En cette année 2008, à l’occasion du 40ème anniversaire de la création de la Maison des Jeunes et de la Culture d’Halluin, je désire revenir plus en détails sur les différents parcours de M. Henri Leveugle co-fondateur de la MJC et ancien Maire d’Halluin.
Lors de la célébration de ses cinquante ans de mariage, en octobre 1998, on pouvait lire ceci dans la presse locale :
« Il est de ces personnes pour qui la modestie est une philosophie et le dévouement une seconde nature ».
Premier magistrat de la ville d’octobre 1980 à mars 1983, il était cette fois, avec sa chère épouse, l’invité privilégié d’Alexandre Faidherbe à l’occasion de ses noces d’or. Ce grand monsieur, Wattrelosien de naissance mais à jamais Halluinois de cœur, n’est autre qu’Henri Leveugle, qui il y a cinquante ans, prenait pour légitime épouse Denise Hallez, tout aussi attachée à son lieu de vie qu’est Halluin.
Né dans la cité des Berlouffes le 14 novembre 1924, Henri Leveugle a d’abord été professeur technique adjoint de janvier 1945 à avril 1947, puis technicien aux Ets Lorthiois, Leurent et Fils à Halluin de août 1947 à décembre 1963, et enfin technicien aux Ets Urgé à Comines de janvier 1964 à novembre 1982.
Son épouse Denise est née le 4 juin 1924 à Lille, a été institutrice à l’école libre Saint Maurice des Champs à Lille de 1943 à 1945, puis professeur à l’école technique Jeanne d’Arc à Tourcoing de 1945 à 1948.
Domiciliés 33, rue Anatole France, dans ce quartier du Colbras qu’ils connaissent si bien la vie, et surtout un tendre amour a offert à Henri et Denise huit enfants et pas moins de 26 petits-enfants … ce qui vaudra au maire Alexandre Faidherbe de parler, à juste titre et non sans une pointe d’humour, du « clan Leveugle ».
Et ainsi que le dit cette phrase qui orne le portail du Manoir aux Loups « La force du loup, c’est le clan ».
Autant dire donc que seule la famille proche des heureux jubilaires suffisait à emplir la salle des mariages, devenue très rapidement trop exiguë pour la cérémonie qui se voulait bien plus conviviale que protocolaire.
Comme l’a dit Alexandre Faidherbe maire : «Ils ont été des phares qui ont illuminé la ville » et non contents d’avoir une nombreuse lignée, les époux Leveugle ont également su s’entourer d’un large cercle d’amis, eux aussi venus en nombre pour honorer leur cinquante années de douce complicité.
Outre son activité professionnelle qui lui a valu la prestigieuse distinction de Meilleur Ouvrier de France, Henri Leveugle fut nommé conseiller municipal le 15 mars 1959, réélu dans l’équipe de Charles Vanoverschelde le 14 mars 1965 ; à compter du 21 mars 1971, il devenait le Premier adjoint au maire Albert Houte, qu’il seconda à ce poste pendant neuf ans.
Au conseil municipal depuis vingt-sept ans, Albert Houte atteint par la maladie depuis quelques années, se démit de ses fonctions en octobre 1980, laissant la place de maire à son inséparable premier adjoint Henri Leveugle.
Le 5 octobre 1980, Henri Leveugle, cadre textile, devenait le nouveau Maire d’Halluin jusqu’en mars 1983, où il fut battu aux élections municipales par M. Albert Desmedt ancien journaliste.
« Rigoureux et doté de cette qualité essentielle qu’est l’honnêteté, il n’a jamais mélangé les intérêts de sa commune et ses intérêts personnels » ajouta le maire Alexandre Faidherbe en octobre 1998 (celui là même qu’Henri Leveugle avait été cherché en 1971, et qui "poursuit l'aventure" secondé de son premier adjoint Régis Vanhalst).
Lors du mandat de M. Leveugle, en sa qualité de Premier Magistrat de la Ville, les principales réalisations municipales furent les suivantes :
L’inauguration en juillet 1981 de trois nouveaux courts de tennis construits en matériaux bitumeux poreux situés rue de la Lys, en remplacement des installations vétustes de la Route de Linselles.
