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26 février 2009 4 26 /02 /février /2009 21:15


… Cet œil, c’est celui de Daniel Delafosse, qui en 1993, s’est glissé parmi les grands du 7e art. Souvenirs d’une soirée inoubliable.

 

On se souvient qu’en  1992, le programmateur du cinéma halluinois « Le Familia » avait eu le privilège d’assister à la cérémonie des César, dans la salle de presse. Ayant vécu des moments inoubliables, parmi le gotha du cinéma français et européen, il décida de renouveler sa demande auprès de M. Georges Cravenne, le fondateur de cette grande manifestation cinématographique.

 

La réponse ne se fit pas attendre, et c’est avec un réel plaisir, pour la seconde année consécutive, que notre représentant du cinéma recevait la carte d’accréditation : « Laissez-passer » suprême pour accéder aux séances de photos des lauréats, ainsi qu’aux multiples interviews des radios et télévisions.

 

A cette occasion, il a bien voulu nous donner ses impressions, ainsi que quelques bruits glanés dans les coulisses.

 

« Ce lundi 8 mars 1993, pour la 18ème Nuit des César, le palais des Congrès laissait, cette fois-ci, la place au Théâtre des Champs-Elysées, avenue Montaigne, où dès 19 h 30, la foule attendait les stars, mais aussi des techniciens du cinéma qui manifestaient pour la sauvegarde de leur profession.

 

Je me trouvais, pour ma part, à l’intérieur de la salle de presse qui jouxte la scène où se déroule la remise des récompenses ; l’agitation était plus importante, car le nombre de professionnels représentant la presse écrite ou parlée était largement supérieur à l’an passé, ceci étant dû au plateau exceptionnel proposé des nominés.

 

C’est le président de la soirée Marcello Mastroianni qui arriva le premier devant une armada de photographes et caméramen. L’acteur italien le plus populaire, qui fêtera en septembre ses soixante-dix ans, reste assurément l’éternel don juan très affable et blagueur, mais dit : refuser à son âge », la moindre dédicace.

 

 

Quelques instants plus tard, dans les coulisses comme dans la salle, l’énorme émotion était sur tous les visages, lorsque toute l’équipe du film « Les nuits fauves » de Cyrill Collard (décédé trois jours avant la cérémonie) se retrouvait face aux micros, après avoir remporté quatre césar , dont celui de la meilleure première œuvre et du meilleur film 92, ce qui constitue un sacré doublé !

 

Pour sa bouleversante performance dans ce film, Romane Bohringer, la fille de Richard, reçut le César du meilleur espoir féminin et, malgré une tension bien compréhensible parvint entre sourires et larmes à dire :


« C’est quand même beaucoup de bonheur ! ».

 

Entre temps, après un superbe hommage, Jean Marais, imperturbable, toujours aussi fringant à près de quatre-vingts ans ! était tout sourire devant le césar d’honneur qui couronnait une impressionnante carrière et répondait avec sa bonne humeur coutumière aux nombreuses questions des journalistes.

 

Accompagné de Mmes Louis de Funès et Michèle Morgan, le réalisateur de « La grande vadrouille » Gérard Oury annonçait la sortie en août prochain, d’une délirante comédie « La soif de l’or » une fable sur l’avarice ; quant à sa fille la scénariste à succès Danièle Thompson, elle annonçait enfin que cette « Reine Margot » tellement attendue avec Isabelle Adjani commencerait à coup sûr le 5 mai : « Et les essayages sont presque terminés ».  

 

Il y a un début à tout

 

Dans le studio, je voyais défiler, tout à tour : Pedro Almodovar le metteur en scène espagnol couronné pour le césar du meilleur film en langue étrangères « Talons aiguilles » avec son actrice fétiche Victoria Abril qui se tordait de rire en montrant ses chaussures aux multiples talons.

 

Gabriel Yared, césar de la musique pour le superbe film de Jean-Jacques Annaud « L’amant » ; Claude Sautet l’un de nos plus grands réalisateurs, qui dirigea Romy Schneider, Yves Montand, Michel Piccoli et les autres…, savourait le césar de la mise en scène pour « Un cœur en hiver », assurément une récompense largement méritée et unanimement appréciée.

 

Quant à l’acteur et comédien Claude Rich qui remportait le césar du meilleur acteur pour sa brillante performance dans le rôle de Talleyrand du film « Le souper », il se disait :

 

« réellement surpris par cette récompense, après pourtant une bonne soixantaine de films sans lauriers à ce jour », mais comme il l’a dit : « il y a un début à tout ».

 

« Mademoiselle Deneuve »

 

Mais la cerise sur le gâteau était véritablement la présence des trois superstars, chacune dans leur domaine : Claudia Schieffer pour la mode, Patrick Bruel pour la chanson, et bien sûr Catherine Deneuve pour le cinéma ; ce trio « roi » remportait largement la palme de l’applaudimètre.

 

Commençons par la ravissante Claudia Schieffer, le top modèle adulé des paparazzis, depuis ses diverses apparitions au côté du Prince Albert de Monaco. L’un des mannequins les plus célèbres du monde, en Chanel très digne, « était flattée d’être aussi célèbre, pour un soir, que les plus grandes actrices, et rêve de faire un jour du cinéma ».

 

Elle précédait le « Prince » charmant Patrick Bruel, cheveux gominés, qui aux cris de Patriick… et avec une jovialité débordante de naturel, était tout heureux comme un jeune débutant, de se retrouver dans une bousculade indescriptible de photographes, dont je faisais partie.

 

Quant à la sublime Catherine Deneuve, son apparition dans les coulisses provoqua un nouveau délire, et fut littéralement assiégée par une armée de micros et caméras.

 

 Désignée meilleure actrice pour son rôle d’Eliane dans « Indochine » film qui triompha à cinq reprises, notre plus grande star française ne se départit, à aucun moment, de son joli sourire et confiait :

 

« sa joie immense de recevoir le second césar de sa carrière, après « Le dernier métro » de Truffaut en 1981 » Elle annonça : « Qu’elle avait peu de chance pour un éventuel prochain oscar » (film parlé en français) mais qu’elle sera présente, le 29 mars prochain à Hollywood, parce qu’elle est infiniment « flattée d’être en compétition avec les plus grands acteurs du monde ».

 

Pour ma part, je lui dois le moment le plus inoubliable de cette superbe soirée, lorsqu’elle accepta de me donner un autographe (distribué au compte-goutte), et cela après l’avoir interpellée, dès sa sortie de scène, par un respectueux « Mademoiselle Deneuve » en l’occurrence la dénomination préférée de notre star nationale ; ceci s’appelle avoir un nez « césarisé ! ».

 

Encore merci de tout cœur, Mademoiselle, pour le talent, la grâce, l’élégance, la spontanéité , ainsi que la grande gentillesse qui émanent de votre personnalité. Vous êtes plus que jamais la star des stars.

 

Dominique Blanc « L’Halluinoise »

 

Entre plusieurs dizaines de photos et l’enregistrement de commentaires (Marcel carné, Catherine Deneuve, Claude Rich, Gérard Oury) j’ai pu compléter une collection prestigieuse d’autographes déjà bien entamés avec : Patrick Bruel, Victoria Abril, Michèle Morgan, Jean Maria,s Frédéric Mitterrand, Claude Sautet, Maria Pacôme, Daniel Toscan du Plantier, Jean Loup Dabadie, Gabriel Yared, Danièle Thompson.

 

Pour conclure ce voyage à l’intérieur de la fête annuelle du cinéma français, j’adresse, à nouveau, mes bien sincères remerciements à M. Georges Cravenne, sans qui le rêve ne deviendrait pas réalité, sans oublier de féliciter la comédienne Dominique Blanc, qui remporte pour la seconde fois le césar du meilleur second rôle féminin au côté de Catherine Deneuve dans « Indochine ».

 

Cette nomination me fait d’autant plus plaisir, car les Halluinois se souviendront, qu’en septembre 1992, Dominique Blanc tournait plusieurs scènes à Halluin, pour le film « Faut-il aimer Mathilde ? », qui sortira sur les écrans en mai ou juin 93.

 

Moi-même, j’ai obtenu un rôle de simple figurant auprès de l’actrice, pour la scène du restaurant à Armentières ; comme quoi les coïncidences sont souvent surprenantes, et font partie de l’éternelle magie du cinéma ».

 

Pour l’amour du cinéma

 

On ne présente plus Daniel Delafosse, le « monsieur cinéma » halluinois. Après son reportage, il nous envoie sa profession de foi : une déclaration d’amour au grand écran en général. Et à celui d’Halluin en particulier :

 

« Le seul et unique but de ce reportage est de promouvoir le cinéma, mais surtout d’aider le plus possible les cinémas de petites villes comme « Le Familia » à exister, et bien souvent pour d’autres à survivre, d’où une « opération » comme les César, ou je tiens à le dire tous les frais étaient à ma charge.

 

Depuis trois ans, j’ai la chance de pouvoir transmettre ce formidable outil de communication qu’est le cinéma. J’espère voir concrétiser dans vos colonnes l’indispensable art qu’est le 7ème ». Dont acte.

 

 

(Archives D.D., N.E., 14/3/1993).  

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26 février 2009 4 26 /02 /février /2009 06:12


Le 28 septembre 1991, lors de l’inauguration des nouvelles installations du cinéma « Le Familia », Daniel Delafosse, annonçait le soutien officiel d’Yves Montand au nouveau départ du cinéma halluinois.

 

Quand il apprit que la cérémonie de la 17ème Nuit des César 92 serait dédiée au regretté Montand, Daniel Delafosse, membre de l’office du cinéma halluinois, décidait d’écrire à M. Georges Cravenne, grand ordonnateur et fondateur de cette manifestation, afin de pouvoir éventuellement y assister, et pourquoi pas être au cœur du spectacle, c’est-à-dire pouvoir côtoyer les gens du cinéma dans les coulisses !

 

Un mois plus tard, son émotion fut grande, lorsqu’il apprit par un coup de téléphone, puis confirmation par courrier d’Antenne 2, que sa demande était acceptée !

 

Effectivement, un cadeau royal était offert au cinéphile halluinois, puisque Georges Cravenne lui donnait la possibilité d’avoir une carte d’accréditation dans la salle de presse (proposition exceptionnelle pour une personne non rattachée à la profession), l’endroit même où les actrices et acteurs défilent, lors de la cérémonie, afin de satisfaire aux séances de photos, pour les différents journaux et magazines, ainsi qu’aux interviews des radios et télévisions.

 

C’est dans les coulisses de cet évènement devenu déterminant de la saison du cinéma en France, que Daniel Delafosse vous invite à partager les moments forts qu’il a vécus, pour un soir, parmi le gotha du cinéma français, européen, et même mondial avec la présence du prestigieux acteur américain Sylvester Stallone.

 

Honneur à Michèle Morgan

 

Comme prévu, ce samedi 22 février 1992 à 20 h précises, je suis présent au Palais des Congrès à Paris, dans la salle de presse qui jouxte l’immense scène où se déroulera la remise des récompenses, pour la saison cinématographique 1991.

 

Il y a en fait deux endroits pour les médias, le premier transformé en studio, où les photographes accrédités prennent, sur leurs pellicules, les lauréats au ur et à mesure que ceux-ci sont élus dans les différentes nominations.

 

Lorsque les artistes récompensés ont terminé la séance des photos, ceux-ci sont invités à passer dans une autre pièce, là où se déroulent les interviews auprès des reporters de la presse écrite, de la radio et de la télévision.

 

Pour éviter toutes bousculades et désordres, on ne pouvait passer continuellement d’un endroit à l’autre, il fallait trancher ! Dans la première demi-heure, je décidais de rester parmi la quarantaine de photographes professionnels, afin d’assister aux premiers moments forts de la cérémonie.

 

Afin que chacun puisse suivre le fil conducteur de la soirée télévisée, des postes de télévision étaient installés à différents endroits.

 

La première personne à se trouver sous les crépitements incessants des flashes, fut la présidente de la soirée Mme Michèle Morgan, encore toute émue par l’hommage de Jean-Loup Dabadie, président de l’académie des arts et techniques du cinéma, qui lui a remis un César d’honneur pour sa prestigieuse carrière.

 

Pour ma part, ce fut la première grosse émotion de cette « sacrée soirée » que d’être en présence de l’une des plus grandes dames du cinéma français, l’inoubliable interprète de « La symphonie pastorale », « Les orgueilleux » ou « Quai des Brumes », celle qui continue à incarner, à travers les générations, le charme et la beauté.

 

Sur les talons de Jane March


Après ce moment « déjà » inoubliable, je voyais défiler, successivement, dans le studio : Manuel Blanc, césar du meilleur espoir masculin, légèrement intimidé par la horde de photographes, suivi de l’héroïne du dernier film de Jean-Jacques Annaud  « L’amant », la ravissante anglaise Jane March qui, quant à elle, faisait preuve d’une formidable aisance devant les objectifs, précédée du séduisant Vincent Pérez (le beau séducteur dans Cyrano).

 

La présence de Jane March (que les Halluinois découvriront sur l’écran du familia début mars) me décidait à abandonner, définitivement, le studio photos, pour la suivre dans la salle d’interviews. Là j’assistais aux impressions des vainqueurs de chaque catégorie, qui, toutes et tous, fort aimablement répondaient aux multiples questions des journalistes.

 

Tour à tout, apparaissaient Claude Brasseur, très tendu, accompagné de son fils Alexandre, ainsi qu’Odette Joyeux  présents pour l’hommage rendu au « grand » Pierre Brasseur.

 

Suivait le grand triomphateur de la soirée Alain Corneau, très loquace et heureux qui réussit le grand chelem : meilleur film et meilleur réalisateur, plus cinq autres césar pour ce chef d’œuvre d’intelligence et de beauté intitulé « Tous les matins du monde » (programmé sur Halluin à la mi-février) ; ce film pour Corneau, consacré à la musique baroque « est en définitive une musique moderne ».

 

Malgré leur jeunesse, les deux césar de la catégorie espoirs : Géraldine Pailhas et Manuel Blanc semblaient « déjà » rodés à l’épreuve redoutée des questions, concernant leurs prestations dans « La neige et le feu » pour la première, et « J’embrasse pas » pour le second.

 

Entre le cigare de Dutronc et celui de Carmet

 

Au milieu de la soirée, arrive dans la salle de presse, Jacques Dutronc, bouleversant Van Gogh, avec son éternel cigare, ses lunettes noires et son profil émacié.

 

Très heureux en l’occurrence d’avoir décroché le césar du meilleur acteur, souriant, distillant des petites vannes comme : « Mon césar, je vais le refiler à un bijoutier ou à un brocanteur » et annonçant, à la grande joie de ses écouteurs et en particulier de votre serviteur, qu’il enregistrait actuellement un nouvel album, et qu’il comptait bien remonter sur scène prochainement, comme le souhaite son public.

