Le jeudi 2 Février 1989, Halluin a perdu l’un de ses serviteurs les plus dévoués, les plus sympathiques, les plus généreux. Alors que tout laissait prévoir un rétablissement, la santé de Maurice Ducastel, ce « gaillard de 87 ans, a subitement décliné alors qu’une place lui était réservée, à lui et à son épouse Alice également hospitalisée, dans une paisible maison de retraite.
Quelques alertes les derniers mois nous avaient obligés à imaginer le pire, mais à chaque fois, il revenait, appuyé sur sa canne certes mais l’œil toujours aussi vif, le verbe toujours aussi chaleureux. Et voilà qu’il est parvenu au bout de la route ; c’était à l’institution Saint Joseph de Roubaix où il avait été transporté, quelques jours auparavant, épuisé par la maladie.
Quel homme ! Quel personnage ! Quel tempérament ! Quand il fêta ses 80 berges, en compagnie de ses nombreux amis, c’était le plus jeune des Halluinois qui enfourchait le vélo d’appartement, offert pour démontrer qu’il avait gardé cette vitalité espiègle de gamin qu’il fut au début du siècle.
« Maurice » comme de très nombreux halluinois l’appelaient affectueusement mais tout aussi respectueusement, avait alors réuni dans la salle qui portait son nom : « Ducastel », près de l’abattoir, une foule de jeunes et de moins jeunes qui enviaient cette personnalité attachante d’homme de cœur, profondément humaniste et à l’écoute de tous.
Qui dans la commune ne connaissait pas Maurice Ducastel ?
Rien de ce qui se passait à Halluin ne lui échappait, et il était le premier à encourager les initiatives associatives. Celles-ci savaient combien elles lui devaient. Sa présence, ses encouragements (moraux et matériels) leur permettaient régulièrement de repartir de l’avant avec un moral tout neuf, un moral qu’à lui seul Maurice Ducastel symbolisait à merveille.
Et ce n’est pas un hasard s’il cumula des présidences et présidences d’honneur à l’unanime satisfaction. Effectivement, Maurice Ducastel était un grand bonhomme, une « figure » comme on dit à Halluin.
Aussi, il était de toutes les fêtes et de tous les enterrements aussi. ; et s’il avait pu encore le dire, il aurait conseillé à chacun d’entre nous de prendre la vie à bras le corps, de lutter pour qu’elle soit meilleure encore et d’en faire partager les joies.
Des peines, son universalité en fera l’arrière-plan d’un tableau de Bruegel avec son paysage et ses bêtes. Car « Maurice » était aussi un homme de campagne qui lui valut en matière professionnelle de se voir décerner la rosette d’Officier du mérite agricole.
Plus qu’efficace, dans le domaine de la viande, à la tête de sa société de la rue Gabriel Péri, c’était une sommité dans ce domaine. Ce qui lui valait d’être connu et apprécié en Flandre, en Artois, en Hainaut, et en Picardie. Les trophées et distinctions qui tapissaient son petit pavillon près de l’abattoir en attestaient.
Hélas, cet abattoir fut condamné ; ce fut l’un des drames de sa vie.
Avec la disparition de Maurice Ducastel, ce grand monsieur, c’était une page de l’histoire d’Halluin qui était tournée, et un deuil aussi pour beaucoup d’associations.
Sa carte de visite était impressionnante, révélatrice de son influence, distinctions multiples qui lui furent décernées, encore que modeste, il ne courrait pas après.
Nous rappellerons simplement qu’il succéda à son grand ami Hildevert Wancquet à la présidence de l’U.H. Football. Président actif durant de longues années de l’Amicale des sous-officiers, brigadiers et caporaux, « sa société », il en était devenu président d’honneur en 1986. Vice-président des J3-48 et président d’honneur des mutilés de guerre, du Coin de terre, de la gymnastique, et depuis vingt ans du comité des allumoirs.
Sans oublier vétéran de la Lyre et du syndicat agricole, Maurice Ducastel avait les pieds partout, et le bon pied de celui qui l’amenait à travers noces et banquets, bals et soirées, à dispenser sa verve, son humour, sa générosité.
Notre halluinois avait vu ses qualités humaines récompensées à maintes reprise : chevalier du Mérite social, grande médaille d’honneur de la ville d’Halluin, Commandeur du Mérite humanitaire et du dévouement, médaillé des Amitiés Franco-Belges.
Toutes ces récompenses et distinctions résumaient parfaitement cette vie bien remplie.
Maurice Ducastel repose au cimetière d’Halluin (allée centrale entrée route de Neuville).
(Archives D.D., Presse).
LIEN : L'Industrie et l'Abattoir d'Halluin en 1970...