Dans le cadre de l'exposition « Halluin ville textile », qui aura lieu du 4 au 18 octobre 2009 à la ferme du Mont Saint-Jean, le cercle généalogique de la Vallée de la Lys et du Ferrain organise le samedi 3 octobre, à 15 h, une conférence sur les « Heurs et malheurs du textile ».
Depuis le Moyen-âge, les paysans du « plat pays » de l'agglomération lilloise et des villages environnants ont acquis un savoir-faire dans la fabrication artisanale du fil et du tissu. Les fabricants et marchands qui leur fournissaient se sont aguerris à la conquête des marchés.
Depuis des siècles, le textile connaît une profonde et irrémédiable reconversion, faisant disparaître des milliers d'emplois et un grand capital de compétence. D'un premier centre textile du monde, aujourd'hui, il ne reste plus que de multiples bâtiments caractéristiques, vides, donnant l'impression que s'achève inéluctablement une histoire plus que millénaire.
Philippe Tabary, auteur et conférencier
Il est important de conserver la mémoire de cette épopée textile glorieuse et à la fois triste, vécue au cours des siècles par des générations successives d'ouvriers textiles comme des capitaines d'industrie qui ont oeuvré, créé, développé et modernisé cette belle industrie.
La conférence proposée dans le cadre de l'exposition « Halluin ville textile », hôte de la ferme du Mont Saint-Jean, sera animée par Philippe Tabary, natif du Cambrésis. Familier de la Flandre, ce dernier a fait l'essentiel de ses études en région lilloise et, aujourd'hui, réside dans l'Avesnois, près de la ville de Fourmies qui a laissé son nom dans l'histoire ouvrière (autour notamment des revendications des ouvriers textiles et du 1e r mai 1891).
Journaliste de formation, fonctionnaire européen depuis plus d'un quart de siècle et écrivain régional connu, Philippe Tabary a obtenu notamment le prix Olivier de Sèvres en 1997 au niveau national.
Il a consacré à ce monde textile un de ses romans, Le fil rompu, qui raconte l'histoire typique d'un ouvrier textile de filature autodidacte, qui se hisse progressivement au plus haut sommet de la hiérarchie : ouvrier puis contremaître chef, avant de connaître les affres du chômage avec la fermeture de son usine.
La conférence de l'auteur a une portée plus large puisqu'elle reconstitue le passé du textile dans nos sociétés et dans l'histoire humaine, ses troubles sociaux, son syndicalisme, de la vie publique qui ont marqué l'histoire de notre pays.
Ni réquisitoire, ni simple évocation linéaire, cette conférence est une invitation au voyage dans une mémoire collective, pour mieux relativiser les événements d'aujourd'hui et mieux comprendre ceux d'hier. À l'issue de la conférence, Philippe Tabary dédicacera son ouvrage.
(Archives, N.E., 30/9/2009).
Exposition…
L'exposition sur l'évolution du textile intitulée « Halluin, ville textile », sera inaugurée à l'issue de la conférence, ce samedi 3 octobre vers 16 h 30. Dotée de plus de 300 documents photographiques, elle permet de feuilleter l'épais album des industries textiles halluinoises, de la fin du XVIII e siècle aux années soixante-dix. En collaboration avec l'association ARPH (À la recherche du passé d'Halluin), on parcourt les années de gloire de Tissavel, Lepoutre, Sion, Loridan, Stock, Vandewynckele...
Entre les cadastres, les livres de comptes, les navettes, les tapisseries d'exception de meilleurs ouvriers de France et la collection itinérante des archives départementales du Nord, on redécouvre les images des courées, la fabrication du linge et on s'invite parmi des rangées de médaillés du travail.
« Nous prendrons note de tous ceux qui reconnaîtront le visage de leurs aïeux », prévient Jean-Pierre Polnecq, président du Cercle généalogique. « C'est un peu aussi un travail de recensement... »
À noter que cette exposition permettra également de découvrir un métier à tisser, des maquettes avec démonstration de tissage et même des démonstrations de filage au rouet ! « Proposée aux écoles du secteur, cette exposition devrait également être appréciée par plus de 200 élèves d'Halluin et des environs », se réjouit le président du Cercle généalogique.
Des projections. Pour compléter cette longue histoire du textile, le Cercle généalogique propose également des projections vidéo « avec des documents d'une durée de 45 minutes à 1 heure 30 ».
Dans une salle de 22 places maximum, plusieurs films sont au programme : L'histoire la laine, l'histoire de Tissavel de 1953 à 1989 et la diffusion d'un reportage de France 3 (datant de 1999) sur les Canuts de Varsovie. « Le choix du film sera décidé en concertation avec le public, le jour même de la projection », annonce Jean-Pierre Polnecq. Les 4, 7, 10, 11, 17 et 18 octobre, à 15 h, à la Ferme du Mont Saint-Jean (entrée libre). 7, Chemin d'Eau à Halluin. Contact : 06 83 80 69 91.
(Archives, VdN, 3/10/2009).
