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Publication relative à l'histoire de la ville d'Halluin 59250. Regard sur le passé et le présent.

La Guerre 1914 - 1918 - Halluin (19) Etienne Danset, un Halluinois "Mort pour la France" au Champ d'Honneur.




Le 11 novembre 1918 à 11 h, on sonna le cessez-le-feu, la guerre était terminée. L’Europe était exsangue : les pertes militaires mondiales pour ne parler que de celles-ci s’élevaient à plus de 9 millions. Les poilus de 14-18 sont tous, aujourd’hui, disparus, mais la mémoire de leur sacrifice doit rester intacte.

 

A l’occasion du 90ème anniversaire de l’Armistice, le 11 novembre prochain, j’ai voulu rendre un hommage à tous ceux qui ont vécu la plus terrible guerre de notre Histoire, et qui ont sacrifié leur vie pour notre liberté.

 

Voici donc le témoignage paru dans le « Bulletin Halluinois » du 5 avril 1918, qui relate les principaux faits de guerre de mon grand-père maternel  Etienne Eugène Danset caporal-infirmier au 365e Régiment d’infanterie :

 

« Il est un de ces enfants d’Halluin qui laisseront le plus profond regret dans le cœur de ceux qui les ont connus. Qui pourra dire les actes héroïques de dévouement qu’il a accompli pour sauver les blessés exposés à la mort, parfois à très peu de distance des lignes ennemies ! Il suffit de lire les quatre citations dont il fut l’objet pour comprendre en quelle haute estime le tenaient ces chefs militaires ».

 

Ordre du Régiment :

 

« Le 2 décembre 1915 à Maucourt s’est porté volontairement en plein jour et au mépris de tout danger avec trois camarades pour relever le corps d’un sergent tué à environ 100 mètres des lignes ennemies ».

 

Ordre de la Brigade :

 

« Le 8 août 1916 : s’est dépensé sans compter pendant toutes les journées de combat en ramenant les blessés de la compagnie, et ceux des compagnies voisines sous un violent bombardement d’artillerie. En outre s’est employé avec le plus grand dévouement à enterrer tous les morts de la compagnie ».

 

Ordre de la Division :

 

« Sous un bombardement violent, à deux reprises différentes, les 15 et 20 mai 1917 s’est porté volontairement au secours de camarades d’unités voisines, donnant l’exemple d’un grand dévouement ».

 

 Il y eut d’autres souffrances qu’il essaya de calmer : ce furent celles des prisonniers. Il chercha par tous les moyens à rendre moins amères les heures parfois si pénibles de leur captivité.

 

Depuis plus de trois ans, Etienne Danset souffrait d’être séparé des siens, détenus par les Allemands, et lorsque de loin en loin, on lui remettait quelques mots de sa famille, surtout de l’épouse et de la petite fille prénommée Marie-Antoinette, qu’il désirait tant revoir, sa joie était indicible.

 

Hélas ! Il n’aura plus l’occasion d’embrasser ceux qui lui étaient chers, puisque la mort est venue l’enlever presque au moment où ils arrivaient en France Libre !

 

En effet, le 5 novembre 1917, frappé par un éclat de torpille, l’Halluinois Etienne Danset tombait glorieusement au Champ d’Honneur au Téton (Champagne) à l’âge de 33 ans.

Il est décédé au quartier du Col, entre le casque et le mont titon (Marne), à la suite de blessures à la face, à l’abdomen et aux membres par éclats d’obus.

 

Décoré de la Croix de Guerre, et en réponse à la demande de Médaille Militaire faite pour lui, l’Ordre de la Division en date du 15 novembre 1917 concluait par ces mots :

 

« Etienne Danset Caporal Infirmier d’Elite. Bel exemple de courage et de mépris du danger. Depuis le début de la campagne, s’est prodigué sans compter pour les malades, les blessés et les morts de son bataillon. Mort pour la France le 5 novembre 1917 ».

 

Orpheline à trois ans, sa fille unique la petite Marie-Antoinette devait perdre également sa maman un an plus tard.

 

Pour l’anecdote, cet enfant qui subit aussi tragiquement les conséquences de cette guerre, épousait à l’âge de trente-trois ans, un « miraculé » de Verdun Henri-France Delafosse, veuf avec douze enfants, et lui donna huit autres enfants.

 

Aujourd’hui, Marie-Antoinette Danset, Pupille de la Nation, âgée de 94 ans, peut s’enorgueillir d’être entourée d’une nombreuse famille qui compte près de 190 enfants et petits-enfants.


 

Mais l’histoire familiale ne s’arrête pas là…

 

Ma mère, Marie-Antoinette née Danset, n’ayant jamais eu connaissance du lieu exact où était inhumé son père Etienne, j’entrepris, en 1998, des recherches auprès de différents services locaux, départementaux et nationaux notamment le Ministère des Anciens combattants.

 

Après plusieurs mois d’enquête et de regroupement, j’ai réussi à connaître l’endroit précis de la sépulture de mon grand-père maternel.

 

Les obstacles furent réels pour y parvenir, car trois difficultés majeures étaient la cause de recherches longues et infructueuses :

 

La 1ère résultait qu’au service des archives militaires de la ville de Metz, mon grand-père était répertorié à DAUSET Eugène ! (Eugène étant son deuxième prénom d’état-civil).

 

Après plusieurs mois d’investigations, j’apprenais, qu’à l’époque, le deuxième prénom d’un militaire était parfois employé et indiqué sur les documents officiels… Le second obstacle concernait le nom : En effet, il n’était pas rare d’avoir des fautes de transcription manuelle ou dactylographiée… pour notre nom de famille le N de DANSET était confondu avec un U !

 

Quant à la 3ème difficulté, les archives indiquaient la date du décès au 6 novembre ! au lieu du 5 novembre 1917.

 

Ces trois erreurs étant résolues, j’avais la confirmation que la tombe du grand-père se trouvait à la Nécropole Nationale de Mourmelon-le-Petit (Marne).

 

Le 21 novembre 1998, soit 80 ans après l’Armistice, nous étions quelques enfants pour accompagner notre mère (Marie-Antoinette née Danset), qui découvrait, pour la première fois, la sépulture de son père !

 

Nous pouvions constater que sur la croix en pierre blanche, une plaque en métal indiquait les mentions suivantes :

 

DAUSET Etienne

Caporal au 365e R.I.

MORT pour la FRANCE

6 – 11 – 17

 

En cette superbe journée d’automne, le ciel était d’un parfait bleu azur, et le soleil reflétait ses rayons sur les milliers de croix, parfaitement alignées, entre plusieurs mâts portant le drapeau tricolore.

 

A l’âge de 84 ans, celle qui se trouvait Pupille de la Nation à 3 ans, pouvait enfin se recueillir sur la tombe de son père, décédé 81 ans avant !

 

Chacun peut imaginer l’émotion et le recueillement…  lors de cette journée inoubliable qui restera gravée dans la mémoire familiale ! 

 

 

                                                                                          Daniel DELAFOSSE



Après cette journée inoubliable du 21 novembre 1998, dix ans après, jour pour jour, Marie-Antoinette Danset veuve de Henri-France Delafosse décédait le samedi 22 novembre 2008.

 

(Archives personnelles D.D.)

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G
Bonjour,auriez vous des photos de soldats "morts pour la France" + renseignements pour afficher sur mon blog "Mémoires"merci d'avancecordialementBernard Günther
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