… Cet œil, c’est celui de Daniel Delafosse, qui en 1993, s’est glissé parmi les grands du 7e art. Souvenirs d’une soirée inoubliable.
On se souvient qu’en 1992, le programmateur du cinéma halluinois « Le Familia » avait eu le privilège d’assister à la cérémonie des César, dans la salle de presse. Ayant vécu des moments inoubliables, parmi le gotha du cinéma français et européen, il décida de renouveler sa demande auprès de M. Georges Cravenne, le fondateur de cette grande manifestation cinématographique.
La réponse ne se fit pas attendre, et c’est avec un réel plaisir, pour la seconde année consécutive, que notre représentant du cinéma recevait la carte d’accréditation : « Laissez-passer » suprême pour accéder aux séances de photos des lauréats, ainsi qu’aux multiples interviews des radios et télévisions.
A cette occasion, il a bien voulu nous donner ses impressions, ainsi que quelques bruits glanés dans les coulisses.
« Ce lundi 8 mars 1993, pour la 18ème Nuit des César, le palais des Congrès laissait, cette fois-ci, la place au Théâtre des Champs-Elysées, avenue Montaigne, où dès 19 h 30, la foule attendait les stars, mais aussi des techniciens du cinéma qui manifestaient pour la sauvegarde de leur profession.
Je me trouvais, pour ma part, à l’intérieur de la salle de presse qui jouxte la scène où se déroule la remise des récompenses ; l’agitation était plus importante, car le nombre de professionnels représentant la presse écrite ou parlée était largement supérieur à l’an passé, ceci étant dû au plateau exceptionnel proposé des nominés.
C’est le président de la soirée Marcello Mastroianni qui arriva le premier devant une armada de photographes et caméramen. L’acteur italien le plus populaire, qui fêtera en septembre ses soixante-dix ans, reste assurément l’éternel don juan très affable et blagueur, mais dit : refuser à son âge », la moindre dédicace.
Quelques instants plus tard, dans les coulisses comme dans la salle, l’énorme émotion était sur tous les visages, lorsque toute l’équipe du film « Les nuits fauves » de Cyrill Collard (décédé trois jours avant la cérémonie) se retrouvait face aux micros, après avoir remporté quatre césar , dont celui de la meilleure première œuvre et du meilleur film 92, ce qui constitue un sacré doublé !
Pour sa bouleversante performance dans ce film, Romane Bohringer, la fille de Richard, reçut le César du meilleur espoir féminin et, malgré une tension bien compréhensible parvint entre sourires et larmes à dire :
« C’est quand même beaucoup de bonheur ! ».
Entre temps, après un superbe hommage, Jean Marais, imperturbable, toujours aussi fringant à près de quatre-vingts ans ! était tout sourire devant le césar d’honneur qui couronnait une impressionnante carrière et répondait avec sa bonne humeur coutumière aux nombreuses questions des journalistes.
Accompagné de Mmes Louis de Funès et Michèle Morgan, le réalisateur de « La grande vadrouille » Gérard Oury annonçait la sortie en août prochain, d’une délirante comédie « La soif de l’or » une fable sur l’avarice ; quant à sa fille la scénariste à succès Danièle Thompson, elle annonçait enfin que cette « Reine Margot » tellement attendue avec Isabelle Adjani commencerait à coup sûr le 5 mai : « Et les essayages sont presque terminés ».
Il y a un début à tout
Dans le studio, je voyais défiler, tout à tour : Pedro Almodovar le metteur en scène espagnol couronné pour le césar du meilleur film en langue étrangères « Talons aiguilles » avec son actrice fétiche Victoria Abril qui se tordait de rire en montrant ses chaussures aux multiples talons.
Gabriel Yared, césar de la musique pour le superbe film de Jean-Jacques Annaud « L’amant » ; Claude Sautet l’un de nos plus grands réalisateurs, qui dirigea Romy Schneider, Yves Montand, Michel Piccoli et les autres…, savourait le césar de la mise en scène pour « Un cœur en hiver », assurément une récompense largement méritée et unanimement appréciée.
Quant à l’acteur et comédien Claude Rich qui remportait le césar du meilleur acteur pour sa brillante performance dans le rôle de Talleyrand du film « Le souper », il se disait :
« réellement surpris par cette récompense, après pourtant une bonne soixantaine de films sans lauriers à ce jour », mais comme il l’a dit : « il y a un début à tout ».
