Après les agapes de fin d'année, c'est l'heure du bilan pour les commerçants. À Halluin, il est mi-figue, mi-raisin. La neige a joué les trouble-fêtes à quelques heures du réveillon de Noël pour certains. Mais dans l'ensemble, le commerce local veut être optimiste pour 2011.
Nouveau décor, nouvel élan chez Laissez-vous temps thé, rue de Lille. Sylvie Nezlioui et Cathy Maillez, qui ont créé leur boutique-salon de thé en mai 2008, ont le sourire. Décembre a été providentiel ou presque pour les deux sympathiques jeunes femmes. Le chiffre d'affaires a progressé de 30 % par rapport à la même période l'an dernier. « Si on avait raté ces fêtes, on se poserait de sérieuses questions pour l'avenir de la boutique », indique le duo.
L'espace dégustation a été réduit pour faire plus de place à la boutique que se partage une dizaine de créatrices de la région (bijoux, porcelaines, peintures...) Un choix concluant. « L'essai sera-t-il transformé ? C'est la grande question. Mais on veut y croire. »
La concurrence des soldes belges
Chez Lys Gaine, troisième génération de prêt-à-porter et de lingerie depuis 1946, Céline Gevaert a connu des mois de décembre plus prolifiques. On ne craquerait plus autant qu'autrefois pour une jolie toilette de réveillon : « C'est priorité aux enfants et c'est bien naturel... Mais surtout, les gens attendent les soldes. »
Et c'est là que le bât blesse pour certains commerçants : au bout de la rue, en Belgique, les soldes ont débuté lundi. À Halluin, on aimerait profiter d'une dérogation : « Nous sommes frontaliers comme les Lorrains ! » observe-t-on chez Chaussures Declercq, seul commerce où la neige a dopé les ventes cette année. De quoi aborder 2011 avec le sourire malgré la rivalité belge sur les soldes d'hiver : « Heureusement, on se rattrape sur les soldes d'été qui démarrent un peu avant la Belgique chez nous ! »
À la Maison d'or, Philippe Outtier, issu d'une famille d'horlogers depuis quatre générations, est satisfait de son bilan d'après-fêtes : « La neige a gêné beaucoup de clients. J'ai été bloqué moi-même trois heures en conduisant ma fille à La Madeleine. Ce jour-là, j'ai ouvert ma boutique à 11 h ! J'ai la chance d'avoir une clientèle fidèle », explique ce spécialiste de l'horlogerie ancienne qui, depuis son installation en 1984, compose avec la concurrence de la grande distribution et d'Internet.
Chez les métiers de bouche, la Boucherie de la Halle, ouverte depuis octobre, a passé un bon Noël mais une Saint-Sylvestre plus timide : « Le pouvoir d'achat n'était pas au rendez-vous. On s'accroche... » exprime Jean-Michel Darras, le responsable de rayon. À la boulangerie De Bruyne, qui fête son premier anniversaire, le bilan est plutôt enthousiaste : « Nous sommes dans nos objectifs, 2011 s'annonce bien », indique Céline De Bruyne. Les macarons sortis tout spécialement pour les fêtes ont rencontré un joli succès et les gérants sont heureux d'avoir participé aux festivités de Noël de l'ACAH.
Place au salon du commerce
Christine Nollet, présidente de l'Association des commerçants et artisans halluinois (ACAH), n'a pas eu d'échos désastreux de la part de ses collègues commerçants. « Il y a eu des réveillons annulés à cause de la météo dans quelques familles... Mais je n'ai pas eu plus de retour pour le moment », indique la présidente qui prépare d'arrache-pied le salon du commerce et de l'artisanat des 8, 9 et 10 avril prochains.
Un événement qui fait son grand retour à Halluin et où sont attendus entre 40 et 50 exposants. « Ce sera le grand rendez-vous de l'année 2011 », s'enthousiasme Christine Nollet qui espère pouvoir compter sur l'implication des commerçants et du public à l'instar des festivités de Noël. « Nous n'avons pas eu de chance avec la météo mais c'était franchement une belle réussite. On voulait que les enfants puissent vraiment approcher le Père Noël pour varier avec la descente du clocher et ils étaient aux anges. » Des idées pour l'année prochaine ? « Ce sera une surprise ! » promet la présidente.
Menin (B) : jusqu'à 10 000 chalands certains dimanches
La fréquentation des Baraques bat chaque année des records lors des fêtes : jusqu'à 10 000 chalands certains dimanches, selon les estimations de l'association des commerçants. L'année 2010 aurait presque éclipsé la crise. Par rapport à 2009, et malgré le gros épisode neigeux, le mois de décembre a été fructueux pour le commerce meninois.
Avec 140 échoppes réparties entre la Rijselstraat et la rue de Mouscron, l'attractivité commerciale de Menin n'est une révélation pour personne. « Les Français viennent de plus en plus nombreux. Les week-ends où nous avons eu un peu moins de monde, c'était soit à cause du temps, soit à cause des grandes surfaces qui ouvraient le dimanche. Mais 2010 a été une très bonne année », indique Dirk Hostens, le président de l'association des commerçants.
Depuis cinq ans, les enseignes historiques n'auraient aucun mal à retrouver des repreneurs. Si le projet de la place Jacques Delors fait beaucoup parler à Menin, Dirk Hostens relativise : « Je crois que nous avons le temps de voir venir ! Elle est lente, l'administration française. Le stationnement posera problème, c'est sûr. Je ne crois pas trop au parking aérien. Qui va payer ? Et les gens ne se sentiront pas en sécurité là-dedans. »
Concernant la concurrence faite aux commerces halluinois avec des soldes anticipés qui débutent timidement depuis lundi, Dirk Hostens rassure ses collègues : « Qu'ils ne s'inquiètent pas, les Belges viendront faire les soldes chez les commerçants français ! »
(Archives, N.E., 5/1/2011).