 

« Merci pour cette excellente nouvelle, bravo et chapeau M. Dutronc, pour votre talent, votre disponibilité et la grande gentillesse qui émane de votre « personnage ».

 

Ce compliment, je peux aussi, sans partie pris, l’attribuer à l’acteur mondialement connu M. Sylvester Stallone. Vraiment charmant, il ne la ramène pas, et répondait très aimablement à la presse que : « Rocky » c’était fini, que son dernier film « Arrête où ma mère va se tirer » est une comédie burlesque,  et que les prochains «Rambo » seront écolos.

 

Aussi sympathique que l’ami Jacques, Sylvester Stallone, récompensé par un césar d’honneur pour l’ensemble de sa carrière, ne méritait absolument pas les quelques sifflets ayant accueilli  son arrivée sur la scène du Palais des Congrès.

 

Entre plusieurs photos et l’écoute des commentaires, j’ai eu la chance de recevoir les autographes de Manuel Blanc, Sabine Azéma, Alexandre et Claude Brasseur, Alain Corneau, Mathilda May, Marie Gillain (la partenaire de Depardieu dans « Mon père ce héros ») Jacques Dutronc, des cinéastes Robert Enrico, Roman Polanski, et de la cantatrice Barbara Hendrix.

 

Seul regret personnel, l’absence aux interviews de Jeanne Moreau consacrée meilleure actrice, que le reporter halluinois avait rencontré par hasard à Bruxelles, en janvier dernier, et dont il avait prédit, sa victoire aux césar, malgré sa faible cote d’alors auprès des spécialistes.

 

Ce manque fut compensé, en fin de soirée, par la dernière présence devant les micros, de l’un des plus populaires et des plus expérimentés des comédiens : Jean Carmet, qui obtenait, pour la seconde fois, le césar du meilleur second rôle masculin pour son interprétation dans « Merci la vie » de Bertrand Blier.

 

A l’inverse de certains acteurs hostiles à cette manifestation, Jean Carmet répondait aux journalistes : « Qu’il était présent aux césar, car il aimait les récompenses tout simplement, et que cela le rendait heureux » ; sans oublier de faire référence à d’autres trophées, comme ces « fameuses » bouteilles de Bourgogne !

 

Non je n’ai pas oublié

 

C’est sur ces mots, et après avoir tenu dans les mains le césar de Jean Carmet pour la dernière photo souvenir, que la grande fête du cinéma français se clôturait pour le correspondant et programmateur du cinéma halluinois.

 

Dans ce rituel, aujourd’hui bien au point, que constitue la cérémonie des César, il restera pour Daniel Delafosse, avec le recul, des moments, des images, des attitudes, des émotions inoubliables !

 

Ce véritable conte de fées vécu par ce cinéphile halluinois ne pouvait s’achever, sans qu’il adresse ses très sincères remerciements à M. Georges Cravenne « le père des César » pour ce grand moment de bonheur, sans oublier la visite émue, qu’il fit le lendemain sur la tombe d’Yves Montand, au cimetière du Père Lachaise.

 

« Non, M. Montand,  je n’ai pas oublié ce que vous m’avez accordé, un jour de septembre, avec toute ma reconnaissance ».

 

Ce sera aussi la conclusion de Daniel Delafosse.

 

 

(Archives D.D., VdN, 1/3/1992).

 

 

Hommage à Jean Carmet, après son décès survenu le 20 avril 1994 

 

« Ma première rencontre avec Jean Carmet se déroula, effectivement, lors de la cérémonie des « César » le 22 Février 1992. C’est lors de cette soirée inoubliable, que l’acteur me donna l’occasion de tenir pour la première fois, la fameuse statuette comprimée conçue par le sculpteur César.

 

Immortalisé par une photo avec l’acteur, ce moment inattendu et magique restera l’un de mes plus beaux souvenirs cinématographiques. A la suite de notre rencontre, il m’adressa deux photos prises sur un tournage avec notamment la dédicace suivante :

 

« Pour Daniel, en amitié, en souvenir et en le remerciant pour sa présence si utile dans le cinéma, fidèlement ».

 

Dans ce monde du cinéma, parfois décrié, et en plus de son remarquable talent, Jean Carmet représentait la gentillesse, la simplicité, et possédait un sens de l’humour extraordinaire.

 

 Grand merci à vous Monsieur Carmet pour tout ce que vous avez donné et apporté à la longue histoire du cinéma français ».

 

                                                                                  Daniel DELAFOSSE

 

 

Biographie de Jean Carmet

 

Acteur français né le 25 juillet 1920 à Bourgueil. Très jeune, Jean Carmet interrompt ses études et monte à Paris où il débute comme figurant au Châtelet, puis à l'Opéra. Par la suite, il entre comme régisseur stagiaire aux Mathurins chez Marcel Herrand. Parallèlement à sa carrière théâtrale, il fait de la figuration au cinéma notamment dans LES ENFANTS DU PARADIS de Marcel Carné.

 

Après avoir fait partie de la troupe des "Branquignols" de Robert Dhéry, Jean Carmet se partage entre de longues séries d'émissions à la radio, des disques avec des monologues poétiques, et beaucoup de films et de courts métrages notamment : ON DEMANDE UN BANDIT (1950), ROULONS (1951).

 

Avec les années 1960 le personnage de Jean Carmet se modifie. A la silhouette du gros arçon bonasse se substitue un monsieur-tout-le-monde inquiétant ou cocasse, prélude aux grands rôles de la maturité.

 

Il choisit avec soin ses films et ses rôles et, surtout les équipiers avec qui il travaille. Il poursuit son chemin avec ses amis Robert Dhéry, Yves Robert, Pierre Richard et Michel Audiard mais il a aussi le plaisir de tourner les premiers films de Joël Santoni, de Michel Berny et de Pascal Thomas.

 

 Les silhouettes qu'il a pu rendre populaires au cinéma, au théâtre, à la radio disparaissent pour faire place à des personnages plus complexes; ceux de LA RUPTURE de Chabrol, ou de DUPONT LA JOIE de Boisset. " Je suis un acteur de composition, obligé parfois de prendre des risques pour ne pas m'abandonner à la mollesse. Peut-être que j'aurais pu faire une carrière apparemment plus harmonieuse, mais je préfère mes risques.

 

Et il est vrai que depuis son rôle de raciste et de violeur dans DUPONT LA JOIE (Yves Boisset, 1974), Jean Carmet n'hésite plus à incarner des personnages de plus en plus marginaux, grotesques souvent, odieux parfois. Pitoyables aussi comme ce sergent Bosselet, dans LA VICTOIRE EN CHANTANT, ou Baptiste Nozière, de père veule et lubrique de VIOLETTE NOZIÈRE.

 

En revanche, l'assassin de BUFFET FROID, le journaliste de LA BANQUIÈRE ou le paysan de CANICULE, entre autres, sont des " méchants " au sens strict, mais : "Dans le fond, pour véhiculer certains méchants, ou pour les rendre plausibles à l'oeil, il faut peut-être déployer plus de charme et d'humanité.

 

Par contre les rôles comiques sont de plus en plus rares -et complexes d'ailleurs, tel le vétérinaire des FUGITIFS - alors qu'apparaissent d'émouvants personnages d'amoureux, le François Dupuis d'IL Y A LONGTEMPS QUE JE T'AIME, toujours épris de sa femme après vingt ans de mariage ou MISS MONA, travesti ridicule que l'amour d'un homme transfigure.

 

 Depuis 1978, J. Carmet a multiplié ses participations à des téléfilms : "La stratégie du serpent " (Yves Boisset, 1979), " Trois morts à zéro" (Jacques Renard, 1981), "L'été 36" (Yves Robert, 1986), " Les étonnements d'un couple moderne " (Pierre Boutron, 1986), parmi d'autres. Revenu sur les planches, en 1984, il joue au Théâtre de l'Odéon, dans le " Ionesco " mis en scène par Planchon. Il a reçu le César du second rôle masculin en 1983 pour LES MISERABLES de Robert Hossein, et en 1992 pour MERCI LA VIE de Bertrand Blier.

 

 Jean Carmet est décédé le 20 avril 1994 à Sèvres dans les Hauts de Seine.

Source : www.cinemapassion.com/

 

 

Quelques citations de Jean Carmet :

 

«Avoir des dettes, c'est le seul moyen de rester dans la mémoire des classes commerçantes.»

«La seule arme qui m’intéresse, c’est le tire-bouchon. »

 

 «Celui qui dit qu’il est arrivé, c’est qu’il n’est pas allé bien loin.»


«Boire ou conduire il faut choisir, mais on ne va tout de même pas rentrer à pied.»

«Un sous-marin, pour une baleine, c'est un gros suppositoire.»

                                                                                  Jean CARMET

 

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24 février 2009 2 24 /02 /février /2009 17:48


Le Bonjour du « Papet »

 

Qui ne risque rien n’a rien. C’est ce que s’est dit l’Halluinois Daniel Delafosse qui avait adressé, pour la soirée inaugurale du cinéma « Le Familia » d’Halluin, le 28 septembre 1991 (nouvelles installations : écran géant, son Dolby Stéréo…) une invitation à Yves Montand, en sa qualité de représentant de l’ensemble des acteurs français.

 

Retenu par le tournage du prochain film de Jean-Jacques Beineix, le « Papet » a néanmoins adressé aux Halluinois ses remerciements, et présenté des excuses pour son absence involontaire.

 

L’ovation


Yves Montand s’associe également « de tout cœur à l’effort de modernisation et de développement réalisé par l’O.C.H. et souhaite pleine réussite au nouveau départ du Familia ».

 

Daniel Delafosse fit part au public de ce message de l’acteur français, lui demandant pour l’occasion « une formidable ovation ». Et il a soigneusement archivé la photo personnelle dédicacée qui accompagnait le mot d’Yves Montand.

 

Il faut d’ailleurs croire que l’acteur a été sensible à cette invitation originale, puisque deux jours après l’inauguration, son attachée de presse téléphonait à Daniel Delafosse pour s’enquérir du bon déroulement de la soirée inaugurale !

 

Chic, non ?

 

 

(Archives D.D. VdN, 2/10/1991).

 

  « Au revoir Montand ! »

 

Ce week-end, le cinéma « Le Familia » d’Halluin a perdu son parrain en la personne d’Yves Montand.

 

En effet, le 28 septembre 1991, à l’occasion de l’inauguration des nouvelles installations du cinéma, Yves Montand avait accepté de soutenir l’effort de modernisation et de développement réalisé par l’Office du Cinéma Halluinois.

 

Etant pris par le tournage du film de Jean-Jacques Beineix, Yves Montand n’avait pu assister à l’inauguration des nouvelles installations, mais souhaitait pleine réussite au nouveau départ du Familia.

 

Daniel Delafosse qui l’avait contacté personnellement, a tenu à adresser à la famille de l’acteur ses très sincères condoléances et nous a fait part de son émotion et de sa tristesse après cette disparition brutale.

 

« C’est un géant de la chanson, du cinéma et de la défense des droits humanitaires qui s’en est allé, un homme qui a véritablement marqué son époque.

 

Le meilleur hommage que les Halluinois puissent rendre à Yves Montand, c’est de soutenir, comme lui, le cinéma « Le Familia » par leur présence, afin que cet art qu’il défendait si bien puisse vivre le plus longtemps possible dans la salle halluinoise.

 

Montand nous a quittés en associant ses deux passions : d’abord le cinéma, car il venait de terminer le film de Beineix, puis la chanson en ayant la suprême élégance de partir à la période des « Feuilles mortes » l’une de ses plus belles chansons. Encore merci, chapeau et au revoir Montand ! ».

 

(Archives D.D.,N.E., Novembre 1991).

 

 

Cela s’est passé la veille du décès d’Yves Montand…

 

« Depuis huit ans,  j’avais sur la porte de ma cuisine, l’affiche (format pantalon) du film « Garçon » de Claude Sautet, représentant Yves Montand en serveur de restaurant…

 

Cette affiche je l’ai enlevée le vendredi 8 novembre 1991, en soirée, plus exactement quelques minutes après avoir regardé un film à la télé  qui se terminait à 22 h 45 ! (coïncidence complètement fortuite, le film « Garçon »  était sorti officiellement le 8 novembre 1983).

 

C’est à ce moment précis, où je me souviens avoir eu la réflexion suivante : « Pourquoi, enlèves-tu cette affiche, j’ai l’impression qu’il est mort ! ».

 

Le lendemain, le samedi 9 novembre 1991, à la stupeur générale, Yves Montand décédait, et les médias nous annonçaient qu’il avait eu son premier malaise cardiaque le vendredi 8 novembre à 22 h 50 !.

 

C’est ce qu’on peut appeler une véritable prémonition, qui m’a encore davantage sensibilisée à l’annonce du décès de l’acteur.

 

 Aussi, ce même vendredi 8 novembre, alors qu’il tournait l’une des dernières scènes du film « IP 5 » de Jean-Jacques Beinex, j’avais posté un courrier personnel destiné à Yves Montand, qui n’aura effectivement jamais connu de réponse de sa part ! ».

 

 

Courrier du lecteur paru dans le mensuel du cinéma,

« PREMIERE » de septembre 1992 :

 

« IP 5 » de Jean-Jacques Beineix est, au même titre que « 37°2 le matin » un véritable chef d’œuvre, un « hymne à l’amour ». Le genre de film qu’on ne cesserait de voir et revoir.

 

A la fin de la projection, j’ai vraiment éprouvé l’envie de me lever et d’applaudir malgré l’émotion intense que chacun ressent dans la dernière demi-heure de ce film, ô combien bouleversant et attachant pour toutes les raisons que l’on sait !

 

Quant aux principaux acteurs, ils sont tous sublimes, avec un grand Montand dans l’un de ses meilleurs rôles et une mention toute particulière pour le jeune débutant Sekkou Sall, qui passe du rire aux larmes avec l’assurance d’un véritable pro. Assurément, on en reparlera !

 

Chapeau et merci à Jean-Jacques Beineix pour ce cadeau royal, ce nouveau grand bonheur qu’il procure à tous les amoureux du vrai, du beau, du grand cinéma et de la magie que le cinéma français est capable d’apporter, en particulier par l’intermédiaire de ses producteurs, cinéastes, acteurs et  techniciens.

 

                                                                       Daniel DELAFOSSE, 59 – HALLUIN.

 

 

Biographie de Yves Montand


Durant toute sa vie, il a promené son regard charmeur et son talent inégalable. Fait de symboles et de contradictions, il fut le chantre du music-hall à l'ancienne, digne héritier d'un Chevalier, d'une Piaf ou d'un Trenet.


