La Grande Guerre a hélas mérité son nom. Survenue de façon quelque peu inexplicable, elle a ruiné l'Europe, qui réunissait au XIXe siècle tous les atouts de la prospérité, de la grandeur et de l'harmonie.
André Larané
Le bilan de la guerre
Avec la Grande Guerre, pour la première fois dans l'Histoire de l'humanité, des peuples entiers ont été entraînés au combat par des généraux peu soucieux du sang versé.
Le conflit a connu les excès habituels à toutes les guerres : viols et assassinats de civils. Mais il s'est signalé aussi par la disparition du code de l'honneur habituel aux guerres européennes. C'est ainsi que l'on n'a pas hésité à bombarder des ambulances et achever des blessés. Il n'a plus été question de trêves comme par le passé pour ramasser les blessés.
51 mois de guerre totale se soldent par un bilan humain catastrophique pour l'Europe et en particulier la France.
La Grande Guerre aura mobilisé un total de 65 millions d'hommes et fait plus de 9 millions de morts au combat, dont :
Pays | Victimes | Morts | Blessés |
7 650 000 | 1 700 000 | 5 950 000 | |
6 253 758 | 2 037 700 | 4 216 058 | |
5 623 800 | 1 357 800 | 4 266 000 | |
4 820 000 | 1 200 000 | 3 620 000 | |
2 998 671 | 908 371 | 2 090 300 | |
1 597 000 | 650 000 | 947 000 | |
1 178 148 | 450 000 | 728 148 | |
725 000 | 325 000 | 400 000 | |
455 706 | 335 706 | 120 000 | |
360 300 | 126 000 | 234 300 | |
239 890 | 87 500 | 152 390 | |
239 605 | 66 655 | 172 950 | |
218 501 | 59 330 | 159 171 | |
60 000 | 50 000 | 10 000 | |
58 402 | 13 716 | 44 686 | |
26 000 | 5 000 | 21 000 | |
20 973 | 7 222 | 13 751 | |
3 565 | 1 251 | 2 314 | |
1 207 | 300 | 907 | |
Totaux | 32 530 526 | 9 381 551 | 23 148 975 |
L’Empire britannique inclut le Canada, l’Australie, et l’Inde.
Terre-Neuve n’intégra la fédération canadienne qu’en 1949.
Les pertes humaines s’élèvent à 9 millions de morts et 6 millions d’invalides. La France a été le pays le plus touché, proportionnellement : 1,4 million de tués et de disparus[72], soit 10 % de la population active masculine. Le nombre moyen de tués par jour chez les soldats français est de 900 (1500 pour l’armée allemande).
(Source : Wikipedia)
Aux morts des champs de bataille s'ajoutent plus de 23 millions de blessés et de mutilés. Parmi les grands pays, la France est celui qui paie le tribut le plus élevé (3,4 morts pour 100 habitants), d'où la profusion de monuments aux morts dans ce pays plus qu'en aucun autre...
Cette saignée s’accompagne d’un déficit des naissances. La stagnation démographique française se prolonge, avec un vieillissement de la population qui ne cesse de croître qu’avec le recours à l’immigration. Cette dernière participe à la reconstruction d’un pays dont le Nord est en ruines maisons, ponts, routes, usines… On considère aussi qu’environ 500 000 soldats de tous bords sont morts après la guerre des suites de blessures de guerre ou de maladies contractées pendant la guerre.
Il est à signaler également le phénomène nouveau des gueules cassées, nom donné aux mutilés de guerre qui survécurent grâce aux progrès de la médecine tout en gardant des séquelles physiques graves, lesquelles blessures étaient le plus souvent mortelles par le passé. L’intégration de ces victimes de guerre en nombre à la société dut se faire au moyen de nouvelles lois et organismes.
Des séquelles durables
La France du nord et de l'Est, où se sont déroulées les principales batailles, est ravagée et se remet difficilement de ses ruines. Beaucoup de villages, dans toutes les régions du pays, ne vont quant à eux jamais se remettre de la mort au combat de nombre de leurs garçons et de la condamnation au célibat de nombreuses jeunes filles (les «veuves blanches»).
Les populations civiles ont été relativement peu affectées dans leur chair par la guerre. Mais 4 millions de veuves de guerre et 8 millions d'orphelins ont aussi porté, pendant de longues décennies, le deuil des disparus.
Les civils comme les combattants ont été, aussi, brutalement frappées par un mal inattendu, la grippe espagnole, dont la propagation a été facilitée par les mouvements de population et l'affaiblissement physique des individus suite aux privations de toutes sortes.
Notons que si la guerre a fait progresser l'armement, avec l'apparition des chars blindés et de l'aviation de guerre, elle a aussi eu des effets plus positifs, notamment les progrès de la chirurgie réparatrice, mise au défi de soulager les «gueules cassées» (les mutilés du visage, au nombre de 15.000 en France).
L'incorporation des hommes valides a amené beaucoup de femmes à occuper les postes vacants dans les usines, favorisant de ce fait leur émancipation (dès l'époque de la guerre, on voit apparaître dans les quartiers bourgeois une nouvelle figure féminine : la «garçonne»).
Grippe espagnole
Les réjouissances consécutives à l'arrêt des combats sont, dans d'innombrables foyers, contrariées par une épidémie surprenante et très mortelle. Pendant deux ans, en 1918 et 1919, un virus mystérieux se répand en Asie d'abord puis dans le reste du monde. C'est ainsi que des poilus rescapés des tranchées sont tout d'un coup frappés par une fièvre sans raison apparente et s'alitent pour ne plus se relever. Des familles entières sont décimées...
L'épidémie provoque au total pas moins de... 21 à 30 millions de morts, soit deux fois plus que la Grande Guerre. Les trois quarts des victimes se situent en Asie. Appelé «influenza» par les Anglo-Saxons et «grippe espagnole» par les Français, le virus n'a été identifié qu'à la fin du XXe siècle comme étant une variante particulièrement agressive du virus de la grippe. Les scientifiques lui ont découvert des analogies avec la grippe aviaire qui a frappé l'Extrême-Orient au début du XXIe siècle.
La grippe espagnole s'est soldée par une addition de drames individuels sans répercussions notables sur la vie politique et sociale. L'une des victimes les plus célèbres en fut le poète Guillaume Apollinaire, mort le 9 novembre 1918, à 38 ans. Deux ans plus tôt, dans les tranchées, il avait été gravement blessé à la tempe.
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