Un travail de fourmi
Si l'industrie textile s'y fait plus rare, on tisse toujours des liens à Halluin. L'expo consacrée au textile à la ferme du Mont St-Jean a fédéré dans un même élan associations et services municipaux, Halluinois et résidants d'autres communes.
Quand archives municipales et associations tissent ensemble, le résultat n'est pas une toile destinée à concourir au titre de Meilleur Ouvrier de France, mais une expo qui ourdit les documents sur l'industrie textile en général avant d'y tramer la vie des Halluinois.
De précédents articles ont présenté cette exposition et mentionné l'implication des archives municipales. Mais quel a été précisément le rôle de l'archiviste, et celui des services municipaux ? Philippe Marcaille répond par une boutade en forme de générique de film :
Valérie Ben Hamouda au plastifiage des panneaux, Marie-Madeleine Boone aux connaissances historiques de la commune, Michel Vancrayenest à la technique, Jacques Mahieu à la photo et Jérémy Vincenti pour les textes, avec Nathalie Lorthioir comme conseillère technique, sur un thème et une idée du cercle généalogique de la vallée de la Lys et du Ferrain. On complète d'instinct : Philippe Marcaille à la réalisation.
Sans saisir forcément de prime abord le rôle de tout un chacun, on se rend compte que nombre d'entre eux ne sont pas employés municipaux. Rendez-vous sur le site de l'expo à deux jours de l'inauguration pour comprendre. La plupart des protagonistes sont là, à peaufiner ceci ou cela, voire même à rajouter encore des documents et témoignages.
« Lors du partage des tâches, il a été convenu que le cercle présenterait les documents et objets qu'il pourrait rassembler sur l'industrie textile et que nous travaillerions sur le passé industriel textile d'Halluin. On y réfléchit depuis avril : comment présenter ça, quel fil directeur choisir ? » se remémore Marie-Madeleine. Mais comment est-elle arrivée là ? C'est l'archiviste qui répond : « j'ai choisi de travailler à plusieurs. Nous nous complétons. Marie-Madeleine, c'est la mémoire d'Halluin. C'est un atout pour moi qui ne suis pas halluinois ».
L'équipe a choisi comme fil directeur des plans cadastraux tracés entre 1908 et 1910. Et vous saviez où ça allait vous mener ? « Non, c'est comme un arbre, de nouvelles idées viennent, il pousse de nouvelles branches. Ou alors c'est parce qu'on trouve un document intéressant. J'ai encore découvert quelque chose il y a deux jours », confie-t-il l'oeil gourmand.
Le livre édité par l'association du docteur Louf a fourni une bonne part des documents présentés. Ce dernier a aussi fourni des reproductions de photos anciennes. « Si j'avais su qu'elles seraient sous pochettes plastiques, j'aurais prêté les originaux », s'exclame-t-il en découvrant les cimaises.
Même du développement durable !
Voilà où intervient Jacques Mahieu : « Pour les panneaux plastifiés, ou pour des documents que le propriétaire ne veut pas risquer dans l'expo, je fais un tirage photo identique à l'original ». Les documents sur chaque entreprise sont reliés par un fil rouge à leur emplacement sur le plan cadastral.
Un travail de fourmi réalisé par Marie-Madeleine. Travail d'autant plus délicat que nombre de rues ont changé de nom au fil du temps. Jérémy a concocté les textes du fascicule remis aux visiteurs. « Il est embauché aux archives depuis le 1e octobre. Grâce à lui, le classement sera plus pointu et nous pourrons répondre plus rapidement aux attentes du public », se réjouit Philippe Marcaille. Jérémy est ce jeune homme qui était venu travailler bénévolement pour l'expo anniversaire du jumelage avec Oer. On se réjouit qu'il puisse travailler dans un domaine qui le passionne.
Enfin, pour la petite histoire, notons que le service des archives n'a pas attendu l'agenda 21 pour jouer le réemploi. Les panneaux supports de l'expo proviennent de Décofrance. Leurs homologues ont déjà servi pour d'autres expositions, mais ici ce sont deux éléments du patrimoine industriel passé qui se lient, noués par les mains des Halluinois d'aujourd'hui.
Expo sur le textile, ferme du Mont St-Jean, chemin d'eau, du 4 au 18 octobre, entrée gratuite. De 14 à 18h, les samedis et dimanches, de 14 à 17h en semaine.
(Archives, N.E., 4/10/2009).
LIENS : Un Pan d'Histoire Ouvrière Halluinoise...
La Vie Halluinoise dans les Entreprises Textiles... Témoignages.
Halluin au temps des "Trente Glorieuses".
Conférence du 3 octobre 2009.
