Autrefois au cours des veillées, les anciens racontaient leur enfance, leurs souvenirs. Les veillées ont disparu et les jeunes ne prennent plus forcément le temps de questionner les anciens.
Pour collecter ces paroles, l’association des Seniors halluinois, en collaboration avec Cinélys, a créé un comptoir de la mémoire :
« Notre but est de collecter des témoignages de la vie de tous les jours, tant que mles personnes âgées ont encore le goût et la force de raconter » précise Roland Verkindère, passionné d’histoire.
Au commencement…
En septembre 2003, les membres de l’association se disent prêts à se déplacer pour recueillir ces précieuses paroles, qui sont enregistrées ou filmées.
« Il suffit d’un évènement pour que des tas de souvenirs reviennent à la surface. Ce fut le cas avec la démolition de la brasserie Lejour, certaines personnes spontanément nous ont raconté leur passé ».
Le dimanche 21 septembre 2003, lors des Journées du patrimoine, l’association avait ouvert un premier comptoir. Trois personnes y sont venues raconter leurs souvenirs.
« C’est incroyable comme au travers de la vie quotidienne, on redécouvre un tas de choses… »
Ainsi lors des tables rondes avec des Halluinois sur l’histoire de la ville, organisées ce dimanche là, des petites histoires du quotidien ont souvent autant passionné que les grands évènements. Comme celle racontée par Roland Backelandt qui travaillait au tissage Glorieux :
« Un jour le patron décida de faire racheter aux ouvriers leurs malfaçons. Nous avons donc décidé de les revendre un peu moins cher pour ne pas perdre d’argent. Mais cela créa une véritable concurrence pour le patron, qui abandonna cette idée ».
(Archives, D.D., Presse).
Premières réunions en 2006
Sauvegarder la mémoire vivante au travers de témoignages, c’est l’idée émise par Roland Verkindère de l’Association des Seniors Halluinois. Des réunions seront organisées à l’estaminet du Moulin où celles et ceux qui le souhaitent pourront venir raconter leur histoire sur un thème choisi.
Roland Verkindère en connaît un rayon sur le passé de sa commune. Il est d’ailleurs chroniqueur du journal paroissial « La vie chez nous » où il remonte le temps à la manière d’un métronome. Il est actuellement calé sur l’année 1935 quand Gustave Desmettre était le maire d’Halluin. Epoque où l’on comptait 200 abonnés au téléphone contre plus de 5.000 aujourd’hui !
« L’idée est de faire parler les anciens mais aussi les plus jeunes sur un certain nombre de thèmes » insiste-t-il avec la faconde qu’on lui connaît. Car l’histoire, c’est un matériau des plus précieux. Et tout commence souvent sur un zinc, au café. « L’estaminet du Moulin mérite d’être davantage utilisé, c’est un lieu qui se prête bien à la conversation, donc c’est là-bas que seront organisées ces réunions », poursuit-il, le 1er thème abordé sera consacré aux cafés, bistrots, estaminets d’antan ».
Bonne pioche ! On recensait pas moins de 330 cafés et cabarets à Halluin en 1906 ; Dans la rue de la Paix où ils ont totalement disparu, on en comptait 10 ! « Dans le temps, la femme tenait le café en journée et l’homme en soirée, après son travail », reprend Roland Verkindère. Des femmes qui reviennent aujourd’hui derrière le comptoir comme « A la cloche » place de l’Abbé Bonpain, ou au « Longchamp », rue Marthe Nollet.
Durant ces réunions, les membres de Cinélys viendront filmer et enregistrer les témoignages. »Jean Delafosse qui a tenu « Le petit Baptiste » a accepté de venir comme sa femme. M. Gheysen qui a tenu le 1er PMU d’Halluin, ouvert en 1958 en lieu et place de l’actuel « Daniels » sera là également, on pourra vraiment faire quelque chose ».
Des thèmes divers et variés
Cette initiative est d’ailleurs soutenue par plusieurs associations halluinoises : gestion de l’estaminet et du vieux Moulin, le cercle généalogique et l’association de sauvegarde des chapelles, à la recherche du passé d’Halluin, association des seniors halluinois.
