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Publication relative à l'histoire de la ville d'Halluin 59250. Regard sur le passé et le présent.

La disparition de l'Abbé Paul Parent... ou toute une vie de prêtrise.



 

En cette année 2008, l’ancien clergé halluinois est particulièrement touché ; après le décès des abbés Bernard Chevaucherie et Serge Verscheure, nous apprenons la disparition à Lille ce samedi 31 mai 2008 de l’abbé Paul Parent âgé de 93 ans.

 

Après sa retraite officielle en 1990, à l’âge de 75 ans,  il a continué son apostolat à Halluin tant que l’ont permis ses forces déclinantes.

 

Il célébrait régulièrement la messe au Val de Lys d'Halluin et visitait les malades à leur domicile pour leur porter la communion. En 2004, son état de santé l’a contraint à rejoindre la maison de retraite St Jean, de la rue des Stations à Lille.


On l'y a connu lucide sur sa fragilité, attentif et compatissant envers ses compagnons, d'humeur égale envers quiconque. 
  

En raison de son attachement à sa commune, il a demandé à ce que ses funérailles aient lieu à Halluin.

 

La Messe de Funérailles se déroulera en l’église Saint-Hilaire à Halluin, le jeudi 5 juin 2008 à 10 h 45, suivie de l’inhumation dans le caveau des doyens, curés et prêtres d’Halluin.



 

Né le 3 avril 1915 à Comines, l’Abbé Paul Parent a grandi à Halluin, où sa famille est venue habiter quand il était un bambin de quatre ans.

 

Un déménagement survenu au retour de captivité de son père, qui a fait du futur prêtre un petit Halluinois. A l’âge de 70 ans, il a retrouvé la ville de son enfance, où il a été envoyé en tant que prêtre auxiliaire.

 

Dix ans après, il est toujours en activité et, devenu prêtre résident, il a la certitude d’y finir sa vie et sa carrière sacerdotale. Une échéance qu’il envisage avec beaucoup de sérénité. Sérénité dont s’inspire également son jugement sur l’Eglise et l’évolution de la société.

 

En 1996, la nouvelle paroisse Notre-Dame de la Lys, qui regroupe en une seule les trois existantes précédemment à Halluin, est placée sous la responsabilité de l’abbé Motte. A ses côtés, un prêtre auxiliaire, Jean Deflandre, et un prêtre résident, Paul Parent.

 

« C’est une lourde charge car, en plus de la paroisse d’Halluin, il est responsable de tous les curés de Roncq, Bousbecque, Neuville, Linselles… Croyez-moi, il est plus facile d’obéir que de commander ».

 

Entré à l’âge de 12 ans au séminaire d’Hazebrouck, où se rendaient les jeunes Halluinois qui se destinaient à la vie religieuse, Paul Parent partage cette vocation avec sa sœur. « Elle est partie au couvent en 1938 », se souvient-il.

 

Paul Parent a dû attendre de longues années avant de devenir prêtre, seconde guerre mondiale oblige. Durant le conflit, on le fait travailler comme ouvrier métallurgiste, puis comme magasinier. 

 

Quand il évoquait les difficultés de ce temps, il se souvenait aussi de ses patrons, des gens bienveillants qui avaient un fils soldat sur le front. 


« J’ai été soldat, puis prisonnier et je n’ai été ordonné qu’à l’âge de 31 ans, en 1946,
 explique aujourd’hui l’abbé. J’ai ensuite été pendant six ans vicaire à Roncq Blanc-Four ».

 

En 1952, il rejoint la paroisse Notre-Dame de Lourdes, dans le quartier des Phalempins à Tourcoing. Il y restera jusqu’en 1964. Il est alors envoyé dans la région d’Hazebrouck, à La Motte aux Bois, dont il sera le curé jusqu’en 1985.

 

« On m’a alors dit de repartir à Halluin », lance-t-il, en acceptant de considérer cette ultime mission comme un « retour aux sources ».

 

Paul Parent a longtemps habité dans les maisons vicariales de la place de l’abbé Bonpain.

 

« Elles ont été rachetées par la ville afin de pouvoir aménager à la place un chemin piétonnier. J’ai donc été relogé en août 92 et j’habite désormais à la résidence Jean Jaurès », explique-t-il avec simplicité.

 

Entre les repas de midi pris chez l’abbé Motte, les messes dominicales et les enterrements à célébrer, il ne connaît pas vraiment la signification du mot « retraite ».

 

Et en tirer d’ailleurs une certaine fierté : « ce n’est pas si courant des prêtres encore actifs à 80 ans ».

 

Cinquante années après son ordination, quel regard porte-t-il sur l’Eglise, dont l’audience, dans un monde en plein bouleversement, n’est plus celle de jadis ?

 

« La société a évolué à toute vitesse et l’Eglise essaye d’être de plus en plus ouverte au monde. Mais pour nous, prêtres âgés, cette évolution est difficile », reconnaît-il.

 

Voire… L’abbé Parent ne mâche pas ses mots quand il s’agit de dénoncer l’influence du matérialisme, et se souvient avec une certaine émotion d’ « Halluin la Rouge ».

 

Halluin était rouge « parce que les ouvriers étaient mécontents et exploités ». « Aujourd’hui encore, ajoute-t-il. Mais c’étaient des braves gens et les églises étaient pleines.  Maintenant, avec le confort et le matérialisme ambiant, elles se vident.. On ne peut vraiment plus dire que les gens soient pratiquants. Il ne reste que quatre grands « pôles » : le baptême, la communion pour faire la fête, le mariage pour le faste et le « tralala », puis l’enterrement ».

 

« Avant, précise Paul Parent, personne n’aurait manqué une messe. Dieu nous a néanmoins créés libre et il faut accepter les choses comme elles sont. C’est aussi le problème des guerres, du mal : les gens ne s’aiment pas suffisamment, mais il ne faut pas s’en prendre à Dieu. Il n’est pas fautif ».

 

Une foi inébranlable qui s’accompagne d’une modestie à toute épreuve : « J’essaye seulement de faire le mieux possible mon travail de prêtre », conclut-il. En 1996 comme il y a cinquante ans…

 

Le dimanche 28 avril 1996, l’abbé Paul Parent a été mis à l’honneur à l’occasion de ses cinquante ans de sacerdose. La journée mondiale de prière pour les vocations, le quatrième dimanche de Pâques, a permis aux nombreux Halluinois de le fêter.

 

Paul Parent avait célébré sa première messe en 1946, à l’église Saint-Hilaire. L’Eglise l’a ensuite mis au service d’autres paroisses, avant qu’il ne revienne à Halluin, en 1985.

 

L’abbé Motte a évoqué cet anniversaire au nom de toute la communauté chrétienne halluinoise en offrant à l’abbé Parent une étole verte qui lui servira à célébrer les messes ordinaires du dimanche.

 

Au cours du vin d’honneur servi à la fin de la messe, l’abbé Parent a pu entendre une chanson écrite pour lui par les prêtres de la paroisse. Une chanson pleine d’humour reprise en chœur par tous les paroissiens.

 

Chacun a tenu à féliciter personnellement l’abbé Parent, qui a trouvé cette cérémonie informelle « parfaite ».

 

 

(Archives et synthèse D.D., Mai 1996).  

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