Dans son bagage artistique, des dizaines de films si bien qu'on ne savait plus si le chanteur jouait la comédie ou si le comédien poussait "la chansonnette".


Parti de rien, arrivé au sommet, il n'oubliera jamais ceux d'en bas, cultivant intelligemment conscience culturelle et conscience politique et sociale. Yves Montand fut finalement, avant tout le monde, un homme du 21e siècle.

Marseille

On dit que tout vient de l'enfance. Celle d'Ivo Livi forgea ses convictions politiques. Né dans l'Italie fascisante des années 20, le petit Ivo est éduqué dans le culte du communisme par un père ouvrier et militant.


Exilés en France en 1923, les Livi atterrissent à Marseille où les "ritals" ne sont pas forcément les bienvenus. Une enfance difficile commence alors. Il y a son statut d'immigré bien sûr, mais il y a aussi la misère et la peur.


Pour survivre, Ivo travaille dès onze ans, tout d'abord à l'usine, puis avec sa soeur, coiffeuse, qui l'incite à passer son CAP coiffure avec succès. Mais ce n'est qu'un métier alimentaire. Le rêve d'Ivo, c'est la scène, que représentent les grands artistes américains et les comédies musicales. Un art qui unit avec brio danse et chant.


A dix-sept ans, il rentre à l'Alcazar, célèbre cabaret marseillais, pour "chauffer la salle". De la salle à la scène, il n'y a qu'un pas, que le jeune Ivo, devenu pour la cause Yves Montand, ne tarde pas à franchir en juin 1939.

Rencontre avec Piaf

Mais la guerre arrive, qui fait se retrancher nombreux artistes dans les usines et les arrières-salles. Yves n'en attend pas la fin pour reprendre le chemin du succès. Après une série de concerts réussis en 1941, il fuit la Provence pour Paris en 1944 et fait la connaissance d'Édith Piaf.


Déjà célèbre et adulée, cette croqueuse d'hommes prend Montand sous son aile et fait de lui un véritable artiste. Initié aux ficelles du métier par la Môme, le jeune Marseillais se cultive et apprend à se vendre sur scène, de l'ABC aux Folies Bergères.


Les femmes succombent vite à son charme méditerranéen. Des femmes justement, Montand en rencontrent beaucoup. "Libéré" après une rupture avec Édith Piaf en 1949, il est séduit par une jeune comédienne, fraîchement divorcée du réalisateur Marc Allégret, Simone Signoret. Elle devient deux ans plus tard son épouse.


Leur union durera jusqu'à la mort de Simone en 1985. Ensemble, ils côtoient le tout-Paris, réunissant autour d'eux les artistes évidemment, mais aussi les écrivains et les penseurs de l'après-guerre (Sartre, De Beauvoir, Jorge Semprun).


Dès lors, la vie de Montand devient extrêmement riche. Dosant avec justesse ses apparitions cinématographiques et musicales, il parvient à s'immiscer pleinement dans la vie culturelle française. Politiquement engagé, il profite aussi de son succès pour faire passer des messages de paix et de lutte sociale.

Cinéma et chanson

Sa présence auprès des grands intellectuels des années 50 le rend très crédible et influent. Côté cinéma, il exerce son talent de comédien sous les ordres de Carné, Costa-Gavras, Clouzot, Sautet, ou Dassin, tournant plusieurs dizaines de films dont la plupart à forte connotation sociale ou politique (Z, La loi, L'aveu).


Côté scène, sa collaboration avec des auteurs-compositeurs de grande envergure (Kosma, Prévert, Barouh, Lemarque) et sa façon unique d'interpréter les standards du music-hall (A bicyclette, Battling Joe, Mon pote le gitan, Barbara, Les feuilles mortes, Grands boulevards) font de lui un artiste époustouflant.

Un artiste engagé

Danseur, chanteur, comédien, charmeur, intellectuel, militant, Yves Montand est un personnage public et ne se laisse jamais bâillonner. Résolument à gauche, ses prises de position et ses coups de gueule sont célèbres, même lorsqu'il s'insurge contre le Stalinisme de l'Union Soviétique amie et de l'invasion de Budapest par les chars russes.


Durant toute sa vie, il ne cessera de s'exprimer sur tous les sujets lui tenant à coeur en France comme à l'étranger, où il est d'ailleurs très célèbre, du Japon aux Etats-Unis.


Si ce parti pris alimente les querelles de clocher, le public ne s'y trompe pas: Montand est extrêmement populaire et les années n'altèrent en rien cette popularité. Bien au contraire, le "Papet" devient irrésistible en valet de chambre dans La folie des grandeurs de Gérard Oury en 1972 ou carrément attendrissant sous la direction de Claude Berri pour un remake remarqué de Pagnol (Manon des Sources / Jean de Florette) en 1986.


Il faut attendre la mort de sa compagne Simone Signoret en 1985, à l'âge de 64 ans pour que Yves Montand baisse la garde.


Profondément touché par cette disparition, ses apparitions se font plus rares. Il continue cependant sa double carrière de chanteur et de comédien et fait la connaissance, sur le tournage de Manon des Sources, d'une jeune assistante, Carole Amiel, qui deviendra la dernière femme de sa vie et la mère de son unique enfant Valentin, né le 31 décembre 1988, alors que Montand est âgé de 67 ans !


Un enfant (et héritier) qui suscite les convoitises puisque à la même époque, Anne Drossart, une actrice ayant eu une aventure avec Montand lors d'un tournage, accuse l'acteur d'être le père de sa fille Aurélie. Les journaux se jettent avec délectation sur cette triste affaire. Reconnu "coupable" de paternité dans un premier temps, il faut attendre 1998, soit sept ans après sa mort, pour que des tests ADN réalisés sur son corps innocentent le défunt. Des années de combat pour la veuve et la famille du chanteur, pour de sombres intérêts financiers.

IP5

Entre-temps, en novembre 1991, alors qu'il termine le tournage d'IP5 de Jean-Jacques Beineix, film dans lequel son personnage décède d'un arrêt cardiaque, Montand est victime d'un infarctus du myocarde et s'éteint le 9 novembre 1991 dans une clinique de la région parisienne. Il préparait un nouveau spectacle au POPB de Paris, dédié à son jeune fils de trois ans. Son corps repose au Père Lachaise auprès de Simone Signoret.


Rarement artiste ne fut si populaire, parce que chacun de ses films fut un grand moment de cinéma, parce que ses chansons appartiennent au patrimoine culturel francophone, parce que ses prises de position politiques cherchaient à défendre le peuple et la liberté, parce qu'il a su, naturellement, séduire et ravir. En soixante-dix ans d'une vie bien remplie, Yves Montand est rentré dans le panthéon de la culture française.


 Sébastien Brumont


Source : www.ramdam.com  

 
L I E N :   Il était une fois le cinéma d'Halluin (Nord)

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24 février 2009 2 24 /02 /février /2009 12:49


Entre 1919 et 1939,  Halluin La Rouge « ville sainte du communisme » comme l’écrivait Maxence Van der Meersch, vécut au rythme des nombreux conflits sociaux et des luttes syndicales.

 

Pour l’anecdote, on retrouve des traces d’Halluin dans les archives anglaises, italiennes, allemandes et même soviétiques !

 

J’ai voulu retracer, brièvement, le parcours de quelques personnalités communistes qui ont marqué l’histoire politique et syndicale halluinoise. Elles ont pour nom : Gustave Desmettre, Gilbert Declercq, Gustave et Robert Casier, Emile Bostoen, et Fernand Grenier ancien employé de mairie halluinois devenu ministre !

 

 

Les Maires Communistes Halluinois :

 

 Gustave Desmettre  est né à Halluin le 10 mars 1882 dans une famille ouvrière de douze enfants. Il fréquente l’école primaire jusqu’à l’âge de treize ans, puis entre comme apprenti en tissage aux Ets Sion. Il adhère très vite aux Jeunesses socialistes, puis au Parti du même nom. Il est aussi membre fondateur et adhérent actif de toutes les organisations ouvrières dépendant de la « Maison du Peuple ».

 

En 1919, Gustave Desmettre échoue aux élections départementales et législatives, mais est élu, en décembre, Maire d’Halluin. Encore socialiste à l’époque, il passe au Parti communiste un an plus tard, après le congrès de Tours.

 

Fondateur de toutes les organisations communistes halluinoises aux côtés de Gilbert Declercq et d’E. Vandewattyne, Gustave Desmettre contribue à faire de sa ville la « citadelle communiste du Nord ».

 

En 1925, la préfecture le suspend des ses fonctions de maire : il faut dire qu’il avait activement et bruyamment soutenu les grèves du textile cette année-là. Cela ne l’empêche pas de se retrouver aux côtés des grévistes lors des grandes grèves de 1927-1928, et notamment de la célèbre grève dite « des dix sous ».

 

Considéré comme un « modéré » au sein du Parti communiste, Gustave Desmettre proteste vigoureusement contre l’exclusion de M. Cornette,  et c’est pour cette raison qu’il est lui-même exclu du PC en 1930. L’immense popularité dont il jouit dans sa ville lui permettra néanmoins d’être réélu maire jusqu’à son décès le 9 avril 1935.

 

 

Gustave Desmettre est remplacé à l’Hôtel de Ville par Gilbert Declercq, un fils d’ouvrier né à Halluin le 15 août 1896. Orphelin de père dès l’âge de neuf ans, il commence à travailler dès douze ans comme canneur de chaise, puis comme apprenti tisserand.

Très jeune, la lecture de la presse révolutionnaire le passionne, et à quinze ans il apporte son soutien enthousiaste à la section halluinoise des Jeunesse socialistes dont il est nommé secrétaire quelques mois plus tard.

 

Emprisonné plusieurs mois pendant la Première Guerre mondiale, il fonde, après l’Armistice, le Sport ouvrier, la société de gymnastique « l’Avant-Garde », la Symphonie, le Cercle dramatique, autant de sociétés qui font l’orgueil des ouvriers d’Halluin. Il prend une part active dans la direction de toutes les grèves du secteur, à Halluin bien sûr, mais aussi à Lille, Dunkerque et Armentières, et ses prises de position lui valent plusieurs jours de prison.

 

Elu conseiller municipal et adjoint au maire en 1925, Gilbert Declercq occupe cette charge jusqu’en 1935 date à laquelle il succède à Gustave Desmettre comme Maire.

 

En avril 1936, il est le candidat du Parti au siège de député de la 9ème circonscription dont fait partie Halluin. Il sera élu, grâce à l’unité issue du Front Populaire, par 12932 voix contre 12230 au candidat de droite Jean Bataille (dont 58 % des voix sur Halluin).

 

Plus que les évènements de politique générale, la crise économique et l’action engagée en faveur des chômeurs expliquent ce succès.

 

On notera au passage, que c’est à l’occasion de cette élection législative de 36, que le parti communiste halluinois obtient son meilleur score (de toute son histoire …) avec 2263 voix soit 58 % des suffrages exprimés ! Ce pourcentage record dépasse légèrement celui des élections municipales de l’année précédente, où il avait obtenu 2141 voix et 57 % des suffrages exprimés.

 

A la déclaration de la guerre en septembre 1939, il est l’un des cinq députés à renier le Parti, en manifestant son désaccord avec le pacte germano-soviétique. Gilbert Declercq est suspendu de tous ses mandats électifs.

 

 L’attitude hostile des militants l’obligera à fuir Halluin, et à chercher refuge en Touraine. Toutes les organisations de la « Maison du Peuple » seront alors dissoutes durant la guerre. Gilbert Declercq meurt en septembre 1944 dans la région de Nîmes.

 

Né à Halluin le 5 juillet 1896, dans une famille ouvrière de cinq enfants, Gustave Casier commence lui aussi à travailler très jeune comme apprenti tisserand puis employé de coopérative.

 

 Trop jeune pour être mobilisé en 1914, il est réquisitionné comme travailleur forcé par les troupes allemandes. Et c’est en 1923 qu’il prend sa carte au Parti communiste. Jusqu’en 1939, il occupe d’importantes fonctions dans le secteur de la Vallée de la Lys et de Tourcoing, notamment secrétaire de l’Union départementale des syndicats du nord ; membre du comité régional depuis 1924, il entra au bureau de la Fédération communiste du Nord en 1936.

 

Elu conseiller municipal d’Halluin en 1925, conseiller général du canton de Tourcoing Nord- Est en 1937, Gustave Casier est déchu de ses mandats électifs en janvier 1940. Il entre alors dans la clandestinité, mais est arrêté par la police française en septembre 1941. Interné au camp d’Ecouvres (Meurthe-et-Moselle), il s’échappe en 1943 et revient dans le Nord.

 

En avril 1945, lors de sa première élection municipale à la proportionnelle, la liste communiste l’emporte de près de huit cents voix et gagne tous les sièges, en l’absence d’une opposition au sein du conseil. Son leader Gustave Casier est élu Maire d’Halluin et le restera jusqu’aux élections municipales de 1947.

 

L’année suivante, l’ancien maire devient gérant de « Liberté », le quotidien régional du PC dans le Nord et conserve ce poste jusqu’en 1967 . Il décède le 15 novembre 1983 à Roubaix, où il s’était retiré pendant près de vingt ans.

 

Son frère Robert Casier, est né  le 3 novembre 1898 à Halluin ; Entré dans la Résistance pendant la Seconde Guerre mondiale, il est nommé à la Libération secrétaire de l’Union locale CGT et responsable de la section halluinoise du Parti communiste.

 

En 1953, les élections municipales à la proportionnelle donnent le vote suivant : 13 communistes, 12 MRP et 2 socialistes, ces derniers s’abstiennent lors du vote du maire, et c’est Robert Casier, Directeur de coopérative et secrétaire de la Bourse du Travail, qui est élu Maire d’Halluin le 7 mai 1953, et le restera jusqu’en mars 1957. Il décède le 16 mai 1972 à Halluin.

 

 

Un Syndicaliste et Un Ministre :

 

 Emile Bostoen est né à Halluin le 30 mars 1900 et y décédé le 14 novembre 1939. Ouvrier textile, il est élu conseiller municipal d’Halluin en 1925, puis adjoint au maire de 1935 à 1939.

 

Il est suspendu de ses mandats, la même année, ayant refusé de dénoncer le Pacte germano-soviétique. En sa qualité de secrétaire général de la Bourse du travail d’Halluin,  ainsi que se crétaire du Syndicat textile régional, il s’est consacré à la défense des intérêts des travailleurs et à la prospérité des organisations ouvrières.