Roland Verkindère imagine très bien comment s’organiseront ces séances : un ou deux témoins se lanceront, la salle s’échauffera, les échanges s’organiseront sous la conduite d’un animateur, tout un chacun aura la possibilité de s’exprimer ou de goûter simplement le plaisir d’écouter. Pas de phrases « endimanchées », on raconte, on approuve, on complète, on conteste comme autrefois lors de veillées ou de pauses de travail ! ».
Et d’énoncer plusieurs thèmes possibles : naissances, baptêmes, communions, les fêtes familiales et collectives, les premiers congés payés, la vie au travail, la santé et le système de soins, le logement de l’enfance à la retraite, l’école, de la garderie aux cours du soir, les travaux des champs… ducasses, défilés et processions, les transports du temps jadis, mariages d’autrefois, des fiançailles aux noces d’or, etc. Bref, de quoi engranger des trésors d’anecdotes et d’éclats de vie.
Deux autres points d’organisation méritent d’être soulignés : une liste de questions ouvertes sera proposée à chaque foi pour déclencher l’expression et selon les thèmes abordés, pourra être sollicitée la présence d’un ou de plusieurs enfants d’âge scolaire ou de jeunes de la MJC et d’ailleurs.
On remarquera au passage qu’après 1939, rien n’a été formalisé quant à l’histoire d’Halluin. Une commune déjà très peuplée durant la dernière guerre (14 000 habitants) et dont la relance économique au lendemain des hostilités a été marquante.
Pour la 1ère réunion prévue le 20 janvier 2006, un covoiturage depuis la résidence Val de Lys vers l’estaminet du moulin est prévu.
(Archives, N.E., 6/1/2006).
Et maintenant en 2007 – 2008 – 2009…
Tous les troisièmes vendredis du mois, dans un lieu privilégié, aménagé à l’ancienne, vous mettez un tiers d’Association des Séniors, un tiers des Amis du Moulin et un troisième tiers de Cinélys, auxquels vous ajoutez un quatrième tiers, si, si…
En la personne de l’animateur Roland Verkindère, qui assure à chaque séance, et quel que soit le thème évoqué, le lien entre les différents ingrédients.
Ajoutez parfois un peu de Généalogie, un peu De Kapelle ou de Recherche du passé d’Halluin, le tout additionné d’un fond de Ville d’Halluin pour la partie sonorisation, et vous obtiendrez une recette passionnante, la preuve en est que chaque séance regroupe plus d’une cinquantaine de personnes.
Les sujets évoqués portent sur des périodes définies : « La guerre 1939-1945 » par exemple, sur des phénomènes de société comme « Les estaminets », la culture locale « Les sociétés de musique », l’économie « L’évolution du textile ».
L’année 2007 s’est terminée sur « L’entraide depuis un siècle » et 2008 a commencé avec « La condition féminine à Halluin »…
Pour chaque séance, Roland Verkindère invite « des connaisseurs » chargés de mettre en bouche le public et ensuite chacun peut apporter sa « part de gâteau »…ET on en apprend quelquefois de belles, mais comme il y a prescription… c’est l’humour qui l’emporte.
Pendant tout ce temps, les caméras de Cinélys filment et à 16 h 30 tout est « en conserve ».
Rappelons que l’on peut se procurer les DVD de chacune des séances auprès des associations mentionnées ci-dessus et que l’entrée y est libre.
(Archives, D.D., Presse).
Roland Verkindère, de l'Association des Seniors Halluinois rappelle que l'estaminet de la mémoire va changer de formule avec 3-4 séances dans l'année 2009 au lieu d'une par mois. « On va essayer de dédoubler ce rendez-vous avec une séance le dimanche matin de 10 h 30 à 11 h 30 », a-t-il annoncé. Prochain rendez-vous en avril 2009 avec une séance consacrée aux témoignages de celles et ceux qui ont travaillé dans des grandes entreprises halluinoises aujourd'hui disparues.
(Archives NE 23/1/2009).
Durant cette année 2010, sur ce blog, vous pourrez suivre une rétrospective des réunions organisées par l’estaminet de la mémoire depuis 2006. Cette rubrique sera intitulée : " La Mémoire Halluinoise".