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Publication relative à l'histoire de la ville d'Halluin 59250. Regard sur le passé et le présent.

Un cinéphile halluinois sur les écrans du Festival de Cannes 1993.




Pour la deuxième année consécutive, Daniel Delafosse a eu l’occasion  d’assister au festival international du film à Cannes, muni de la carte d’accréditation qui lui donna la possibilité d’assister aux différentes manifestations.

 

Si l’an passé, il nous adressa ses impressions sur la sensation suprême de gravir « les fameuses » marches du Palais des festivals lors de trois soirées en sélection officielle, ainsi que les à-côtés du « festival champagne », pour cette 46ème édition, il nous fait découvrir le véritable itinéraire des « fous du cinoche », qui en dehors des trente films de la sélection officielle, assistent dès 8 h 45 le matin jusqu’à minuit aux projections des sections parallèles qui se décomposent ainsi :

 

« La quinzaine des réalisateurs » c’est le point de rencontre entre les réalisateurs étrangers dont la renommée n’a pas encore dépassé les frontières de leur pays, « Cinémas en France » reflète les tendances du jeune cinéma d’auteur et confirme des œuvres personnelles, « La semaine internationale de la critique » qui a pour but de révéler un jeune auteur et son premier long-métrage.

 

C’est cette dernière section que Daniel Delafosse a suivi plus particulièrement, puisqu’il a pu se voir sur les écrans cannois, en qualité de figurant dans le film d’Edwin Baily, « Faut-il aimer Mathilde ? ». Il a bien voulu nous raconter son séjour à Cannes…

 

Sans strass ni paillettes

 

« L’objectif de la semaine internationale de la critique qui atteint son 32ème anniversaire, est de sélectionner et de révéler au public des œuvres qui, sans cette intervention, resteraient de côté. Cela est fait sans tapage médiatique, sans strass ni paillettes et avec le seul souci de promouvoir, si peu que ce soit, le cinéma.

 

Cette tâche passe souvent inaperçue dans le tohu-bohu cannois, mais parfois l’inattendu, voire le chef -d’œuvre arrive. Rappelons seulement : « Mourir à trente ans », « Outre-Mer » ou « C’est arrivé près de chez vous » le film belge de Rémy Belvaux avec Benoît Poelvoorde, qui obtint en 1992 trois prix à Cannes, dont le prix international de la critique et qui connut un succès certain auprès du public, dans plusieurs pays notamment en Belgique et en France.

 

Lors de ce festival, la sélection de la critique proposait sept films venus de France, du Canada, du Mexique, de l’Italie et des U.S.A.. Dans ce panel, on y parle d’amour, de crimes, d’immigration, d’invention scientifique, de séparation et de mort. C’est la France qui a ouvert le bal, le vendredi 14 mai à 11 h. en présence de la presse internationale, avec le film « Faut-il aimer Mathilde ? » du cinéaste Edwin Baily, natif de Calais.

 

La scène du restaurant

 

Les habitants de la vallée de la Lys se rappellent que ce long-métrage fut tourné en septembre et octobre 1992 dans la région du Nord et notamment à Armentières, Comines, Halluin et Linselles.

 

Ce film raconte l’histoire d’une ouvrière textile Mathilde qui, choquée et traumatisée par un accident de travail, plonge dans la déprime. C’est aussi l’occasion pour elle de dresser le bilan de sa vie, de ses amours, de ses espoirs, de ses déceptions.

 

Le rôle principal de Mathilde est interprété par la comédienne Dominique Blanc, qui fut notamment la boiteuse mal embouchée de « Milou en Mai » avec Michel Piccoli et la petite poule vulgaire dont l’accès de rage pulvérise Catherine Deneuve dans « Indochine » qui obtint l’oscar 1993 du meilleur film étranger.

 

C’est dans la scène du restaurant chinois à Armentières que Daniel Delafosse a eu le grand plaisir de se voir pour la première fois sur un grand écran comme simple figurant, au côté de la comédienne française la plus singulière (un visage rétro, des yeux surdimensionnés, un physique à la Betty Boop intello) voire la plus douée du cinéma contemporain.

 

 Pour les  quatre à cinq minutes de présence, je me souviens des moments du tournage : il faudra trois heures et sept à huit reprises pour que cette scène soit définitivement mise en boîte ; Je tiens le rôle d’un consommateur, avec ma partenaire de table, en l’occurrence ma propre nièce Anne-France Langhendries. 

 

Le couple que nous formions se trouvait juste à côté de la table où se tenaient uniquement Dominique Blanc et André Marcon, les acteurs principaux du film, sans oublier les autres comédiens : Paul Crauchet, Anne-Marie Cappelier, Florence Masure, Marc Duret, Jacques Bonnafé et la Tourquennoise Jenny Clève.