Le 10 septembre 1981, naissait une nouvelle société musicale « L’Harmonie Municipale d’Halluin » sous la direction de M. Guy Deceuninck, et de son premier Président Marcel Vanwalleghem.
La Municipalité, emmenée par le maire Henri Leveugle et son adjoint à la culture Oscar Crombez, précisait bien sa position :
« Bien qu’incitatrice et élément catalyseur, elle ne prétendait pas tout régenter elle-même, mais voulait participer à la vie et à la gestion de la société. Elle donnerait les moyens nécessaires à sa création et à son fonctionnement. Une convention serait signée entre l’Harmonie et la Municipalité ».
Le 3 octobre 1981, Oscar Crombez Adjoint à la Culture représentait le Maire absent d’Halluin, pour l’inauguration des locaux complètement rénovés de l’ancienne M.J.C. – M.P.T.
M. Henri Leveugle maire procèdera à l’inauguration officielle le 7 novembre 1981 du nouveau siège du Conseil de Prud’Hommes, dans l’immeuble que la Municipalité a acquis au 58, rue de Lille.
C’est également en 1981 que la Municipalité, soucieuse de l’environnement de la Commune, a relancé avec la participation du Coin de Terre le concours des Maisons Fleuries.
Au cours de l’année 1981 – 1982, on assistera à un réaménagement des services municipaux au sein de la Mairie, après la création du Service « Sports, Loisirs, Culture ».
Le Maire d’Halluin Henri Leveugle devait inaugurer aussi la nouvelle école maternelle « Maria Montessori » le samedi 16 octobre 1982, en présence du Maire Honoraire Monsieur Albert Houte.
Dans son discours, Henri Leveugle rappela l’effort municipal et communautaire réalisé pour l’enseignement de 1971 à 1982 : Notamment la construction de l’école maternelle George Sand, celle de l’école Anne Frank et de l’école primaire Jean Moulin, mais aussi l’extension du C.E.S. Robert Schuman et la création du Lycée d’enseignement professionnel Saint-Exupéry sur le territoire communal.
La dernière année de mandat de M. Leveugle verra se poursuivre plusieurs dossiers à l’étude : L’opération « Texunion », « Descamps-Demeestère », lotissement « Les Magniolias » ainsi que les études d’aménagements d’espaces verts, en particulier la zone verte de 8 hectares au Colbras et le terrain de 3 hectares autour de la ferme Acquette.
Membre du comité de Gérontologie, président départemental du Comité Catholique contre la Faim et pour le Développement (CCFD), regardant au-delà de son quotidien les pays qui souffrent, Henri Leveugle et son épouse ont su toujours donner de leur temps aux plus démunis avec « cette volonté d’accueillir tous les gens de tous horizons » soulignait Alexandre Faidherbe.
Mais aussi, Henri Leveugle s’était tourné vers la jeunesse halluinoise pour qui il avait co-fondé la Maison des Jeunes et de la Culture, sous l’impulsion du maire Charles Vanoverschelde, en 1968.
Lors du trentième anniversaire de cette institution, l’ancien maire recevait la médaille de la ville des mains de M. Alexandre Faidherbe, ainsi que la médaille de bronze de la Jeunesse et des Sports.
Loin d’être en reste, son épouse Denise après avoir cessé de travailler afin d’élever ses huit enfants, s’est investie dans la ville et dans la paroisse, intéressée par la vie de toutes les associations. Elle a organisé le catéchisme au Colbras et s’est démenée pour le Comité catholique contre la faim et pour le développement (CCFD).
Depuis 1983-1984, elle a tenu le rôle de rédactrice du fonds commun et des pages locales du Journal « La vie chez nous », tâche qu’elle prit particulièrement au sérieux, en tandem avec son mari, dont elle a soutenu l’engagement militant.
A la question : Pourquoi son engagement dans le journal paroissial « La vie chez nous » ? Mme Leveugle disait notamment ceci :
« Pour dire aux gens qu’il y a toujours un espoir, même si on vit une situation douloureuse, terrible… ».
Il faut avant tout répondre aux préoccupations des gens… Il faut dire des choses profondes simplement. Pas de grands discours, mais du concret, de la solidarité en acte… »
En 2007, Mme Denise Leveugle s’en est allée à l’âge de 83 ans.
