Le samedi 29 novembre 2008, en l’église Saint-Hilaire à Halluin :
Mot d’Accueil par son fils Daniel :
A toi, et pour toi Maman,
Dès sa plus tendre enfance, la mention « Pupille de la Nation » en marge de son acte de naissance, expliquera, par la suite, tout le sens de sa vie.
En effet, à l’âge de trois ans, Maman était une victime des conséquences de la Première Guerre mondiale ; cette guerre de 14-18 qui enleva à son affection son glorieux père tombé au Champ d’honneur le 5 novembre 1917. Un an plus tard, Maman était privée des caresses et des douceurs maternelles, devenant orpheline, pour la seconde fois, sans avoir revu sa mère depuis plusieurs mois !
Elle n’a que 6 ans, à la disparition de son dernier grand-parent et, si effectivement elle effleura trop tôt les difficultés de la vie, pour en boire bien plus le calice d’amertume qu’en goûter les joies vraiment sincères, elle a pu alors compter sur le réconfort et la tendresse de ses deux tantes, Jeanne et Germaine Tierrie.
Par la suite, les anciens halluinois se souviennent de ces années passées au café de l’Entraide siège des colombophiles, où son rendement et sa capacité inépuisables au travail forçaient le respect et l’admiration de tous.
En 1939, elle a 25 ans quand elle rentre au service de M. et Mme Jean Sion Defretin et leurs enfants. Ce fut 8 années de bonheur partagé au sein de cette honorable famille halluinoise, à qui elle dédia une éternelle reconnaissance.
Durant cette période douloureuse de la guerre, elle consacra également tous ses loisirs de jeune fille à la cause de l’association halluinoise des anciens combattants, de celle des mutilés de guerre, de l’association des Veuves et Orphelins de Guerre, ainsi qu’à la Présidence du Groupement d’Entr’aide aux combattants et prisonniers intitulé « Les Madelons des Flandres ».
Pour toutes ces raisons, Maman était très attachée au drapeau national et aux valeurs qu’il représente. Parfois, en toute discrétion, elle faisait déposer une gerbe au Monument aux Morts d’Halluin.
L’attachement et le dévouement qu’elle porta aux anciens compagnons d’armes de son Père, mais aussi, durant plus de trente ans ses fonctions d’animatrice dynamique au sein de l’association halluinoise des familles nombreuses, et particulièrement la Bourse aux Vêtements, ainsi que l’aide et le soutien apportés au Secours catholique ; toutes ces initiatives et actions n’étaient-elles pas les preuves les plus convaincantes d’un cœur généreux, et d’une âme sans pareille.
Mais au-dessus de tout cela, le fait d’avoir à 33 ans, consenti d’unir sa vie, à celle d’un veuf Henri-France Delafosse, mutilé de guerre, de 20 ans son aîné, acceptant par la même, la charge d’un foyer de douze personnes, ne nous semble-t-il pas le comble de l’abnégation, la limite au dévouement humain, et pour le comprendre, nous serions tentés de croire, que la Providence dans ses impénétrables desseins lui réservait ce rôle sublime…
Oui, pour nos parents, l’amour ne faisait pas de choix. Il adhère, il accepte, il dit « oui » à l’autre, à la vie, aux évènements. Dieu seul sait, au prix de quelles fatigues et de quels sacrifices. Mais en eux, la notion du devoir l’emportait sur toute autre considération.
Tout comme Rose Canar, sa première épouse que papa avait tant pleuré, Maman se consacra, corps et âme, à sa nouvelle famille. Son amour pour les enfants ne tarde pas à faire d’elle une véritable mère de famille nombreuse, puisque huit autres enfants viendront enrichir son foyer.
Nous savions que les blessures physiques de papa l’obligeaient à vivre et à cohabiter chaque jour avec le souvenir de la guerre, quant à maman, elle supporta le terrible manque, vécu si jeune, de la perte de ses proches.