 

L’histoire d’Halluin « La Rouge » est, aussi, étroitement liée à Fernand Grenier, (voir article détaillé dans ce blog) considéré, en ce temps-là, comme le meneur des jeunesses communistes locales. Né à Tourcoing le 9 juillet 1901, d’un père camionneur et d’une mère ouvrière du textile. Orphelin à 16 ans, il adhère au Parti communiste français à la section de Neuville-en-Ferrain à l’âge de 21 ans.

 

Fernand Grenier sera ouvrier-boulanger, puis aide-comptable et employé à la mairie d’Halluin en 1926 ; c’est à cette époque que l’on a créé à Halluin, les premiers camps d’été (l’équivalent de nos centres aérés). Appelé par Maurice Thorez, il quittera la ville en 1933 pour Paris.

 

Il participe à la résistance ; arrêté en 1940, il s’évadera en Juin 1941 pour continuer la lutte comme rédacteur à « L’Humanité Clandestine ». Il sera délégué du Parti communiste en janvier 1943 auprès du Général de Gaulle à Londres, et en 1944 ministre de l’Aviation au gouvernement provisoire français à Alger. Député jusqu’en 1968, il décèdera à Saint-Denis (Seine-Saint-Denis) en Août 1992.

 

                                 

                                                                                   Daniel DELAFOSSE

 


Cette synthèse est réalisée d’après diverses revues et bibliographies consacrées à cette période de la vie halluinoise.


 Article publié sur ce blog depuis le 19/2/2007. 


L i e n s :

Résultats des Elections Municipales d'Halluin (Nord) de 1789 à nos jours (1/4).

Résultats des Elections Municipales d'Halluin (Nord) de 1789 à nos jours (2/4).

Résultats des Elections Municipales d'Halluin (Nord) de 1789 à nos jours (3/4).

Résultats des Elections Municipales d'Halluin (Nord) de 1789 à nos jours (4/4 suite et fin).

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24 février 2009 2 24 /02 /février /2009 12:34


L’histoire d’Halluin « La Rouge » est, aussi, étroitement liée au destin de Fernand Grenier. Par la suite, ce militant du Parti communiste français est rendu célèbre comme élu de la ville de Saint-Denis et par le rôle qu’il a exercé pendant la Seconde guerre mondiale comme représentant du PCF auprès du Général de Gaulle, à Londres puis à Alger.

 

 Né à Tourcoing le 9 juillet 1901, d’un père camionneur et d’une mère ouvrière du textile. Orphelin à 16 ans, il adhère au Parti communiste français à la section de Neuville-en-Ferrain à l’âge de 21 ans, juste après le Congrès de Tours, et devient secrétaire de la section des Jeunesse communistes d’Halluin.

 

Après avoir obtenu  son certificat d’études, Fernand Grenier sera ouvrier boulanger mais aussi aide-comptable. Puis, il devient, de fait, permanent du parti sous le couvert d’un poste d’employé à la mairie d’Halluin en 1926.

 

C’est en novembre 1924, qu’il suit les cours de l’ « Ecole léniniste » de Bobigny et se fait remarquer par ses capacités à écrire dans les journaux syndicaux et communistes. Promu à des responsabilités au sein de la Région Nord, en 1927, il est condamné à huit mois de prison pour action antimilitariste. A sa sortie, en 1928, il poursuit son action militante.

 

Soupçonné de trotskysme en 1930 à cause de son amitié avec Albert Cornette, secrétaire de la CGTU, il connaît une brève période de disgrâce jusqu’en 1932 où il reprend des responsabilités dans le Nord, puis comme permanent du Comité Central, à Paris où il est chargé de l’animation de  «  l’association des Amis de l’URSS » fonction qu’il va conserver jusqu’en 1939. En 1933, il séjourne un mois en URSS. L’association compte 70.000 adhérents en 1936, et sa revue «  Russie d’Aujourd’hui » tire à plus de 100.000 exemplaires.

 

 Il quittera Halluin en janvier 1933, après avoir reçu en novembre 1932 un télégramme de Maurice Thorez l’appelant à Paris.

 

En 1935, Fernand Grenier est chargé de la reconquête de la ville de Saint-Denis. En 1937, l’ancien halluinois sort vainqueur des élections municipales, avec 4.000 voix d’avance, face au député-maire sortant Jacques Doriot.

 

Le 1er août 1937, Fernand Grenier devient député de Saint-Denis après avoir facilement battu le remplaçant de Doriot. A la Chambre des députés, il siège à la commission des comptes définitifs et des économies et à celle des Affaires étrangères.

 

Mobilisé en septembre 1939, resté fidèle au parti après le Pacte germano-soviétique, il participe en uniforme à la séance de l’Assemblée du 9 janvier 1940 en compagnie de trois autres députés de la Seine. Tous trois refusent de se lever lorsque le président rend hommage aux armées, ce qui leur vaut d’être déchus de leurs mandats de députés.

 

Il participe à la résistance ; arrêté le 5 octobre 1940, il sera emprisonné à Aincourt, Fontevrault et au camp de Châteaubriant d’où  il s’évadera le 19 Juin 1941 pour continuer la lutte comme rédacteur à « L’humanité Clandestine ».

 

Il est choisi pour représenter le Comité Central lors des premiers contacts avec des envoyés de la France Libre. Il rencontre ainsi Rémy le 25 novembre 1942, et en sa compagnie, gagne l’Angleterre en janvier 1943. A cette date, Il sera délégué du Parti communiste auprès du Général de Gaulle à Londres, et chroniqueur de la BBC.

 

Le parti communiste présente des exigences pour la participation des communistes au Comité Français de la Libération Nationale créé par De Gaulle et Giraud le 3 juin 1943 à Alger. Ce  comité deviendra le 3 juin 1944 le Gouvernement provisoire de la République Française, présidé par le Général de Gaulle.

 

Ce n’est que le 4 avril 1944, qu’un compromis est trouvé et que De Gaulle nomme deux commissaires communistes, dont Fernand Grenier commissaire à l’Air. Il le restera jusqu’au 10 septembre 1944.

 

Le conflit qu’il a avec De Gaulle à propos de l’affaire du Maquis du Vercors se traduit finalement par son remplacement par Charles Tillon au poste de commissaire à l’Air. En octobre 1944, celui-ci  est nommé à la tête du ministère de l’Air.

 

Fernand Grenier représente le PCF à l’Assemblée consultative jusqu’en octobre 1945 où il est réélu député de Saint-Denis à l’Assemblée constituante en octobre 1945. Député de la Troisième, de la Quatrième et de la Cinquième République, il conserve cette fonction jusqu’en mai 1968. Il est également membre du Comité Central jusqu’en mai 1964.

 

A noter tout particulièrement dans son action : c’est grâce à un amendement qu’il dépose le 21 avril 1944 à l’Assemblée consultative provisoire à Alger que le droit de vote des femmes est établi en France.

 

Ceux qui l’ont connu à Londres pendant la guerre, ou plus tard, dans les instances du Parti ou à Saint-Denis parlent de lui comme d’un homme au commerce agréable et bon vivant.

 

Fernand Grenier est aussi l’auteur de cinq ouvrages, « C’était ainsi » et « Au pays de Staline » (1949), « Ceux de Châteaubriant (1961), «De Munich à Vichy » (1969) et « Ce bonheur-là » (1974).

 

Il décèdera à Saint-Denis (Seine-Saint-Denis) en Août 1992. 

                                                                           

 

Petit retour en arrière, sur sa période halluinoise :

 

 « C’est à Halluin qu’il est devenu communiste » n’hésite pas à dire Madeleine Mittenaere, militante locale du Parti communiste, conseillère municipale en 1952. Qui a toujours conservé des liens d’amitié avec celui qu’elle présente comme le meneur des jeunesses communistes locales, du temps « d’Halluin la Rouge ».

 

En 1978, dédicaçant son livre « Ce bonheur-là », où un chapitre est consacré à « Halluin la citadelle assiégée » il écrit : « A Marcel et Madeleine, mes bons camarades des années héroïques pendant lesquelles j’ai acquis à Halluin une inaltérable confiance dans la classe ouvrière ».

 

Madeleine Mittenaere a connu Fernand Grenier dès 1926, par celui qui allait devenir son mari en 1934. Alain Mittenaere est membre de la commission des jeunesses communistes :

 

« Tous les dimanches, ils partaient en vélo pour distribuer  « l’Enchaîné » (Journal communiste du Nord) à Halluin, Bousbecque, Roncq et Linselles.

 

Elle, attendra la guerre pour prendre sa carte au Parti, mais déjà elle participe aux réunions et manifestations. Comme la plupart des Halluinois, elle a quitté l’école à treize ans et travaille comme ouvrière dans une usine de textile.

 

Elle est au premier rang lors de la préparation, puis du déclenchement de la grève qui paralysera toutes les usines d’Halluin du 12 septembre 1928 au 11 avril 1929.

 

Fernand Grenier n’est pas là au démarrage de la grève. Il a été arrêté la veille par des gendarmes qui l’emmènent purger à Loos, une condamnation datant de 1927, à huit mois de prison pour « provocation de militaires à la désobéissance ».

 

Madeleine Mittenaere se souvient des réunions, dont certaines avaient lieu dans une prairie, près de chez ses parents, au bout de la rue de la Lys, dans le quartier du Colbras :

 

« Tout le monde se groupait autour de Fernand pour éviter que les gendarmes l’arrêtent. Il parlait contre le gouvernement et contre les patrons ».

 

Dans son souvenir, il y a eu deux arrestations : « chaque fois, lorsqu’il sortait de prison, tout le monde allait l’attendre à la gare… ».

 

Avec sa femme Andréa Beulque, qui était couturière, Fernand Grenier habitait rue Pasteur.

 

Pendant la grève générale, Fernand Grenier avait eu l’idée d’organiser des soirées chantantes avec des lots provenant de dons de commerçants qui étaient mis aux enchères.

Le bénéfice allait aux familles les plus démunies. Il raconte dans « Ce bonheur-là… » comment il avait obligé son petit groupe de jeunes militants, férus de chants révolutionnaires, à apprendre dans les plus brefs délais, pour les soirées, les chants à la mode : « Ramona », « Nuits de Chine… ». Les soirées avaient lieu dans les bistrots et à la salle du Peuple.

 

« C’est toujours lui qui commençait la première chanson. Il commençait toujours par une chanson qu’il avait inventée : avec min pot d’papin, j’colle des affiches… Il chantait en patois tourquennois et tout le monde reprenait… C’est toujours lui qui animait. C’était lui qui pensait tout ; Il organisait aussi des bus pour les grévistes ».

 

Madeleine Mittenaere n’a pas oublié non plus une autre chanson qu’elle fredonne sur l’air de « Voilà les gars de la marine ». Fernand Grenier était particulièrement fier de cette comptine intitulée : «Voilà les gars des camps de vacances… » pas pour son retentissement poétique, mais parce qu’elle était née de la collaboration d’une communiste et d’un chrétien… en l’occurrence Joseph Declercq, également employé de mairie et chansonnier célèbre localement.

 

Fernand Grenier était sensible à tout ce qui touche à la jeunesse :

 

« C’est à son époque qu’on a créé à Halluin, les premiers camps d’été (l’équivalent de nos centres aérés) dans une plaine à la place de l’école Marie-Curie. Fernand amenait les enfants à la mer une fois par semaine. Parfois il y avait quatre ou cinq bus.  Au moment du départ, les enfants agitaient des petits drapeaux rouges et on chantait l’Internationale. Pour goûter il y avait un biscuit et un sachet de coco ».

 

Fernand Grenier était également passionné de photo :

  

« Une fois à la Maison du Peuple, il avait présenté aux enfants un diaporama qui avait eu un succès fou. C’était intitulé « Vos enfants à l’écran ».

 

Et puis il y a eu l’énorme remue-ménage dans la ville, lorsque Fernand Grenier ressort des archives municipales, un rapport accablant établit quelques années auparavant à la demande du gouvernement, qui se préoccupe du taux important de mortalité infantile dans le Nord.

 Halluin, choisit pour l’expertise y est gravement montrée du doigt, lorsque les médecins dénoncent le manque d’hygiène, les taudis, les privations et les bas salaires.

 

Là encore, les souvenirs de Madeleine Mittenaere sont vifs : « Ma mère a eu douze enfants. Huit sont morts en bas âge à cause de la misère. C’était une drôle d’époque ! ».

 

 

(Archives et Synthèse D.D. Presse).  Article publié sur ce blog depuis le 15/1/2008. 

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24 février 2009 2 24 /02 /février /2009 12:18


C’est dans un exemplaire du journal « Le Réveil socialiste » paru le 4 Juillet 1914, que l’on évoque l’inauguration de la « Maison du Peuple » d’Halluin. L’article était signé V. Vandeputte :

 

« C’est le 26 juillet qu’aura lieu l’inauguration de la Maison du Peuple… En même temps seront inaugurés deux nouveaux drapeaux, celui de la Bourse du Travail et celui de la section du Parti.

 

Ce temple ouvrier et socialiste est l’œuvre de la vaillante coopérative La Fraternelle. Pour édifier ce temple, cette maison du prolétariat organisé, il a fallu beaucoup d’initiative et d’entreprise.

 

La coopérative La Fraternelle a été fondée en 1903 avec un bon noyau de camarades dévoués et décidés… Halluin est une ville où fourmillent les gros bonnets réactionnaires et lesquels ne négligent rien pour contrecarrer le développement des organisations et pour briser ou étouffer tout mouvement prolétarien.

 

Malgré les nombreuses difficultés, la coopérative La Fraternelle a pris un essor toujours plus considérable. Son chiffre d’affaires qui était de 39.000 F en 1904 est passé à 167.OOO F en 1913.

 

Avec elle, les autres organisations ont pris aussi une extension et de nouveaux syndicats furent créés. Ces diverses organisations qui avaient besoin d’être convenablement logées pour leur fonctionnement et leurs divers services indiquaient à la coopérative la nécessité d’édifier une Maison du Peuple.

 

Réaliser cette œuvre ne fut pas chose facile ; Bientôt vint l’idée de faire une émission d’obligations pour un certain capital. Après quelques années d’efforts, les obligations furent placées et le capital atteint.

 

Tous les militants étaient satisfaits de voir leurs efforts couronnés de succès et les travailleurs organisés étaient heureux d’avoir enfin une Maison du Peuple si longtemps attendue et désirée.

 

Ce résultat atteint, la coopérative voulait construire quelque chose de beau, sans luxe, mais une construction moderne, pour montrer aux travailleurs, et aux bourgeois surtout, que les socialistes ont le goût de l’art et de l’esthétique.