« Mademoiselle Deneuve »
Mais la cerise sur le gâteau était véritablement la présence des trois superstars, chacune dans leur domaine : Claudia Schieffer pour la mode, Patrick Bruel pour la chanson, et bien sûr Catherine Deneuve pour le cinéma ; ce trio « roi » remportait largement la palme de l’applaudimètre.
Commençons par la ravissante Claudia Schieffer, le top modèle adulé des paparazzis, depuis ses diverses apparitions au côté du Prince Albert de Monaco. L’un des mannequins les plus célèbres du monde, en Chanel très digne, « était flattée d’être aussi célèbre, pour un soir, que les plus grandes actrices, et rêve de faire un jour du cinéma ».
Elle précédait le « Prince » charmant Patrick Bruel, cheveux gominés, qui aux cris de Patriick… et avec une jovialité débordante de naturel, était tout heureux comme un jeune débutant, de se retrouver dans une bousculade indescriptible de photographes, dont je faisais partie.
Quant à la sublime Catherine Deneuve, son apparition dans les coulisses provoqua un nouveau délire, et fut littéralement assiégée par une armée de micros et caméras.
Désignée meilleure actrice pour son rôle d’Eliane dans « Indochine » film qui triompha à cinq reprises, notre plus grande star française ne se départit, à aucun moment, de son joli sourire et confiait :
« sa joie immense de recevoir le second césar de sa carrière, après « Le dernier métro » de Truffaut en 1981 » Elle annonça : « Qu’elle avait peu de chance pour un éventuel prochain oscar » (film parlé en français) mais qu’elle sera présente, le 29 mars prochain à Hollywood, parce qu’elle est infiniment « flattée d’être en compétition avec les plus grands acteurs du monde ».
Pour ma part, je lui dois le moment le plus inoubliable de cette superbe soirée, lorsqu’elle accepta de me donner un autographe (distribué au compte-goutte), et cela après l’avoir interpellée, dès sa sortie de scène, par un respectueux « Mademoiselle Deneuve » en l’occurrence la dénomination préférée de notre star nationale ; ceci s’appelle avoir un nez « césarisé ! ».
Encore merci de tout cœur, Mademoiselle, pour le talent, la grâce, l’élégance, la spontanéité , ainsi que la grande gentillesse qui émanent de votre personnalité. Vous êtes plus que jamais la star des stars.
Dominique Blanc « L’Halluinoise »
Entre plusieurs dizaines de photos et l’enregistrement de commentaires (Marcel carné, Catherine Deneuve, Claude Rich, Gérard Oury) j’ai pu compléter une collection prestigieuse d’autographes déjà bien entamés avec : Patrick Bruel, Victoria Abril, Michèle Morgan, Jean Maria,s Frédéric Mitterrand, Claude Sautet, Maria Pacôme, Daniel Toscan du Plantier, Jean Loup Dabadie, Gabriel Yared, Danièle Thompson.
Pour conclure ce voyage à l’intérieur de la fête annuelle du cinéma français, j’adresse, à nouveau, mes bien sincères remerciements à M. Georges Cravenne, sans qui le rêve ne deviendrait pas réalité, sans oublier de féliciter la comédienne Dominique Blanc, qui remporte pour la seconde fois le césar du meilleur second rôle féminin au côté de Catherine Deneuve dans « Indochine ».
Cette nomination me fait d’autant plus plaisir, car les Halluinois se souviendront, qu’en septembre 1992, Dominique Blanc tournait plusieurs scènes à Halluin, pour le film « Faut-il aimer Mathilde ? », qui sortira sur les écrans en mai ou juin 93.
Moi-même, j’ai obtenu un rôle de simple figurant auprès de l’actrice, pour la scène du restaurant à Armentières ; comme quoi les coïncidences sont souvent surprenantes, et font partie de l’éternelle magie du cinéma ».
Pour l’amour du cinéma
On ne présente plus Daniel Delafosse, le « monsieur cinéma » halluinois. Après son reportage, il nous envoie sa profession de foi : une déclaration d’amour au grand écran en général. Et à celui d’Halluin en particulier :
« Le seul et unique but de ce reportage est de promouvoir le cinéma, mais surtout d’aider le plus possible les cinémas de petites villes comme « Le Familia » à exister, et bien souvent pour d’autres à survivre, d’où une « opération » comme les César, ou je tiens à le dire tous les frais étaient à ma charge.
Depuis trois ans, j’ai la chance de pouvoir transmettre ce formidable outil de communication qu’est le cinéma. J’espère voir concrétiser dans vos colonnes l’indispensable art qu’est le 7ème ». Dont acte.
(Archives D.D., N.E., 14/3/1993).