Le député de la vallée de la Lys avait multiplié depuis longtemps les contacts avec les élus de la Flandre intérieure qui, de Bergues à Hazebrouck, le considéraient comme l’un des leurs.
Devenu sénateur, Maurice Schumann était tout naturellement à leur écoute.
De même, il est resté fidèle jusqu’au bout au conseil d’administration du port autonome de Dunkerque dont il défendait les dossiers avec âpreté et où il a toujours siégé avec assiduité.
Assidu, le qualificatif revient aussi pour définir sa présence au conseil régional du Nord Pas-de-Calais. Personne n’a oublié avec quelle patience et quelle courtoisie il présida en qualité de doyen d’âge la longue nuit au cours de laquelle fut élue présidente une écologiste en 1992.
Il était ensuite devenu président de la commission des Finances, remplissant cette tâche avec le plus grand sérieux. Présent à toutes les séances plénières, intervenant souvent, avec précision et pertinence, il était écouté et respecté de tous.
Il avait depuis longtemps acquis un appartement à Tourcoing et il était presque chaque semaine dans le Nord.
Dans ce très grand département de 2 500 000 habitants divisé en 24 circonscriptions et plus de 600 communes, il a toujours répondu aux invitations, même dans les plus petits villages. On le revoit dans une petite commune, inaugurant une rue du Général de Gaulle et masquant derrière un demi-sourire le léger agacement que devait lui causer un élu troublé qui l’avait prénommé Robert !
Il savait capter l’attention d’auditoire très divers.
Chaque année, il donnait à Lille, une conférence à l’Université populaire. Son amour de la musique a aussi marqué son action. Il fut un des premiers à soutenir la création de l’orchestre de Lille, sous la direction de Jean-Claude Casadesus.
C’était un homme politique courageux. En 1974, son élection au Palais du Luxembourg était loin d’être acquise. Il fut combatif, pugnace, omniprésent et très bien élu.
Nous étions tellement habitués à le voir partager nos attentes, nos colères et nos espoirs que nous ne mesurions plus le privilège de sa présence.
Nous nous souviendrons toujours d’un homme qui aimait la France et qui la voyait à travers les figures et les paysages du Nord.
Jacques Legendre Sénateur du Nord.
Rappel : Adrien Verkindère né à Halluin (Nord) le 19 juin 1912, contremaître de tissage et militant MRP, premier adjoint de Charles Vanoverschelde Maire d'Halluin, répond positivement à la demande de Maurice Schumann et devient son suppléant aux élections législatives de mars 1967.
Maurice Schumann est élu au premier tour avec à Halluin 4225 voix, Gilles Jules (PC) en obtient 2878. Gérard Haesebrouck (socialiste), déjà conseiller général dans son canton d’Armentières, 721.
Maurice Schumann est nommé ministre, et par voie de conséquence Adrien Verkindère lui succède comme Député de la Xème circonscription du Nord, du 8 Mai 1967 au 30 Mai 1968, puis du 13 Août 1968 au 1er Avril 1973, sous l’étiquette Union des Démocrates pour la Vème République, date à laquelle il se retira de la vie publique. M. Adrien Verkindère décède le 10 décembre 1987 à Tourcoing.
(Archives D.D.)
En hommage à Maurice Schumann, le politique et l'humaniste.
Grâce à l'association qui porte son nom et qui continue d'honorer sa mémoire, « Maurice Schumann », un livre publié dans la collection Histoire et littérature régionale, avec la contribution de l'université Lille III, vient de sortir.
Porte-parole de la France Libre, ancien président du Mouvement républicain populaire (MRP), ancien ministre (notamment de Pompidou, aux affaires étrangères), ancien député de Tourcoing..., Maurice Schumann, décédé le 9 février 1998, est un homme politique qui a marqué l'histoire de la France et celle de la région Nord - Pas-de-Calais.