 

Pour ce travail d’architecture, La Fraternelle s’adressa au camarade G. Faquerre architecte à Mons-en-Baroeul…

 

Cette maison du peuple réalisée par la collaboration de tous les travailleurs organisés est l’asile de toutes les organisations, la maison commune de tous les travailleurs où ils peuvent à la fois se réunir pour combiner les moyens de lutte pour la défense de leurs intérêts et pour se distraire.

 

La maison du peuple, c’est le quartier général où sont logées les organisations qui prennent la défense des intérêts économiques et politiques de tous les exploités ; les éternels sacrifiés du capitalisme.

C’est en un mot, la caserne du peuple où on organise et éduque les ouvriers afin de lutter contre tous les maux sociaux et travailler à l’avènement d’une société meilleure… ».

 

Cette maison du peuple fut construite car le local de la rue Saint-André devenait trop exigu à quelques pas de là. Le nouveau bâtiment comprend un café et divers bureaux au rez-de-chaussée et, au premier étage, une salle des fêtes avec scène et balcon.

 

Sur le fronton, l’allégorie d’une cité industrielle d’où émergent les cheminées, éclairée par les rayons d’un soleil radieux.

 

Cette maison abrita le siège du Parti Communiste, le syndicat C.G.T.U., la Mutuelle et la coopérative « La Fraternelle » qui géra une épicerie et une boulangerie.

 

D’autres organisations siégèrent également : la symphonie « La Prolétarienne », l’harmonie « La Fraternelle », le football avec le « Sport Ouvrier », la gymnastique avec « L’Avant-Garde », le Cercle Dramatique et les « Enfants de Jaurès », ensemble sportif et musical de fillettes.

 

 

Depuis plusieurs années, la Maison du Peuple a fait place à un cabinet médical.

 

 

(Archives D.D.).  Article publié sur ce blog depuis le 2/7/2008.

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23 février 2009 1 23 /02 /février /2009 13:18


Les vingt années d’ « Halluin La Rouge », c’était le thème de la conférence-débat animée le samedi 28 octobre 1989, il y aura 20 ans, par Michel Hastings, auteur d’une thèse monumentale sur le sujet.

 

Le plus bel hommage qu’a reçu Michel Hastings, au terme de sa conférence, c’est probablement à cet Halluinois de souche, plus tout jeune, qu’il le doit !

 

« C’est extraordinaire qu’un étranger puisse nous apprendre des choses à nous, qui vivons depuis toujours à Halluin, sur l’histoire de notre ville ».

 

Il y avait belle lurette qu’un conférencier n’avait attiré tant de monde, il est vrai qu’invité de la municipalité, de la bibliothèque et de l’association « A la recherche du passé d’Halluin », M. Michel Hastings a parlé d’un sujet qui jadis passionna tout l’hexagone et au-delà, et est encore présent dans toutes les mémoires des « anciens, il s’agit de « Halluin la Rouge », appellation symbolique d’une lutte ouvrière sans précédent qui s’étala de 1919 à 1939.

 

Les Halluinois ont maintes et maintes fois entendu dans leur famille, raconter des anecdotes de l’époque, et sont venus en masse,  ce samedi 28 octobre 1989 à la Maison des Associations Albert Desmedt rue de Lille, dans l’espoir d’approfondir leurs connaissances.

 

Ils n’ont pas été déçus. M. Michel Hastings, professeur à l’I.E.P. de Grenoble, et chercheur au CNRS, s’est lancé en 1982 dans l’étude de cette période particulièrement passionnante, et après six années d’un travail de fourmi, il a écrit 1000 pages sur le sujet et présenté une thèse de doctorat d’Etat à la Faculté des sciences juridiques, politiques et sociales de Villeneuve d’Ascq.

 

Visiblement, M. Hastings a conquis l’auditoire, certes sa vision des choses à travers un travail de recherche dans les archives, n’est pas tout à fait parfaite, il en est conscient, mais tout porte à croire que son étude est très proche de la réalité. Il y a bien eu au cours du débat qui suivit des interventions d’une personne ayant vécu cette période, ou d’un féru d’histoire, qui apportèrent un plus, mais dans l’ensemble, le public admit que pour quelqu’un qui ne connaît pas notre ville, son exposé semblait étonnant de vérité.

 

Après que Mme Rossignol, bibliothécaire, eut présenté le conférencier, celui-ci précisa qu’au cours de son étude, c’est un dossier volumineux d’un poids de 5 kg, qu’il a réuni, mais qu’il ne s’agit pas d’un ouvrage d’histoire.

 

Il dit aussi sa tristesse de voir que la Maison du Peuple, qui fut un véritable bastion ouvrier, a maintenant perdu de sa prestance, après avoir subi des modifications. Puis il entre dans le vif du sujet, et livre un condensé des résultats de ses recherches.

 

On retrouve des traces d’Halluin dans les archives anglaises, italiennes, allemandes et même soviétiques. « Je me suis souvent posé la question : pourquoi cette ville « blanche », cléricale et quasi-monarchiste en 1914, est-elle devenue « rouge » en 1919, et pour vingt ans ?. M. Hastings s’explique : « Certes, les communistes ont récupéré la mairie après la guerre 1939-1945, mais cela n’avait plus de sens ».

Il rappelle que le socialisme n’a duré qu’une année et que le communisme à Halluin est d’un genre tout à fait particulier. « La singularité locale est parfois dérogeante. A qui ce parti a-t-il servi ? ». Voici sa version des choses.

 

Halluin n’est pas une ville comme les autres, « Halluin la Rouge » ne se comprend pas en dehors de son passé encore proche.

 

Première singularité, sa position géographique et particulière. La frontière s’est trouvée extrêmement poreuse malgré la présence de la douane, et a été un lieu de passage, un lieu de contrebande idéologique.

 

Maurice Thorez aurait passé clandestinement la frontière à Halluin en 1939


Ici, il surprend les Halluinois qui n’ont visiblement pas entendu parler de cette anecdote en annonçant : « Maurice Thorez, secrétaire général du P.C., qui avait déserté l’armée en octobre 1939 pour rejoindre l’URSS, était passé au Christ Dael » (un passage pour piétons à l’extrémité d’Halluin-Est). Il aurait profité de l’appui des responsables halluinois du Parti communiste et de la porosité de la frontière franco-belge à cet endroit.

 

Un regret : il ne se trouva personne parmi les communistes présents (que l’on comptait sur les doigts d’une main) pour confirmer ces dires.

 

L’aventure de »Halluin la rouge » ne se comprend pas sil ‘on ne se penche pas sur les migrations massives venant des plaines flamandes. 6.000 belges sont arrivés en 1886, soit 77 % de la population. « Où était le seuil de tolérance, fixé à 10 % par certains hommes politiques actuels ». Cet état de fait a une influence sur la culture locale, l’apport de ces flamands génère un surcroît de pratique religieuse, un goût de fête et de carnaval.

 

A l’époque, le circuit industriel est une mono-industrie textile, un métier domine le tissage du lin, il est pauvre et peu noble ; ce caractère particulier, accroît les misères, à tel point qu’en 1903, un journaliste parisien du Matin, est venu enquêter, a décrit les taudis, et s’est penché sur la mortalité infantile qui, avant un an, est de 30 %.

 

Dans l’armée, on considère les soldats halluinois comme étant de mauvais patriotes par ce qu’ils sont frappés de stigmates physiques (diminués qu’ils sont par un travail éreintant), il y a beaucoup de rachitiques, et les réformés sont légion.

 

Les maîtres de la ville sont les maîtres économiques. Tous les maires sont des manufacturiers. Cette confiscation sociale est doublée d’une confiscation familiale. C’est ainsi que certains maires jouissent d’une longévité exceptionnelles : M. Alexandre Desmarchelier n’a-t-il pas régné de 1848 à 1896 ?

 

Derrière la façade d’une ville « blanche », se traîne une émergence du socialisme (un tiers des voix en 1914). Un socialisme qui est irrigué par les Belges. Des tribuns apportent la bonne parole dans les courées.

 

Une information : « Savez-vous que Victor Vandeputte a été l’âme du socialisme pendant quinze ans ? ».

 

Ce socialisme est flamand par la composition de ses militants. C’est un socialisme « ouvriériste », il se moque de l’idéologie, il est plus social que politique, et s’exprime d’ailleurs en termes de revanche sociale.

 

Mais on assiste à un vieillissement de la population, et c’est dans cette structure que s’implante le communisme.

 

Au niveau industriel, Halluin perd de sa mono-industrie. Les élections de 1919 révèlent une majorité socialiste, c’est pour la première fois l’entrée en masse des ouvriers au conseil municipal.

 

Le communisme identitaire a pour fonction particulière celle de fédérer la population autour d’un projet commun qui lui redonne la fierté.

 

Ce qui a fasciné, c’est la symbiose du communisme. Pour M. Hastings, le terme « Halluin la Rouge » est un mensonge parce qu’en 1936, le candidat ne dépassera pas 60 %. « Il existe aussi Halluin la jaune, incarné par les syndicalistes chrétiens ».

 

C’est ainsi qu’il va toujours y avoir une surenchère dans la représentation ouvrière et une survalorisation de la population de tisserands. 90 % des membres du conseil municipal entre les deux guerres, est d’origine belge. Les naturalisations massives deviennent souvent des voix socialistes et communistes.

 

En 1914, les noms fleurent bon la France, en 1919, ce sont des noms flamands qui dominent. L’âge moyen d’un conseiller est de 55 ans en 1914 et de 37 ans cinq années plus tard.

 

Mais le communisme se veut jeune, et la population commence à vieillir, son aspect syndical, la prise de conscience du peuple est dérivée vers le chant social, les grèves, l’action politique mais aussi sociale.

 

Les principaux leaders : Bostoen, Declercq, Tesse, sont à la fois syndicalistes et politiques. C’est l’âge d’or pour les syndicats. En 1925, sur 14.000 habitants, 6.800 sont syndiqués. Mais en 1936, quand le Front populaire consacre la victoire de la gauche, les syndicats chrétiens sont majoritaires… Il y a donc concurrence. Les idées sont complètement opposées.

 

Le rôle des grèves

 

Il semble que la Bourse du travail ait cultivé les grèves. En 1923, il n’y a pas une seule journée, qui n’ait vu une fraction de la population faire grève. En 1928, Halluin atteint le quart des journées perdues pour cause de grève sur le plan national. « La grève des dix sous » va durer sept mois, et concerne 7.000 ouvriers.

 

La durée moyenne des journées de grévistes, atteint 52 dans l’année. On imagine ce que cela signifie de souffrances et d’infrastructures, pour subvenir aux besoins de la population.

 

Cette « grève des dix sous » est la plus fabuleuse de France. Des secours parviennent d’Halluinois implantés en Amérique, l’URSS envoie aussi des dons.

 

Après cette période, le communisme devient plus gestionnaire. Halluin dans la propagande communiste est le nombril de la révolution. Maxence Van der Meersch, l’écrivain, dans « Quand les sirènes se taisent » désigne Halluin comme « La ville saint du communisme ».

 

Parmi la population on a donc un sentiment de fierté, qui a bientôt tendance au repli. « On a le sentiment de se trouver dans une ville assiégée », dit Fernand Grenier, en 1931, alors secrétaire général de mairie, avant de monter à Paris, et de faire une carrière parlementaire.

 

« Halluin la Rouge », ne parvient pas à obtenir de député communiste parce que les communes environnantes sont encore conservatrices, notamment Bousbecque et Linselles. Il faut attendre 1936, avec Gilbert Declercq, mais c’est plutôt la dynamique du Front Populaire qui fait pencher la balance.

 

Fernand Grenier par exemple, va travailler pour exhumer des textes anciens et misérabilistes pour mieux montrer l’action du parti. Ce passé revient en terme de nostalgie. On se souvient des temps artisanaux quand on était « maître d’ouvrage » ; c’est-à-dire qu’on travaillait chez soi.

 

Le communisme halluinois, c’est les fêtes de quartiers politiques, l’utilisation des coups de génie, les « pâques rouges », et les « communiants rouges ». Il se propose comme étant le vecteur de la culture populaire. Le P.C., c’est le miroir dans lequel la société se voit et se reconnaît.

 

Bien sûr, M. Hastings n’a parlé que quarante minutes (c’est sa version que vous avez lue) d’un sujet qui pourrait se traiter en plusieurs heures, et il a laissé de côté volontairement des informations parfois relevées par les intervenants au cours du débat, à ces questions, le conférencier apporta toujours sa réponse, preuve qu’il attendait ces réactions.

 

Les débats

 

Les débats à partir de là étaient ouverts. Et s’il se trouvait des personnes pour poser des questions (Mme Rossignol, le docteur Fontaine, MM Verschaeve, Verkindère et Huyghe), auxquelles M. Hastings répondit, il fallait aussi compter avec les contestations de M. Léon  Saint-Venant, dirigeant syndicaliste chrétien qui avait vécu l’époque et M. Vermander, auteur du livre « Un siècle d’histoire ouvrière à Halluin ».

 

M. Saint-Venant précise tout d’abord que les syndicats chrétiens étaient rouges également, et insiste sur leur importance. Par contre il approuve le terme « gestionnaire, et rappelle la création de coopératives. Il fait aussi remarquer qu’une grève dure a été déclenchée à Roubaix-Tourcoing, pour laquelle Halluin n’a pas été solidaire. Il souligne enfin que les ouvriers avaient en face d’eux des industriels qui donnaient plein pouvoir à M. Désiré Ley, directeur de l’union patronale, un homme qui laissa des traces dans le monde ouvrier.

 

Pour M. Dominique Vermander, c’est entre 1875 et 1885, que l’ouvrier halluinois passe du travail individuel à la concentration en usine, et entre 1890 et 1895 qu’il comprend qu’il est exploité, et c’est entre les deux guerres que se fait le passage des deux idéologies : syndicats chrétiens et socialistes d’Halluin et de Menin. Parmi les chrétiens, on note trois tendances : le clergé paroissial flamand, un courant « action française », et l’Epi (coopérative), aidée par les prêtres.

 

M. Hastings ajoute qu’au P.C., il n’y a pas de courant, « puisque les opposants à la ligne de conduite sont évincés tel Gilbert Declercq, ou exclus tel Albert Cornette, président des Jeunesses communistes, les Desmettre, Bostoen, Tesse sont décédés, et Henri Loridan est parti au fascisme. Après la guerre 1939-1945, restent les frères Casier qui n’ont pas le rayonnement voulu ».

 

Il rappellequ’à la Libération, trois partis visent la mairie : P.C., P.S et M.R.P., et que les communistes seront par la suite victimes du système des alliances.

 

M ; Vermander apporte une précision : « Quand un M.R.P. devint maire, ce fut au bénéfice de l’âge, l’un de ses conseillers étant le doyen de l’assemblée » ; il ajoute que « si les communistes perdirent la majorité au conseil municipal, c’est aussi parce qu’ils avaient moins d’enfants que les chrétiens, donc moins d’électeurs attachés à leur cause ».