 

Même si la figuration n’était qu’une simple présence à table, lors d’un repas sans aucun dialogue personnel, il n’empêche que je reconnais avoir eu un tract certain, car l’attitude qui était demandée par le réalisateur réclamait une grande attention et concentration, afin de jouer le plus naturellement possible. 

 

Après la projection officielle et ce baptême du feu, j’étais ravi du résultat et ayant pris goût à cette nouvelle expérience, je serais très tenté par une nouvelle figuration, si l’occasion se présentait à nouveau. Aussi je retrouvais avec plaisir plusieurs membres de l’équipe du tournage présents à Cannes, en compagnie du metteur en scène Edwin Baily.

 

Dans ce film, les cinéphiles de la région pourront reconnaître les scènes tournées dans une usine de Linselles, dans les cafés de l’Union et le relais de l’Europe à Halluin, sur le parking du poste de Reckem, ainsi que la place de Comines (Nord).

 

Il faut noter que plusieurs scènes (notamment celle qui s’est passée au CHR de Lille et avec  l’halluinoise Aurore Machado à sa grande déception) n’apparaissent pas dans le film. A cela le cinéaste répond : « Qu’il était dans l’obligation au montage, de resserrer l’histoire, afin de ne pas dépasser le temps imparti et les finances ; le budget du film atteignant 11.600.000 F ».

 

Même si cette œuvre n’a pas obtenu de prix, les échos de la presse parisienne et étrangère sont excellents et relatent parfaitement l’atmosphère.

 

 Pour Le Figaro, Dominique Blanc est magique dans ce rôle tout en élans et en dérapages. Sa présence donne quelque chose d’enchanté à cette petite ville du Nord, justement dépeinte par un cinéaste de la région. Edwin Baily signe là un premier film attachant, malgré quelques longueurs et qui porte la marque d’une vraie personnalité. Le cinéaste a laissé parler son cœur, aimé ses interprètes et sans doute ravivé des souvenirs d’enfance et feuilleté l’album de famille ».

 

Pour Libération, Dominique Blanc confirme tout ce qu’elle sait faire. Elle a du chien, elle convoque et congédie son entourage avec entrain, maintenant l’impatience de son personnage ».

 

Signalons au passage  que ce film a obtenu  le prix de la Fondation Gan pour le cinéma 1992 et qu’il sortira à Paris et dans les salles de province en septembre, octobre 93.  Quant à Dominique Blanc elle revient au théâtre à la rentrée dans Woyzeck de Büchner par Jean-Pierre Vincent avec Daniel Auteuil.

 

Côté cinéma, Dominique Blanc vient de commencer deux films qu’elle mène de front dans  « En attendant les barbares »  où elle joue une jeune femme élevée en France avec un oncle albanais. Et, parallèlement, elle vient de commencer le tournage de « La reine Margot » de  Patrice Chéreau, produit par Claude Berri, dans le rôle d’Henriette la duchesse de Nevers, la meilleure amie de Margot jouée par Isabelle Adjani. 

 

Liz Taylor et Sylvester Stallone

 

Je ne peux terminer ce second rendez-vous avec la plus grande manifestation mondiale du cinéma, sans avoir eu un coup de cœur pour la journée extraordinaire du jeudi 20 mai, où l’apparition, en haut des marches du Palais, de Liz Taylor et de Sylvester Stallone a chaviré de bonheur La Croisette, devant une foule record et a fait « le » tabac de ce 46ème festival

 

Pour apercevoir l’inoubliable Cléopâtre Elisabeth Taylor, le dernier mythe vivant du cinéma mondial avec Marlon Brando, l’inlassable battante pour la lutte contre le Sida, cela vaut bien dix heures d’attente au bas des marches, afin de graver à jamais les images dans ma mémoire de cinéphile.

 

Je conclus, enfin, en tirant un grand coup de chapeau à Sylvester Stallone, alias Rocky et Rambo, qui présentait à Cannes, hors compétition, son dernier film « Cliffhanger » ; il provoqua le délire dans la foule quand il se dirigea vers elle à plusieurs reprises, pour serrer des mains, biser des dames, prendre des bambins dans les bras, en jouant le jeu de la star avec un professionnalisme souriant, dont feraient bien de s’inspirer certains acteurs français, qui croiraient déchoir en accordant un autographe ou rien qu’un geste amical.

 

Le public ne s’est pas trompé et a fait à Sylvester Stallone une ovation plus que méritée, que personne à Cannes n’est près d’oublier ».

 

… Et Daniel Delafosse sans doute encore moins qu’un autre…

 

 

(Archives Daniel Delafosse, Mai 1993).

LIENS :  Au Café de l'Union comme sur un plateau, Silence ! On tourne.

Le Festival de Cannes... En 1992, sur la Croisette, un Halluinois fou de cinéma.

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