« Le textile a créé beaucoup d'emploi, mais il a également développé le chômage. ... De 150 000 emplois, cette industrie est ainsi passée à 15 000 emplois. En relativisant tout de même, avec les entreprises actuelles, mises sur pied par les lainiers : VPC, Mulliez... »
Cette phrase-choc de Philippe Tabary, pendant sa conférence intitulée « Heurs et malheurs du textile », a donné un aperçu de l'importance de cette activité traditionnelle dans la région. Plus de cent personnes ont assisté à cette conférence donnée avant l'inauguration de l'exposition « Halluin, ville textile », à la ferme du Mont-Saint-Jean, samedi après-midi.
Un retour en arrière chargé de souvenirs pour Pierre Cornard, qui a mis un temps fou à la réalisation d'une maquette au 1/10 d'un métier toile du type Olivier. « J'ai quitté le textile en 1968, après les grèves, mais la passion du tissage m'anime toujours », dit-il avec une pointe de nostalgie.
Que dire des deux frères Devlieger, Roger et Jean-Marie, qui ont tous deux débuté le travail à l'âge de quatorze ans, récoltant chacun au passage un titre de Meilleur Ouvrier de France. Employés chez Tissavel, les deux frères avaient été envoyés en Chine par leur entreprise, pour une délocalisation qui n'a pas marché.
« Les Ets Tissavel, témoignent-ils, ont tenté de s'implanter près de la ville de Kuingdao, célèbre pour sa bière. Autant dire que nous n'étions pas dépaysés, mais bref ! » Textile quand tu nous tiens !
« Cela m'a pincé le coeur »
Autre passionné, cet ancien directeur d'usine de tissage de toile à matelas qui, après la fermeture de l'établissement, se rendait en douce dans les locaux pour continuer de s'imprégner de l'ambiance et des odeurs.
« J'avais, par devers moi, conservé une clef de l'usine et cela me faisait plaisir de m'y rendre de temps en temps. Hélas, une personne bien intentionnée m'a vendu et un jour, la serrure avait été modifiée. Cela m'a pincé le coeur », confie Raymond, un sourire au coin des lèvres.
Alors, avis aux amateurs : l'exposition dure jusqu'au 18 octobre, de 14 heures à 17 heures, en semaine.
(Archives, VdN, 5/10/2009).
Le week-end dernier, les visiteurs sont venus nombreux assister au lancement de l'exposition.
Cousu de fil blanc, filer un mauvais coton, de fil en aiguille... La langue française a été profondément marquée par l'époque où le textile était le fleuron de l'industrie nordiste. Philippe Tabary, écrivain et porte-parole de la Commission européenne sur les questions agricoles, l'a rappelé à un auditoire captivé samedi après-midi lors d'une conférence à la Ferme du Mont Saint-Jean.
Il a retracé l'histoire de cette activité lors d'un récit teinté d'humour. De la domestication du mouton au déclin des filatures, des langes au linceul, il a montré l'importance du textile dans l'évolution de notre société et, au passage, décousu quelques idées reçues. Celle qui fait de la mondialisation une cause de la faillite industrielle par exemple.
« Nos entreprises sont parties à la conquête du monde, dans la Russie des Tsars, dans l'empire Ottoman ou aux Etats-Unis. Le mouvement est parti d'ici. » Le nombreux public a apprécié le propos. « C'est un excellent orateur. J'ai été passionné par l'aspect humain de l'histoire. J'ai appris pas mal de choses », reconnaît Marc Dewavrin, ancien négociant en laine.
Suite à la conférence, le Cercle généalogique de la Vallée de la Lys et du Ferrain a inauguré l'exposition réalisée grâce au concours de l'association A la recherche du passé halluinois et des archives municipales et départementales. Les férus d'histoire ont pu découvrir des photos et des documents sur les anciennes industries locales telles que Tissavel, Lepoutre ou Loridan.
Démonstrations de filage
En point d'orgue, Julie Vanmeenen, animatrice de la ferme du Mont Saint-Jean, propose une démonstration de filage au rouet. « J'ai suivi une formation d'une dizaine de séances auprès de M. Coley, un des derniers à toujours filer la laine, pour préparer l'exposition et mettre en valeur le travail de l'association. »
Un peu plus loin, l'ancien tisserand Pierre Cornard expose une reproduction d'un métier à tisser à l'échelle 1/10e entièrement confectionné à la main par ses soins. « C'est un travail qui a pris dix ans. Je suis en train d'en fabriquer un autre avec un mécanisme à aiguilles. »
De quoi impressionner les plus connaisseurs. Dernière étape du programme, la projection de documentaires sur le musée du Jacquard à Roubaix et le travail de la laine. Les visiteurs peuvent aussi y découvrir Tissavel, l'entreprise de Georges Pouille qui a connu une expansion internationale en produisant de fausses fourrures à la qualité inégalée.
Halluin, ville textile. Ferme du Mont Saint-Jean, chemin d'eau. Exposition salle du Moulin Hollebeke jusqu'au 18 octobre de 14h à 18h les samedis et dimanches et de 14h à 17h en semaine. Projections salle du Four à pain les 7, 10, 11, 17 et 18 octobre à 15h. Contact : 06 83 80 69 91. Entrée gratuite.
(Archives, N.E., 7/10/2009).