 

Ce fut le mot de la fin. Le public demeura encore longtemps dans la salle. Répartis en petits groupes, les Halluinois passèrent aux commentaires et réflexions, la preuve que le conférencier était parvenu à « accrocher », et qu’on l’aurait encore écouté des heures durant.

 

 

(Archives VdN, 5/11/1989).

 

Petite anecdote : Si le communisme halluinois n’a jamais pu franchir les limites de la ville pour contaminer le canton ou la circonscription, il a en revanche essaimé… aux Etats-Unis, et plus exactement en Pennsylvanie ou, entre les deux guerres, des Halluinois expatriés ont tenté de créer une section communiste clandestine. Qui n’a toutefois pas connu le succès rencontré dans sa ville natale, et a surtout valu, à ses instigateurs de passer pas mal de temps en prison… 

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22 février 2009 7 22 /02 /février /2009 08:02


« Halluin-la-Rouge  : 1919-1939 » : c’est le titre d’une thèse de doctorat soutenue (avec succès) par Michel Hastings. Six années de travail et un passionnant document de 1.000 pages qui pèse… cinq kilos pour une « petite tâche rouge » !

 

C’est en avril 1988, à la Faculté des Sciences juridiques politiques et sociales de Villeneuve, que Michel Hastings, chercheur au Centre de recherches administratives, politiques et sociales (CRAPS)  a soutenu sa thèse de Doctorat d’Etat.

 

La réussite était au rendez-vous puisque l’auteur a obtenu la mention « très honorable ». Avec un petit record à la clé : le dialogue entre Michel Hastings et les membres du jury dura… cinq bonnes heures !

 

A l’évidence, le jury était aussi passionné que le candidat. Il poussa même la conscience professionnelle jusqu’à aller visiter Halluin en cette fin du mois d’avril. Ce jury était composé de M. Maurice Agulhon, professeur du collège de France ; Mme Annic Kriegel, professeur à l’Université de Paris X ; M. Georges Lavau, professeur à l’Institut d’Etudes politiques de Paris ; M. Marc Sadoun, professeur à l’université de Lille II et M. Christian Marie Wallon Leducq, maître de conférences à l’Université de Lille II.

 

Dans le courant de cette année 1988, les passionnés d’histoire locale (et ils sont nombreux) peuvent se frotter les mains : ils auront la possibilité de se plonger dans un extraordinaire ouvrage consacré à la non moins extraordinaire période d’entre les deux guerres pendant laquelle les communistes dirigèrent la vie politique halluinoise.

 

Extraordinaire doit ici être pris au sens premier car comment qualifier autrement cet « Halluin la Rouge 1919- 1939 : aspects d’un communisme identitaire, singularités écologiques et stratégies d’implantation » que son auteur, Michel Hastings a accepté de venir nous présenter au lendemain d’une soutenance de thèse qui dura… cinq heures.

 

Quelques chiffres suffiront à vous convaincre. Partant pratiquement du néant (une simple tache rouge remarquée sur les anciennes cartes électorales de la France », Michel Hastings a travaillé six ans sur le sujet. Archives, statistiques, témoignages, réflexion personnelle et au bout du compte quatre épais volumes affichant la bagatelle de 1.000 pages et le respectable poids de cinq kilos !

 

« Ce qui m’a intéressé, explique Michel Hastings, qui n’avoue avoir aucun lien particulier avec Halluin (il est né au Canada !) c’est de comprendre comment une petite ville d’apparence anodine est devenue cette « Halluin la Rouge » dont on parlait… jusqu’à Moscou ! Savez-vous que l’Humanité a traduit nombre d’articles de la Pravda dans lesquels Halluin était glorifiée ? ».

 

Inimaginable de nos jours

 

Michel Hastings ayant eu besoin de 1.000 pages pour répondre à la question qui le chiffonnait, nous n’aurons pas la  prétention de résumer sa thèse en quelques lignes « il faut bien comprendre, précise-t-il d’ailleurs d’emblée, qu’il s’agit d’un travail de sciences politiques et non pas d’un récit historique où fourmilleraient les anecdotes savoureuses ou inédites ».

 

N’allez pourtant pas imaginer Michel Hastings sous les traits d’un vieil universitaire à longue barbe employant un vocabulaire inaccessible au commun des mortels. Si son ouvrage est d’un haut niveau (on ne devient pas Docteur d’Etat d’un coup de baguette magique), ce jeune chercheur… de 30 ans seulement s’est visiblement plongé avec délectation dans la réalité d’une époque pas si éloignée que cela. Il vous en parlerait des jours entiers !

 

Et quoi qu’il en dise, les quatre volumes de sa thèse recèlent des documents étonnants.

 

Les générations qui n’ont pas connu la première moitié de ce siècle y découvriront une « ambiance » quasi inimaginable aujourd’hui et issue d’une situation que Michel Hastings rappelle avec le souci d’une extrême précision :

 

« En 1886, 78 % des Halluinois sont des Flamands et 98,4 % des ouvriers de l’industrie travaillent dans le textile ». Notons ici, en aparté, que 50 % des commerces de détail sont alors… des cafés !

 

1923 : pas un jour sans grève !

 

On comprend mieux qu’un peu plus tard, un commissaire de police (leurs rapports sont forts instructifs) se plaignait en ces termes au préfet : « Je vous serais très obligé de vouloir bien me faire connaître votre avis sur la question suivante qui me cause un assez vif embarras. Dois-je tolérer que les orateurs emploient au cours des réunions publiques la langue flamande que je ne comprends pas ? ».

 

Et que dire que ces chiffres époustouflants que Michel Hastings a sorti des archives au sujet des grèves à Halluin la Rouge : « Sans prendre position, on peut comprendre le ras-le-bol des patrons, explique-t-il en souriant, quand on sait, tenez-vous bien qu’en 1923, il ne se passera pas une seule journée sans qu’une fraction de la communauté ouvrière ne soit en grève… ».

 

C’était au temps d’Halluin la Rouge, « La Mecque du communisme dans le Nord » : une véritable épopée marquée par des conflits syndicaux quasiment ininterrompus mais aussi par d’incroyables festivités organisées par la municipalité. Comme ces « fausses » et grandioses funérailles de Désiré Ley, le secrétaire général du Consortium patronal le 9 mars 1924.

 

Un film de cette parodie funèbre a été tourné et telle une relique, il a été remis… aux ouvriers textiles de Bakou,en Union Soviétique !

 

On vous le redit, le travail de Michel Hastings est ex-tra-or-di-nai-re !

 

 (Archives N.E., 30/4/1988). 

 
                                Un livre « Halluin La Rouge ».

 

C’est le 22 juin 1991,  que Michel Hastings est venu présenter son livre intitulé « Halluin la Rouge, 1919 – 1939, aspects d’un communisme identitaire », un ouvrage de 440 pages, publié par les Presses universitaires de Lille. Ce jour-là, en présence du maire Alexandre Faidherbe, il est venu présenter et dédicacer son livre.

 

L’auteur définit en quelques mots le contenu de ce gros ouvrage :

 

« Halluin , aujourd’hui une ville sans histoire, Halluin la Rouge, entre les deux guerres, une ville dans l’Histoire. Vingt années d’une formidable épopée révolutionnaire pendant lesquelles une petite cité frontalière du département du Nord deviendra « la ville sainte du communisme », « la citadelle assiégée ».

 

« Comment expliquer la conquête brutale par le P.C. en 1920 d’une commune jusque là conservatrice ? Une des clés de l’aventure des tisserands d’Halluin la Rouge ne résiderait-elle pas dans la nature du communisme local ? ».

 

« Il est apparu que le parti communiste halluinois liait son destin et sa légitimité à la défense d’un sentiment d’appartenance au terroir communal. Dirigeants et militants se sentiraient investis du pouvoir et du devoir de refaire le groupe, de forger une image positive de la communauté ».

 

« Cette parenthèse communiste correspond à un moment historique du développement démographique, politique, économique d’Halluin qui contraint ou invite le Parti à répondre à certaines demandes sociales. Halluin la Rouge serait donc l’histoire d’une rencontre entre une société locale en crise et un mouvement politique producteur d’un discours d’auto-définition ».

 

« Ordonnateur festif, militant syndical, historien nostalgique, porte-parole des Flamands de la seconde et troisième génération, tels furent les rôles principaux qu’accepta de jouer ce communisme colporteur d’identité ».

 

Une ville dans l’Histoire…

 

Imaginez une ville, dont la renommée de « ville sainte du communisme », de « citadelle assiégée » dépassait les frontières de notre pays pour arriver jusqu’à Moscou et au Vatican…

 

Imaginez une ville noyautée par le PC,vivant au rythme des conflits sociaux et des fêtes rouges, avec son petit peuple de bobineuses, épeuleuses et autres ourdisseurs !

 

Imaginez une ville qui vit une guerre ouverte entre la municipalité et le Commissaire de Police, une guerre « jalonnée de plaintes contre les brutalités gendarmières, d’arrêtés municipaux stigmatisant « l’invasion policière » et refusant de loger les gardes mobiles ».

 

Imaginez une ville qui devient socialiste, puis communiste, alors que la France se teinte de Bleu Horizon… Une ville qui compte plus de 80 % d’ouvriers ;;; Qui ne vit que du textile… Et une municipalité qui ne cesse de souffler sur le feu des grèves… Qui crée des fonds de soutien aux grévistes… Un village d’Astérix du communisme…

 

Cette ville c’est Halluin, dans les années 1919 à 1939.

 

« Halluin aujourd’hui, une ville sans histoire. Halluin entre les deux guerres, une vile dans l’Histoire ». Pour lapidaire qu’elle soit, cette formule de Michel Hastings en dit long sur ces « vingt années d’une formidable épopée révolutionnaire… ».

 

Formidablement documenté et rigoureux, le livre de Michel Hastings retrace l’histoire d’Halluin la Rouge. Un livre qui fera le bonheur des amateurs d’Histoire. Un livre fiable et bourré d’anecdotes, mais un peu austère également. Un livre qui de toute façon fera date dans la mémoire collective de la ville.

 

A la question suivante : « Votre ouvrage remonte loin en arrière avant 1919, mais il s’arrête net en 1939. Serez-vous l’auteur d’une « Histoire d’Halluin », des origines à nos jours ?

 

Michel Hasting : « Ce serait une grande joie ! On ne travaille pas des années sur une ville sans s’y attacher ! Mais ce ne pourrait être qu’un ouvrage collectif, regroupant des spécialistes des différentes périodes historiques.  

 

 

(Archives et Synthèse D.D,. VdN, N.E. Juin 1991).   

L I E N S  : Halluin et son histoire. 

Evolution démographique halluinoise à travers les siècles.  

Borne Autrichienne ?

Légendes et superstitions halluinoises.

Le château du Molinel

"Le klute-Put"

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19 février 2009 4 19 /02 /février /2009 20:50


C'était à Halluin.... Il y a 70, 80 et 90 ans !

 

L’histoire d’Halluin, entre les deux guerres mondiales, est rythmée par l’ampleur et la fréquence des conflits sociaux ainsi que par l’âpreté des luttes syndicales. L’originalité de cette commune ne s’arrête cependant pas là.

 

Halluin la Rouge, « ville sainte du communisme » écrit Maxence Van Der Meersch, constitue un symbole au sein d’une région qui est l’un des principaux bastions de la S.F.I.O. En effet, constamment réélue, la municipalité communiste engage toute une série de réalisations sociales et tente de populariser les grands thèmes de politique générale.

 

Une Municipalité Communiste


Le Conseil Municipal :
Les élections municipales de 1919 sont un succès pour les Socialistes. La différence de voix entre les deux listes qui s’affrontent est minime ; elle permet toutefois d’élire le 11 décembre un Conseil Municipal avec Gustave Desmettre comme maire, Lauridan et Verkindère comme adjoints. En 1920, tous ces militants adhèrent à la Troisième internationale, malgré l’opposition de V. Vandeputte qui doit quitter Halluin ;

 

Lors des électrions de 1925 à 1929, la présence d’une liste socialiste (S.F.I.O.) empêche la victoire de la liste communiste au premier tour. Mais en 1935, succès inespéré : le parti communiste obtient 57 % des suffrages, bien que, pour la première fois, des ouvriers chrétiens se soient engagés politiquement.

 

Sur un document postérieur à 1925, le conseil municipal au grand complet est photographié dans la cour de la Mairie.  On peut y reconnaître quelques-uns des principaux militants politiques et syndicaux. Autour de Gustave Desmettre sont assis, à sa gauche, Gilbert Declercq, et à sa droite, Jean Verkindère et Victor Dereus. Immédiatement en arrière, se tiennent debout Gustave Casier, qui deviendra Maire d’Halluin à la Libération et Emile Bostoen.

 

Gustave Desmettre, un ancien manœuvre qui bénéficie d’une grande popularité, demeure à la tête de la municipalité jusqu’en 1935. Il est aidé par de nombreux militants tels F. Grenier, employé de mairie, Emile Bostoen et Gilbert Declercq. Ce dernier, devenue Maire d’Halluin après le décès de Gustave Desmettre, est ensuite élu en 1936 député communiste de la 9ème circonscription du Nord.

 

Les Réalisations Sociales : La nouvelle municipalité met de suite en application les principes communistes. Elle engage donc une action directe auprès de la population, soutient au maximum les revendications ouvrières et prévoit le développement des œuvres sociales.

 

Ses interventions sont extrêmement diverses. Elles consistent d’abord en des subventions allouées aux chômeurs grévistes, en des aides aux personnes âgées (colis, dégrèvements d’impôts). En même temps, le conseil municipal organise l’assistance médicale gratuite, le camp de vacances pour les Jeunes. Plus du tiers du budget communal est ainsi consacré à ces tâches.

 

Parmi les autres réalisations importantes, à mettre à l’actif de la municipalité communiste, sont à signaler les constructions de l’école Jules Guesde rue de la Lys, les bains-douches rue de Lille, le dispensaire rue des Ecoles et l’aménagement du jardin public auquel furent employés des chômeurs.

 

L’Action Politique : L’œuvre éducative va de pair avec la propagande. Des conférences, des représentations cinématographiques ont lieu à la Maison du Peuple, une bibliothèque est mise à la disposition de la population. Bien plus, on favorise la diffusion des grands thèmes nationaux du parti communiste : antifascisme, réformes sociales, soutien au droit des peuples, représentation proportionnelle.

 

Lors des grèves, l’ensemble du Conseil Municipal participe activement à la lutte. Il se charge de transmettre à la préfecture les revendications de la C.G.T.U. ou du comité des chômeurs ; il émet des « vœux », propose des solutions aux conflits ou encore demande le retrait des forces de l’ordre et la remise des pouvoirs de police au Maire.