(Archives et synthèse D.D., Presse).
Hommage à l’homme politique :
ou le « Salut au vaincu » par le journaliste Philippe Martin
« Voici les résultats pour l’ensemble de la commune » : soudain le débit de voix se fait plus saccadé. Que peut-il bien ressentir, le maire sortant, au moment où au micro et devant des centaines d’Halluinois redevenus silencieux, il se doit d’annoncer sa défaite chiffrée et la victoire presque écrasante de son principal adversaire ? Qui y songeait, dimanche soir (13 mars 1983) vers 19 h 30 dans la salle du Manège, quand M. Leveugle prit la parole pour la dernière fois de la soirée ?
Bien sûr, c’est loi de la démocratie, qui veut que vainqueur ou vaincu l’élu sortant donne lecture du score obtenu par les différents candidats. Mais il est des moments où elle se fait bien dure, cette loi. Sous son masque pâle et marqué par les fatigues d’une campagne éprouvante pour les cœurs et les nerfs, malgré son sourire et son calme de façade, on sentait bien chez M. Leveugle l’expression mal contenue d’un immense désarroi.
Et on aime à penser qu’ils ont été quelques-uns à ce moment-là dans la salle même chez ceux qui ne lui avaient pas accordé leur confiance, à comprendre sinon à partager l’espace d’un instant, cette souffrance intérieure difficilement contenue.
Il s’agit ici pour quelques secondes de se placer au-dessus des passions politiques nées d’un enjeu électoral qui a fini par occulter tout le reste, y compris la qualité des hommes en présence. De se mettre dans la peau d’un homme qui, selon sa propre expression « milite depuis 35 années pour le bien-être de ses concitoyens ».
Qui depuis 1959, siège sans discontinuer au sein de l’assemblée communale, comme simple conseiller, d’abord, comme adjoint ensuite, sans jamais renier la moindre des responsabilités que peut recouvrir ce mandat local peut spectaculaire mais si utile à la communauté.
Qui au cours des trois dernières années a assumé totalement sa fonction de maire y consacrant l’essentiel de son temps et de ses capacités, allant jusqu’à devancer l’âge de la retraite afin de se rendre plus disponible.
Qui depuis quelques semaines, s’est battu corps et âme pour faire triompher l’idée qu’il croyait la meilleure, tout cela pour voir finalement 65 % des électeurs halluinois lui tourner le dos…
On nous l’a parfois reproché, « de passer souvent la photo du maire dans le journal » Etait-ce notre faute à nous, s’il était présent auprès des gens, des sociétés, des Halluinois en général ? A-t-on imaginé ce que représentait ne serait-ce que dans une vie de famille, la charge de l’élu local, en heures perdues, en kilomètres parcourus, en soirées sacrifiées ?
L’heure nous semble propice pour rendre ici hommage à un homme qui s’est battu et a été battu.
« Sans doute me suis-je trompé, sans doute ai-je mal compris ou ai-je mal été compris »
Confiait-il au soir d’un premier tour qui ne lui laissait plus guère d’espoirs. Déjà en vrai démocrate, il reconnaissait et assumait une partie des torts, puisque la majorité s’était prononcée contre lui. Certes, M. Leveugle reste élu, il siègera au sein du futur conseil, il nous l’a affirmé. Mais cette interrogation majeure, cette certitude d’avoir fait fausse route en croyant avoir choisi le bon chemin rendait encore plus poignante sa dignité courageuse de dimanche soir.
Et l’on fut gré aux partisans de M. Desmedt de ne pas forcer la note dans le domaine des applaudissements.
Les plus nettes victoires se savourent en silence. Mais ce même silence peut faire l’effet d’un baume sur les cicatrices les plus cuisantes…
Philippe Martin
(Archives, D.D., NE 15/3/1983).
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"'Espace Albert Houte" ou le 100ème Anniversaire de sa Naissance...
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Résultats des Elections Municipales d'Halluin (Nord) de 1789 à nos jours (3/4).
Résultats des Elections Municipales d'Halluin (Nord) de 1789 à nos jours (4/4 suite et fin).
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