Exposition
Le Cercle généalogique de la Vallée de la Lys présente du 4 au 19 octobre 2008 une exposition sur la guerre 14 – 18 dans la Vallée de la Lys. Il ne pouvait manquer le 90ème anniversaire de la Première Guerre mondiale.
Il offre une exposition à la Ferme du Mont, qui rappelle la vie difficile à Halluin, Bousbecque et Wervicq-Sud, alors occupées. Elle est baptisée « La guerre 14 – 18 : destructions et évacuations dans la Vallée de la Lys ».
Des panneaux des Archives du Nord et des documents de l’office national des anciens combattants évoquent ce qu’était la situation politique et économique en France, mais aussi le sort des soldats envoyés au front.
Des documents issus des archives municipales des villes évoquent le sort des civils.
Trois cents élèves de Roncq, Neuville-en-Ferrain et Halluin sont attendus au cours de la semaine.
Conférence par l’Historien Halluinois Roland Verkindère
La période de la Grande Guerre 14-18 passionne encore les Halluinois si l’on en juge le large public venu à la conférence organisée par le cercle généalogique de la vallée de la Lys et du Ferrain.
Jean-Pierre Polnecq, le président du cercle généalogique vallée de la Lys et du Ferrain en collaboration avec André Louf, président de l’association « A la recherche du passé d’Halluin » et Roland Vandenbussche président de l’association de Menin (B) ont mené un vrai travail d’archiviste.
Ils avaient invité Roland Verkindère, Halluinois et brillant historien, passionné d’histoire locale, pour animer la conférence sur le thème « 1914-1918, Halluin ville otage ».
Cette réunion s’est tenue devant un public très attentif et passionné à la ferme du Mont Saint-Jean. Quatre temps forts ont composé cette conférence fouillée : 1) la vie quotidienne pour la population dans une ville occupée ; 2) les grandes crises d’Halluin pendant ces années ; 3) des lueurs et des raisons d’espérer ; 4) les conséquences pour la commune et ses habitants.
La guerre de 1914-1918 a duré 4 ans, près de 1500 jours avec des hivers rigoureux sous l’occupation de Bavarois et de Prussiens. Nous sommes dans l’ambiance de la main mise allemande.
En 1914, l’on pense que la guerre sera courte, un peu comme en 1870 qui est encore dans les mémoires des gens nés en 1880, mais dont les parents ont connu la prise de l’Alsace et la Lorraine après le siège de Paris et le traité de Versailles. A la déclaration de la guerre, c’est la mobilisation générale des réservistes, des appelés.
Le 2 août 1914 à la gare d’Halluin, c’est le départ des mobilisés, âgés de 18 à 40 ans, même les pères de 4 enfants sont appelés. Halluin comptera 2500 mobilisés qui ne reverront plus leur commune avant au mieux novembre 1918 ; dans l’incapacité de revenir en permission, sans pouvoir faire parvenir des nouvelles à leurs familles.
La guerre que l’on espérait brève, s’enlise, s’enterre, la censure s’installe, le bourrage de crâne. Les fabriques ne vont plus travailler que 3 jours par semaine. La réalité pour Halluin est cruelle. A la mi octobre, les troupes allemandes occupent la ville et s’installent pour quatre ans.
La Belgique est envahie par l’Est et les Uhlans, cavaliers munis de lance, sèment la terreur et la peur dans la population.
Des mesures en urgence sont prises pour assurer un minimum de ravitaillement et de ressources aux plus démunis dans le but aussi de faire face aux réquisitions.
Le conseil municipal en août 1914 se réunit chaque semaine et tente d’organiser les répartitions. En septembre 1914, la région résiste à la poussée ennemie avec les troupes françaises, anglaises et belges. Le front va se stabiliser à l’ouest entre Comines, Warneton, Frelinghien sur le secteur de la vallée de la Lys.
La ville compte alors 15480 habitants, elle est très endettée pour installer sa distribution d’eau, ses écoles, son hospice, son abattoir, son cimetière, ses chemins…
Devant les demandes pressantes des autorités d’occupation, le maire Pierre Defretin s’efforce d’apitoyer l’autorité militaire en rappelant la modestie des ressources de la commune. Sur 3 600 familles, 2 500 sont assistées par le bureau de bienfaisance et 16 % acquittent la contribution mobilière. On assiste à la multiplication des réquisitions de logements, de boissons, de comestibles, de fourrages.
Les grandes crises
En 1915, Halluin se voit imposer de vivre à l’heure allemande, au point de provoquer une crise majeure quand certaines entreprises se voient contraintes de tisser des sacs pour contenir la terre des tranchées utilisées dans les lignes ennemies du front.
Fin juin 1915, la ville connaît une semaine douloureuse et tragique. Le 30 juin à 21 h le conseil municipal et les notables se sont réunis à l’usine Loridan, rue Gabriel Péri. Soixante personnes sont réunies dont certaines emprisonnées depuis deux jours ont été libérées pour assister à ce conseil.