 

La solidarité ouvrière et politique se manifeste également à l’égard des autres régions ou d’autres pays. Une aide concrète est apportée au Front Populaire espagnol. Des vivres et des vêtements sont collectés et de jeunes militants s’engagent dans les Brigades Internationales.

 

On voit sur un document un camion en voie de chargement à proximité de la Maison du Peuple. Le tableau porte l’inscription : « Le 29 juillet 1938. Le camion part avec 5.000 kg de marchandises. Valeur 50.000F. Vive Halluin. Vive l’Espagne ».

 

Les Elections Législatives : Pour le parti communiste, toute élection législative revêt une grande importance. La 9e circonscription du Nord, dont fait partie Halluin, est l’un des rares secteurs où il peut espérer l’emporter, alors qu’ailleurs l’implantation de la S.F.I.O. est trop forte.

 

De 1902 à 1936, le candidat constamment réélu est Monsieur Grousseau, Professeur de Droit à la Faculté Catholique de Lille. Membre de l’Action Libérale Populaire, groupe parlementaire fondé en 1901 afin de rassembler des Conservateurs ralliés à la République, celui-ci est un défenseur acharné de la cause catholique. Le 21 avril 1914, le « Réveil du Nord » l’appelle « l’Homme du Pape au Palais Bourbon ».

 

En 1928 et 1932, les communistes, à la différence des socialistes de 1914 maintiennent au second tour leur candidat et permettent indirectement la victoire de Monsieur Grousseau. Mais en 1936, Gilbert Declercq, Maire d’Halluin depuis une année, enlève la circonscription grâce à l’unité  issue du Front populaire. Plus que les évènements de politique générale, la crise économique et l’action engagée en faveur des chômeurs expliquent ce succès.

 

Après un moment de recul relatif entre 1928 et 1932,  période pendant  laquelle le pourcentage  des  voix  obtenues  aux  différents  scrutins  tombe de 54 à 48 %, le Parti Communiste a donc largement reconquis son audience auprès des ouvriers halluinois. Les fautes tactiques commises lors des grèves de 1930 et 1931, les critiques avancées par les socialistes et les démocrates chrétiens sont momentanément oubliées.

 

C’est d’ailleurs à l’occasion de cette élection législative de 1936 que le parti communiste d’Halluin obtient le meilleur score, 2263 voix et 58 % des suffrages. Ce pourcentage record dépasse légèrement celui des élections municipales de l’année précédente, où il avait obtenu 2141 voix et 57 % des suffrages exprimés.

 

Les Conflits Sociaux


Pleinement soutenu par une municipalité communiste, le Syndicat unitaire (C.G.T.U.) mène un combat virulent contre le patronat d’Halluin. L’industrie textile, qui est le véritable baromètre de la vie économique de la ville, connaît en effet des difficultés. A une première phase de reprise et d’expansion (1919-1928), a succédé une période de régression continue. Grèves et actions revendicatrices sont donc plus nombreuses avant 1930 et certaines d’entre elles vont étendre, bien au-delà de la région, la réputation d’Halluin « ville rouge ».

 

Les Mouvements Revendicatifs : La fréquence des grèves et des mouvements revendicatifs est telle qu’il est impossible de les évoquer tous. En 1924, l’ « Enchaîné » en dénombre 104 pour les cinq années précédentes.

 

A titre indicatif, on peut citer ceux de :

 

1921 : grève générale du textile.

1923-24 : divers mouvements notamment dans les teintureries.

1925-26-27 : grèves multiples aux Etablissements Dufour, Sion, à la Cie Française de caoutchouc.

1928 : 1er mars – 1er juin « conflit Sion ».

1928-1929 : grève générale des « Dix Sous ».

1930 : nouvelle grève générale aux mois d’août et de septembre.

1931 : différents conflits dans le textile.

1932-1933 : des arrêts de travail.

1936 : grèves et occupations d’usines.

1938 : lutte contre les décrets-lois.

 

Une photo montre un groupe de grévistes parmi lesquels les femmes sont très minoritaires. Ils écoutent un leader syndical venu les haranguer. Le port de la casquette est pour l’ouvrier le signe distinctif qui l’oppose à tous ceux qui portent un chapeau, généralement d’une classe sociale supérieure à la sienne.

 

Les Manifestations : Les manifestations sont chose courante à Halluin. La C.G.T.U. et le parti communiste invitent les ouvriers, notamment lors des grèves, à exprimer publiquement leurs revendications et à montrer leur force.

 

Ces rassemblements sont parfois de nature plus politique que syndicale. Ainsi, le dimanche 20 septembre 1925, une « contre-manifestation prolétarienne » répond à l’inauguration d’un monument aux morts, réalisé grâce à des souscriptions privées. Selon l’Enchaîné, « 8.000 travailleurs défilent en rangs serrés, réclamant la paix au Maroc et souhaitant une grève générale de 24 heures pour soutenir leurs revendications ».

 

Pour prévenir tout incident, la rue du Moulin, qui conduit au monument aux morts, est barrée par un groupe de gendarmes à cheval. Ce face à face « manifestants-gendarmes » était un fait familier pour les Halluinois de cette époque.

 

Le Rôle du Consortium Textile : Les rapports entre syndicats ouvriers et organisations patronales sont généralement tendus. Les syndicats chrétiens recherchent très souvent un compromis, mais les Unitaires se montrent plus intransigeants et durcissent les conflits.

 

Face à ces mouvements de grève, les patrons halluinois tentent d’abord de créer une association l’Union Industrielle d’Halluin (1923-1924) puis lors du conflit Sion, décident de se joindre au « Consortium textile » de Roubaix-Tourcoing.

 

Ainsi à partir de 1928, le véritable adversaire des syndicats est Désiré Ley, celui-là même qu’un dimanche de mars 1924, un vaste cortège organisé par la C.G.T.U., avait solennellement « brûlé » en effigie sur la place Jean Jaurès. Cet ancien ouvrier, issu d’une famille modeste, est devenu le véritable maître du Consortium et exerce, pour les syndicats, une sorte de « dictature » sur les quelques 350 usines textiles de la région.

 

Sous couvert de paix sociale, Désiré Ley tente de discréditer les syndicats ainsi que leurs représentants. A cette fin, il utilise les divisions ouvrières, use de la rivalité entre Chrétiens et Unitaires, comme l’indiquent  des « Notes Confidentielles ».

 

Le Conflit Sion : Le 1er mars 1928 éclate aux Etablissements Sion un conflit très dur, qui devait persister au 1er juin de la même année. Son déclenchement a pour origine une diminution réelle du salaire des tisserands, lesquels étaient obligés de travailler avec des textiles de mauvaise qualité. Les communistes menacent de cesser le travail ; les chrétiens, hostiles à une action immédiate, recherchent la concertation.

 

Une fois déclenchée, la grève donne lieu à une diatribe violente. Entre les deux tendances syndicales, c’est la lutte ouverte. Pour la C.G.T.U., les syndicats chrétiens trahissent la cause des ouvriers. Pour la C.F.T.C., les syndicats unitaires veulent obtenir le monopole. Un affrontement est donc prévisible, mais l’entrée de M. Sion au Consortium textile bouleverse les données.

 

Face à Désiré Ley, qui a reçu plein pouvoir et veut écraser le mouvement syndical à Halluin, la lutte devient inégale. La position des syndicats chrétiens est intenable puisque ceux-ci sont mis en accusation aussi bien par les communistes que par D. Ley. Le Secrétaire de l’organisation patronale entretient à merveille ces suspicions à l’égard de ceux qu’il appelle toujours  les « Démocrates-Chrétiens ».

 

La Grève des « Dix Sous »

 

Nombre de grèves ont eu un retentissement régional et les industriels du Textile redoutent la contagion halluinoise   ; La grève dite des « Dix Sous » est à ce titre, exemplaire. Celle-ci succède immédiatement au Conflit Sion, qui a eu lieu entre le 1er mars et le 1er juin 1928. Elle dure du 20 septembre 1928 au 1er avril 1929 et voit s’affronter un Patronat résolu et un Mouvement ouvrier extrêmement combatif, mais une fois encore, divisé. Assurément un échec pour les ouvriers halluinois, cette grève marque un tournant dans l’histoire sociale d’Halluin puisque la C.G.T.U. en sort affaiblie.

 

 L’Origine du Conflit : La grève des Dix Sous ainsi dénommée parce que les ouvriers réclamaient 0,50 F de l’heure, a pour origine l’intransigeance du patronat ou plus exactement celle du secrétaire du Syndicat Patronal de Roubaix-Tourcoing, Désiré Ley.

 

Pour les syndicats textiles de la région, il est alors indispensable d’obtenir une augmentation importante du salaire horaire, compte tenu de l’accroissement du coût de la vie. Une action revendicatrice énergique est donc envisagée et préparée sur l’ensemble de la région textile. La grève générale n’est toutefois pas retenue comme absolument nécessaire.

 

Brusquement la grève prend naissance à Halluin le 17 septembre 1928. Par solidarité avec les mécaniciens qui entretiennent les métiers à tisser, les ouvriers du textile arrêtent le travail et tentent d’entraîner ceux des communes voisines, d’abord dans la Vallée de la Lys, puis à Roubaix-Tourcoing.

 

Dès ses débuts, la grève est donc rude. Un texte intitulé : « A l’index les affameurs !!! » a été placardé 14 semaines après le début du conflit. Il montre la dureté de ce mouvement revendicatif et la volonté des grévistes de parvenir à arracher quelques concessions au patronat. A cet effet, appel est lancé à tous les ouvriers afin de constituer un « front unique ».

 

Distribution de Vivres aux Grévistes : Déclenchée à la demande des ouvriers d’Halluin, la grève n’a été que provisoire. Le 10 octobre, le travail a partout repris, sauf à Halluin et dans les deux communes voisines de Roncq et de Wervicq. Toutes trois se trouvent, de  ce fait, isolées. La résolution du Consortium patronal et la réticence de certains syndicats, qualifiés de « réformistes » par les communistes, ont empêché le mouvement de se poursuivre dans les autres cités industrielles.

 

 Pendant six mois, 6.000 à 7.000 ouvriers textiles, dont près de 5.000 à Halluin, mènent un combat difficile. Pour la C.G.T.U., majoritaire, Halluin est la « citadelle » où il faut à tout prix réussir, où il est indispensable d’assurer une victoire éclatante de la classe ouvrière.

 

Une fois de plus, les syndicats ne peuvent envisager la poursuite de la grève qu’en faisant appel à la solidarité régionale, nationale et internationale. Le problème des secours en vivres et surtout en argent est fondamental. Tant par la C.G.T.U. que par la C.F.T.C., des emprunts sont contractés, des souscriptions sont organisées. Ils permettent de pourvoir à l’attribution de modestes secours financiers et, à la distribution de nourriture.

 

L’Exode des Enfants : La patience des ouvriers est soumise à une rude épreuve, d’autant que la troupe a été appelée pour appuyer les forces de gendarmerie. Les heurts sont d’ailleurs fréquents avec la police : jets de pierres, coups et barricades.

 

Les « Jaunes » ou « Briseurs de grève » subissent les brimades d’une population surexcitée par les privations. La nuit, les goudronnages de façades deviennent fréquents. En représailles, les portes de la Maison du Peuple sont recouvertes également de goudron, puis celles de l’immeuble du Consortium.

 

La répression s’accentue. Aux charges des escadrons de gendarmerie succèdent les arrestations, les expulsions de meneurs syndicaux. Des ouvriers sont condamnés à des amendes ou à la prison.

 

Devant cette situation, des familles acceptent de se séparer de leurs enfants. Encadré par les Forces de l’ordre fusil à l’épaule, le cortège se prépare à quitter la place Jean Jaurès en direction de la gare. Véritable exode qui indique la volonté de résistance et le courage d’ouvriers halluinois.

 

La Reprise : 15 Avril 1929 : « Donnez-nous nos dix sous, C’est notre salaire, Messieurs les filous, Donnez-nous nos dix sous »,

Pendant plusieurs mois, ce refrain a résonné dans les rues d’Halluin. Mais les industriels qui ont refait leur unité et créé l’Union Patronale d’Halluin, refusent de céder et donc de continuer « une politique de concessions ».  

 

La poursuite de la grève devient impossible et il faut bien se résoudre à reprendre le travail. Pour la C.G.T.U. il ne s’agit là que d’une « retraite momentanée ». Pour les syndicats chrétiens, dont beaucoup d’adhérents ont plutôt subi la grève, la reconnaissance par le patronat textile du droit syndical lors de l’usine, interdit de considérer cette grève comme une défaite totale.

 

Une affiche intitulée : Aux ouvriers et à la population d’Halluin » est la seule qui fut placardée à Halluin par l’Union Patronale et ce, le 18 avril 1929 seulement, soit trois jours après la rentrée en usine. En énumérant l’ensemble des activités sociales auxquelles le Consortium Textile affirme se consacrer, le patronat cherche visiblement à atténuer le ressentiment ouvrier.

 

L’Opposition Syndicale


Face aux Communistes, ni les Socialistes affiliés à la S.F.I.O. ni les Conservateurs ne représentent une réelle force d’opposition. En réalité la principale résistance au parti communiste et à la C.G.T.U., provient de l’Union des syndicats libres d’Halluin et environs, dont l’audience n’est pas négligeable auprès des ouvriers. La lutte est certes inégale, mais les militants regroupés autour d’Arthur Houte ne désarment jamais. Il est vrai que le soutien d’un évêque vient, au moment opportun, les confirmer dans leur action.

 

Toute une génération d’ouvriers, très vite initiés à la doctrine sociale de l’Eglise, ont, dès la fin du XIXe siècle, créé à Halluin et dans ce secteur de la Vallée de la Lys un mouvement social d’inspiration chrétienne.

 

Au lendemain de la première guerre mondiale, les « syndicats libres » se reconstituent et adhérent à la C.F.T.C. naissante. Ceux-ci se réinstallent d’abord au Foyer Démocratique, rue de Lille, puis à partir de 1927 à la « Maison des Syndicats Libres » rue des Ecoles.

 

Grâce à Arthur Houte, choisi comme secrétaire permanent, et à bien d’autres syndicalistes tels Gustave et Jules Verkindère, Nestor Saint-Venant, Victor Montagne, Henri Berte et Joseph Declercq existe un syndicat non socialiste mais cependant ouvrier.

 

Un tract de 1927 intitulé : « Réponse à un prétendu… Groupe de Catholiques », dont la rédaction porte l’empreinte évidente de l’aumônier du Cercle d’Etudes Léon XIII, ne peut se comprendre que dans le contexte de l’époque et par rapport à l’origine du mouvement ouvrier à Halluin.