À Tourcoing, l'association Maurice Schumann, présidée par Francis Delannoy, continue d'honorer sa mémoire. En décembre 2007, elle avait organisé un grand colloque. Les actes de celui-ci sont réunis dans un livre : Maurice Schumann dans la collection Histoire et littérature régionale.
Une partie de l'ouvrage est consacrée à Maurice Schumann et l'Histoire ; l'autre à l'humaniste au travers de plusieurs témoignages, y compris de certains de ses proches.
L'apport des historiens
Des historiens spécialistes soit de Maurice Schumann, soit du contexte politique, ont également apporté leur contribution. C'est un livre très complet et indispensable pour ceux qui s'intéressent à l'histoire de celui dont le siège qu'il a occupé au Sénat vient juste d'être orné d'une médaille à son nom. Un hommage qui a fait l'unanimité.
On peut se procurer l'ouvrage à la médiathèque de Tourcoing (prix : 17 euros).
(Archives N.E. 1/3/2009).
Le 65ème Anniversaire du Débarquement Allié (6 Juin 1944).
Maurice Schumann et son chauffeur Robert Ghesquière…
Si Maurice Schumann n'avait pas été myope, Robert Ghesquière ne serait jamais devenu son ami. La « voix » de Radio Londres, député de Tourcoing - Vallée de la Lys, sénateur mais aussi conseiller municipal à Comines, s'est éteint le 9 février 1998 ; mais il n'a pas fini d'entendre Robert parler de lui.
« Je reviens de Moscou et c'est plus facile de faire un traité avec les Soviétiques qu'à Comines. » En ce moment, cette citation de Maurice Schumann, lancée un dimanche, dans une Simca Ariane, est la préférée de Robert Ghesquière. Elle date du début des années 70 mais jouit d'une brûlante actualité au regard de l'ambiance martiale du conseil municipal cominois.
À l'époque, Schumann officie comme ministre des Affaires étrangères. Il vient de rencontrer Brejnev et passe le week-end dans le Nord. Robert est venu le chercher comme d'habitude à l'hôtel de la gare. Une habitude prise alors que Robert n'a pas encore trente ans.
Après quelques mois de rubanerie, il devient déclarant en douane dans la société de ses oncles. Ses parents tiennent le café près du pont où se rendent tous les chauffeurs qui attendent de passer la frontière. Son père fait le taxi et Robert est autorisé à le remplacer de temps en temps. Et un jour, venant prendre une passagère à la gare de Lille, Ghesquière fils se retrouve avec Schumann : « Mon père n'aimait pas trop la conversation et la politique, alors à chaque fois, c'était moi qui me précipitais », se souvient le Cominois qui aura bientôt 70 ans.
Robert, l'oeil perçant, curieux et d'un abord très facile, devient pour tous le chauffeur de Schumann. Il passe des heures à parler politique, avec quelques moments forts comme cette année 70. Il s'agit de décider qui sera candidat à Comines entre Rubben et Schoonheere. Les tractations se déroulent dans le salon des Ghesquière, rue Neuve. « Schumann tirait les ficelles mais ne voulait pas être maire par manque de temps. Je lui en ai vraiment voulu », regrette encore Robert.
Comme le dira la fille de Schumann, lors d'un colloque en 2007 : « Il a passé tous les week-ends de sa vie dans le Nord ». Le point de chute demeurait la maison de Robert : « On entendait les crissements des freins de sa DS et on voyait les motards à qui Schumann demandait de le laisser et nous partions toute l'après-midi ensemble pour aller sillonner les villes du Nord. Il voulait rester incognito. »
Son amitié avec Schumann, Robert ne se l'explique pas. Il loue la simplicité, l'intelligence, l'écoute de celui qu'il n'a jamais réussi à tutoyer.
L'association Schumann propose une conférence sur le MRP dans le Nord, par Bruno Béthouart, le samedi 27 février, à 15 h, aux Archives municipales.
(Archives, VdN, 14/2/2010).