L’assemblée refuse que la ville continue le paiement des lourdes réquisitions de salaires des ouvriers dans les tissages et scieries par ordre de l’autorité militaire allemande.
Cette dernière menace, d’affamation, de destruction et d’effusion de sang, portée contre la vielle et contre ses habitants sera mise à exécution si, dans les usines, le travail arrêté depuis le 26 juin n’est pas immédiatement repris.
Vers 23 h le commandant Schranck, accompagné de son interprète et de soldats en armes, a fait son entrée chez Loridan. Il menace et donne un ultimatum : une réponse avant minuit.
L’assemblée se prononce (28 voix contre 25) sous la contrainte et les menaces pour la reprise du travail afin d’éviter à la population le pillage, l’incendie et les meurtres.
La reprise du travail se fera non sans réticence. La guerre s’éternise. En 1917, l’évacuation d’une partie de la population s’effectue,femmes, enfants, vieillards sont accueillis et regroupés dans la banlieue de Bruxelles avant de retrouver pour certains la France non occupée, via Genève.
De 16 à 50 ans, les hommes restent requis pour un travail forcé. La tension dramatique de juin 1915 laissera encore des traces.
Pour tenir, il faut se raccrocher, s’appuyer, se rassembler, contenir sa propre force intérieure, on ne peut vivre continuellement dans l’angoisse et le malheur. La presse de la résistance, modeste mais courageuse, maintient un élan de patriotisme.
Le moral des troupes d’occupation n’est plus au beau fixe. Suicides de soldats au repos qui ne veulent plus retourner dans les tranchées. Désertions des soldats, difficultés d’approvisionnement en boissons alcoolisées imposées pour monter aux combats. Les soldats ont la nostalgie de l’absence de leurs familles.
Début 1918 marque un tournant incontestable avec de nouveaux moyens mobilisés du côté alliés, plus d’avions, de chars Renault pour protéger les fantassins. Enfin le cauchemar va se terminer en octobre 1918. L’occupant bat en retraite. Comines, Wervicq, Bousbecque, Halluin, Menin sont libérées après un départ précipité.
Halluin est en ruines, maisons bombardées, usines pillées et pour la plupart détruites. La ville n’atteint de nouveau 6 500 habitants qu’en décembre 1918. La vie commence de s’épanouir de nouveau.
De tels évènements laissent des traces indélébiles qui ont marqué profondément jusqu’à aujourd’hui la vie de la commune et même notre région frontalière. A commencer par la saignée démographique à Halluin.
Près de 400 militaires sur les 2 500 mobilisés sont décédés au combat entre août 1914 et novembre 1918, et 50 victimes civiles dont des familles entières. Sans compter les mutilés et les décès dus au ravage de la grippe espagnole.
La baisse des mariages et des naissances est conséquente :
365 naissances en 1912, 370 en 1914, 266 en 1915, 142 en 1916, 156 en 1917, 121 en 1918. Il faudra attendre 1920 pour enregistrer 375 naissances.
Pour les décès : 269 en 1914, 250 en 1915, 267 en 1916, 256 en 1917 et 245 en 1918.
Le nombre de mariages a varié aussi considérablement : 154 mariages en 1912, 85 en 1914, 41 en 1915, 76 en 1916, 81 en 1917, 94 en 1918, 237 en 1919, 277 en 1920. Entre 1919 et 1939 la population d’Halluin stagne autour de 13 000 habitants.
Il faut ajouter la destruction des habitations, des usines et des difficultés rencontrées pour les plus démunis.
Les communes de Comines et Armentières détruite quasi entièrement sont prioritaires pour toucher les dommages de guerre. La modernisation de l’industrie locale se heurte au manque de formation générale et une absence de qualification professionnelle.
Pour la jeunesse, l’école s’arrête souvent à 11 ans, gravement perturbée par la guerre. L’apprentissage sur le tas, les cours du soir, les cercles d’études, les écoles partisanes ont plus ou moins compensé ce manque.
(Archives D.D., N.E., 10/2008).
Sur ce blog, vous pouvez consulter les articles intitulés :
La Guerre 1914 – 1918 – Halluin (11) Séance Extraordinaire du Conseil Municipal d’Halluin – Document inédit du 30 Juin 1915.
La Guerre 1914 – 1918 – Halluin (12) Ville d’Halluin – Demande de reprise du Travail en date du 3 Juillet 1915.
La Guerre 1914 – 1918 – Halluin (13) 1915, Halluin ville occupée.
La Guerre 1914 – 1918 – Halluin (14) Halluin occupée sous la responsabilité de M. Paul Lemaitre-Boutry.
La Guerre 1914 – 1918 – Halluin (15) La magnifique résistance des Civils Halluinois sous l’Occupation Allemande.
La Guerre 1914 – 1918 – Halluin (16) La Ville d’Halluin prise en Otage durant la Grande Guerre.