 

Les Difficultés : Les syndicats chrétiens sont violemment pris à partie. Par intérêt immédiat ou par besoin de simplification, ils sont tantôt rejetés dans le camp des Unitaires, tantôt considérés comme alliés du patronat.

 

La rivalité est particulièrement vive avec la C.G.T.U. L’opposition fondamentale réside surtout dans les modalités et la finalité des grèves. Pour les uns, celles-ci sont un ultime recours lorsqu’on a épuisé toutes les possibilités de négociations, alors que pour les autres, elles sont  également un outil « révolutionnaire » et un moyen de formation de la classe ouvrière.

 

Des Libelles circulent ; des injures sont échangées. Aux anathèmes de « sectaires » répondent les cris de « briseurs de grèves ». On dénonce ici l’emprise communiste, la démagogie violente des marxistes ; on condamne là l’esprit conciliateur et le « sentimentalisme » du chrétien.

 

Etranger à la notion philosophique de « lutte des classes », ainsi que l’indique clairement le tract précédent, les militants chrétiens réclament une plus grande dignité pour l’ouvrier, une meilleure organisation des professions, une diminution de la durée de travail ainsi qu’un relèvement matériel et moral de la famille.

 

Mieux que toute définition, une formule résume bien l’attitude des syndicalistes chrétiens de l’époque : « Républicain sans être radical, social sans être socialiste, patriote sans être nationaliste, catholique sans être réactionnaire ». Programme ambitieux et peut-être utopique, qui les condamne à être rejetés par l’un et l’autre camp.

 

Un document intitulé :  Trois adversaires du 1er Mai » visait à discréditer Arthur Houte l’animateur des Syndicats chrétiens d’Halluin et de l’Epi. Il est représenté aux côtés de Robert Sion l’un des plus importants industriels de la commune, responsable selon la C.G.T. de l’un des plus durs conflits sociaux, et de Désiré Ley, le secrétaire du Consortium textile qualifié ici de « fripouille ».

 

Le Soutien d’un Evêque : En 1929, les Syndicalistes chrétiens reçoivent un appui exceptionnel de la part de l’Eglise officielle. Certes l’on savait que le nouvel évêque de Lille était attentif aux questions sociales. En tant que curé-doyen de Tourcoing, il n’avait pas hésité à rappeler au Patronat chrétien ses devoirs et ses obligations. Mais nul ne pouvait s’attendre à voir figurer sur une liste de souscription destinée aux grévistes d’Halluin et publiée par le « Nord social », le nom de Mgr Liénart.  

 

C’était là sans doute l’un des premiers actes, en tant qu’évêque, d’un pionnier d’une Eglise catholique ouverte au monde. Cette prise de position, ainsi que son attitude à l’égard des ouvriers, devait lui valoir maintes critiques de la part du Patronat. Mais l’élévation au cardinalat de « l’évêque rouge » apportait la caution de Pie XI. Etaient ainsi confirmés dans leur action tous ceux qui, à Halluin et dans toute la région , cherchaient à mettre en pratique la doctrine sociale définie par « Rerum Novarum » et qui avaient à affronter un monde patronal hostile aux « Démocrates Chrétiens ».

 

Ces évènements eurent un grand retentissement dans les milieux chrétiens de France, dans la mesure où l’autorité religieuse prenait ouvertement parti pour des chrétiens engagés dans l’action syndicale. Il n’est peut-être pas exagéré de dire, comme Pierre Pierrard : « Les grandes grèves d’Halluin en 1929 marquèrent un tournant décisif dans l’histoire du catholicisme social, orienté dorénavant vers la promotion ouvrière ».

 

Les Elections Municipales de 1935 : Depuis 1919, Halluin est devenue pour le parti communiste une « citadelle ouvrière », où les élections lui étaient toujours favorables.

 

Après une tentative malheureuse, en 1929, leur liste étant qualifiée à tort de liste de Consortium, les chrétiens sociaux se lancent ouvertement dans la bataille municipale de 1935. A leur tête se trouvent Arthur Houte et d’autres militants connus, tous adhérents à la Jeune République.

 

Les résultats restent très positifs pour le parti communiste, mais font chuter la Droite, qui tombe à 13 % des suffrages ; Les « catholiques sociaux » obtiennent 24 % des voix.

 

Tentative audacieuse, combien significative de l’état d’esprit et de la combativité de ceux qui refusent d’être les continuels soutiens des Conservateurs. Du moins, ce vote traduit-il assez bien l’influence réelle des Syndicats Libres auprès de la population ouvrière halluinoise.

 

Figurent sur une photo, prise à l’occasion d’un anniversaire de l’encyclique Rerum Novarum, les principaux syndicalistes chrétiens : Victor Montagne, Arthur Houte, Gustave Verkindère, A. Myngers, Joseph Declercq, Alphonse Houte, J. Verkindère, H. Parmentier, V. Deplanque et G. Vandemelebrouck.

 

Cortèges et Défilés


Pendant  les journées de travail, les rues d’Halluin, même les principales, étaient souvent désertes et silencieuses. Mais, certains jours, les pavés mal joints ont résonné sous les pas des grévistes, tandis que retentissaient les clameurs des ouvriers.

 

 Au cours de la période d’entre les deux guerres, la plupart des grèves ont, en effet, été marquées par d’imposants défilés.

 

Sur une photo, le cortège s’avance précédé du drapeau rouge que des militants syndicaux encadrent. La présence d’une forte escorte de gendarmes témoigne suffisamment de la détermination des ouvriers et de la virulence de certaines manifestations.

 

Sur un autre document, la foule compacte des grévistes et des manifestants, d’où émergent plusieurs banderoles, débouche sur la rue de Lille. A première vue, les participants semblent relativement décontractés, mais les forces de police sont toujours présentes et visibles.

 

Les années 1914-1918 marquent une rupture profonde de la vie urbaine, non seulement parce qu’une municipalité communiste gère différemment la commune et soutient les nombreux mouvements sociaux, mais également parce que les liens traditionnels avec les autres villes de la vallée de la Lys, ou même les relations privilégiées avec Menin commencent à s’affaiblir.

 

Ainsi, faute de trafic suffisant, la ligne de chemin de fer vicinal, qui assurait la desserte des communes françaises de la Moyenne Vallée de la Lys, disparaît. Par contre, depuis 1926-1927, Halluin est reliée à Tourcoing grâce à un tramway électrique. Venant de Roncq, celui-ci emprunte en totalité la rue de Lille et vient stationner à proximité du bureau de douane, face à l’immeuble du Consortium. Mais, à la différence du chemin de fer à écartement normal, il n’y a aucun raccordement entre cette ligne et celle qui relie « Les Baraques »  au centre de Menin (Belgique).

 

Les facilités de déplacement vers Tourcoing n’empêchent cependant pas le maintien d’une certaine originalité. Le poids du passé, les habitudes acquises ou la combativité ouvrière, autant que la position géographique de la commune concourent à maintenir à Halluin une vie urbaine largement autonome et, par bien des aspects, assez originale.

 


Ces archives sont tirées du livre de Dominique Vermander intitulé : « Un siècle d’histoire ouvrière à Halluin (1840- 1940).
  
 

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17 février 2009 2 17 /02 /février /2009 12:19


Voici le troisième et dernier volet consacré au cardinal Achille Liénart, avec qui  la population halluinoise a vécu une partie importante de son histoire sociale.

 

Lors du décès du cardinal Liénart, survenu le 15 février 1973, le journaliste Claude Beaufort écrivait ceci : « Cette sympathie populaire, nulle démagogie ne saurait l’expliquer. Elle ne peut se comprendre que par l’authenticité de celui qui la suscitait ; une authenticité de l’homme qui le faisait reconnaître d’emblée comme l’un des meilleurs : un aristocrate du peuple de Dieu ».

 

En 2001, Maître de conférences à la Catho, Catherine Masson a présenté, lors d’une conférence, la thèse de doctorat en histoire qu’elle a soutenue sur le cardinal Achille Liénart. Lequel fut son grand-oncle…

 

Catherine Masson a limité cette « bible » de 700 pages au travail de l’évêque de Lille. Travail immense cependant qui a donné au jeune diocèse de Lille (créé en 1913) une dynamique pastorale durable.

 

 

Voici quelques grands traits résumés :

 

LILLOIS :  Né à Lille, mort près de l’église où il avait été baptisé. Grand-oncle de Catherine Masson. « Ca n’a pas été évident pour moi de passer de l’oncle Achille au cardina Liénart. Mais au bout de ma recherche, le personnage mythique est devenu plus proche, car plus humain » dit-elle.

Vie familiale équilibrée. Les Liénart-Delesalle ont trois enfants. Achille fait ses études au Collège Saint-Joseph (rue Solférino), puis au séminaire à Paris.

 

 

SOLDAT : Pendant ses études (1901-1910), il est déjà en contact avec le catholicisme social. « Mais c’est la guerre qui l’ouvre à ces réalités-là » note Catherine Masson.

Aumonier volontaire au 201e régiment d’infanterie, il a une conduite exemplaire. Le 14 août 1917, le général Pétain épingle sur sa soutane la croix de chevalier de la Légion d’honneur.

« Toujours en première ligne avec les vagues d’assaut, donnant à tous le meilleur réconfort moral, et se prodiguant sur le champ de bataille auprès des blessés »
indique la citation.

 

CURE-DOYEN : Après la guerre, il devient directeur du séminaire de Lille, qui vient de se créer. Puis, il est nommé curé-doyen de Saint-Christophe, à Tourcoing, en 1926. « Il voulait rendre visite à tous ses paroissiens » raconte un témoin de l’époque.

Mais il n’en a pas eu le temps : en 1928, à 44 ans, il est nommé évêque de Lille – c’est le plus jeune évêque de France.

 

 EVEQUE : Puis, tout de suite, nomme cardinal (1930). « C’était un évêque sensible au signes du temps » commente Catherine Masson. Dans les années 30, il est confronté à la crise économique et sociale, et à la tension qui monte entre le « consortium textile », où se trouvent beaucoup de patrons chrétiens, et les « syndicalistes », chrétiens également.

Le cardinal a favorisé le dénouement de la crise, un happy end rendu possible par la reconnaissance par Rome en 1929 du syndicalisme chrétien…

 

Période aussi d’une grande vitalité pour l’Eglise de France, avec l’essor de l’Action catholique. « Ses initiatives pastorales sont marquées par ce souci : comment annoncer Jésus-Christ à un mode marqué par le matérialisme ? ».

 

CARDINAL DES OUVRIERS : Ou : « cardinal rouge ». « L’expression ne lui correspondait pas du tout, car son action s’est étendue à tous les milieux » dit sa petite-nièce. Y compris aux hommes politiques.

Ainsi, démarches inédites, à peine nommé à Tourcoing le curé Liénart rend visite au maire Gustave Dron, puis à Lille, au maire socialiste Roger Salengro…

Toute sa vie, l’évêque gardera cette conviction fondée sur le Décalogue : l’Eglise doit intervenir en matière sociale. Ce qui ne fait pas pour autant de lui un communiste : « Le communisme est engageant là où il n’est pas le maître, et repoussant ailleurs » note-t-il en octobre 1936.

 

PRESIDENT : En 1940, il devient président de l’assemblée des cardinaux et archevêques. « Il a quelque difficulté à saisir la dimension politique du moment. Il ne veut qu’être pasteur au service de tous et de l’Eglise » commente Catherine Masson.

Un leitmotiv : rester à son poste. Comme Pétain… L’ancien poilu éprouve un attachement très fort envers le maréchal, mais manifestera cependant quelques réticences vis-à-vis du programme pétainiste.


« Il ne se rend pas compte que le gouvernement de Vichy est un jouet aux mains des Allemands ».
Catherine Masson ajoute que, malgré tout, elle n’a rien trouvé chez le cardinal qui puisse être considéré comme de la collaboration.

Rien non plus sur la persécution des Juifs. Juste quelques positions ambigües sur le STO…

 

FIDELE : Après la guerre, l’image du cardinal est un peu ternie. Mais pas salie : en octobre 1944, il est invité à la réception donnée en préfecture avec de Gaulle… Dans les années 50, il est confronté à deux difficultés : l’implication des prêtres dans un combat ouvrier de plus en plus marqué par le marxisme, et dans le même temps, la diminution des vocations. Le cardinal


Se soumet aux décisions romaines, mais ne coupe pas les ponts avec ses ouailles. Lesquelles retrouvent le bercail quand Rome, ne octobre 1965, reconnaît les prêtres-ouvriers… « C’était un homme d’action et de terrain avant que d’être un homme de pensée »  conclut Catherine Masson.

 

 

Le cardinal est décédé en 1973, mais il est encore vivant dans le cœur des gens du Nord. Présent dans toutes les mémoires. Car le cardinal Liénart a marqué son temps, il a marqué l’histoire. En raison d’abord d’une extraordinaire « longévité » :

Achille Liénart a été l’évêque du diocèse de Lille pendant 40 ans, de 1928 à 1968 ! En raison aussi, il faut bien le dire, de cette étiquette aux termes a priori contradictoires, de « cardinal rouge ».

 

Tout cardinal qu’il fut, Achille Liénart n’en était pas moins homme : il lui est arrivé de se tromper. A tout le moins de ne pas savoir – pouvoir ? – lever toutes les ambiguités de sa pensée, notamment pendant l’Occupation. Comme l’a dit le « troisième successeur » du cardinal Liénart, Mgr Gérard Defois, en préambule à la conférence sur la thèse de la petite nièce :

 

 « Le livre de Catherine Masson n’est ni un panégyrique, ni un procès, mais une fresque d’histoire qui ouvre un débat… J’en retire une certaine humilité : être responsable, c’est prendre les risques de son temps ».

 

Et « le temps » d’Achille Liénart a été, simple euphémisme, difficile à l’excès. La Grande guerre d’abord, où, aumônier exemplaire, il est pendant quatre ans au plus près des hommes du 201e régiment d’infanterie, c’est-à-dire au plus près du danger.

La France du Front Populaire. Celle de Pétain. Les grands combats sociaux de l’après-guerre, son soutien sans faille aux prêtres-ouvriers…

 

Mais jamais, quelles que soient les circonstances, quels que soient les combats, sa popularité auprès de ses diocésains n’a faibli. Comme l’écrit Catherine Masson :

 

« Il fut un homme de dialogue, de conciliation, de conviction, fidèle d’un bout à l’autre à ses grandes options, soucieux, mais sans exclusive, d’atteindre les masses déchristianisées, et surtout le monde ouvrier… ».

 

 

(Archives Presse)

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