Toute leur vie, nos parents avaient souffert « des autres », mais ils n’en voulaient à personne, car la guerre n’est pas conséquence de l’addition des haines, mais du manque de respect, de partage et d’amour.
Depuis septembre 2007, un accident vasculaire cérébral avait condamné Maman définitivement au lit. Ne pouvant plus s’exprimer par la voix, mais l’esprit intact, il ne lui restait seulement pour communiquer que l’expression des yeux, et parfois même un sourire encourageant, lorsque la douleur était un peu plus supportable.
Pendant ces quatorze mois d’immobilité, sans jamais se plaindre et jusqu’à l’extrême limite de ses forces, elle assuma tous ces efforts inouïs, pour que nous comprenions qu’elle restait attentive à notre écoute et qu’elle demeurait près de nous.
Toute sa vie, elle était un exemple de courage, de volonté de dévouement et de simplicité. Malgré les épreuves, elle n’a cessé de semer amour, partage et joie de vivre autour d’elle, en s’oubliant toujours pour les autres.
Mais avant tout, Maman avait foi en Dieu Tout Puissant. Qu’elle puisse désormais envoyer cette clarté à toutes celles et ceux qui lui sont chers.
Aujourd’hui, en cette église de Saint-Hilaire, sa toute dernière demeure, elle laisse à jamais une petite parcelle de son cœur.
DERNIER ADIEU
Lu par Daniel D. à la fin de la cérémonie religieuse :
Maman faisait partie de ces gens qui sont pareils aux vitraux :
« Ceux-ci brillent tant qu’il fait soleil, mais quand vient l’obscurité leur beauté continue d’apparaître, car ils sont illuminés de l’intérieur ».
Depuis son placement en Maison de retraite, il y a cinq ans, elle a toujours eu la certitude, que la priorité essentielle partagée par sa famille, était uniquement son bien-être, et une fin de vie la plus agréable et la plus sereine possible.
Mieux que quiconque, Maman savait l’amour que pouvaient lui manifester, chacun à sa façon, ses enfants, petits-enfants, et arrière-petits-enfants, sans aucune exception.
Aujourd’hui, plus que jamais, puissiez-vous, très chers parents, là où vous êtes, nous aider à préserver l’amour familial, ce que vous aviez si parfaitement réussis.
Dans l’espoir qu’avec vous, et tous les défunts de notre famille, nous soyons tous réunis un jour dans un monde meilleur.
(...)
« Une étoile est passée dans notre vie, alors ne soyons pas triste de la voir partir, mais réjouissons-nous plutôt de l’avoir connue ! ».
A toi, Maman, nous te disons une dernière fois Merci… A Notre Seigneur et Au revoir !
L I E N S : Son histoire et Photos :
La Guerre 1914 - 1918 - Halluin (19) Etienne Danset, un Halluinois "Mort pour la France" au Champ d'Honneur.
La Guerre 1914 - 1918 - Halluin (27) Chanson : Quand Madelon... "La Madelon".
La Guerre 1914 - 1918 - Halluin (28) Chanson : "La Véritable Madelon".
La Guerre 1914 - 1918 - Halluin (29) "La Madelon" s'en est allée.
La Guerre 1939 - 1945 - Halluin (34) Il y a 60 ans, en 1947, la création du groupe : "Les Madelons de Flandre".
Marie-Antoinette Delafosse Danset nous a quittés.
L'Halluinois Henri-France Delafosse, un homme de "Devoir"
La Guerre 1914 - 1918 - Halluin (70) Des Tranchées de 14-18, à l'Etat-Major du Maréchal Foch.
En 1936, la Famille Delafosse-Canar reçoit le 1er Prix Cognac-Jay, attribué par l'Institut de France.
La Guerre 1914 - 1918 - Halluin (56) L'Halluinois Henri-France Delafosse fait Chevalier de la Légion d'Honneur à titre Militaire.
La Guerre 1914 - 1918 - Halluin (60) Les Funérailles de l'ancien Poilu Halluinois Henri-France Delafosse.