Publication relative à l'histoire de la ville d'Halluin 59250. Regard sur le passé et le présent.
Rappelons, succinctement, le rôle de quelques personnalités halluinoises, lors de la guerre 1939 - 1945 :
Albert Louf est né le 3 avril 1891 à Saint-Pierrebrouck.
En 1940, le Docteur Louf était, évidemment, devenu un véritable Halluinois d’adoption, depuis septembre 1920, date de son installation, après avoir achevé ses études à la faculté de médecine de Paris.
Après la guerre 14-18, une seconde fois, la patrie faisait appel à ses services en septembre 1939 ; avec quelques-uns de ses anciens camarades de la Grande Guerre, avec la multitude des nouveaux mobilisés, il répondait « présent ». Cette drôle de guerre est pour lui une période d’intense activité.
Le Commandement militaire lui ayant confié les fonctions de médecin-chef de l’hôpital de Calais, il déploie là ses grandes qualités d’organisateur, prévoyant jusqu’au plus petit détail, et faisant de ce grand établissement un hôpital modèle et moderne, appelé à remplir dans les conditions les meilleures et les plus rapides, le rôle qu’en attendait le service de santé militaire.
Les circonstances ont voulu que ce rôle soit bien éphémère. La foudroyante offensive allemande, anéantissant en quelques heures, les fruits d’un labeur de plusieurs mois, le surprit en plein travail, soignant avec un extrême dévouement les nombreux blessés, sous un effroyable bombardement.
Fait prisonnier le 26 mai 1940, il fonde à Givet un hôpital d’éclopés pour les colonnes de prisonniers de toutes nationalités, avant de devenir médecin-chef de l’hôpital de prisonniers de Charleville-Mézières.
Démobilisé fin 1940, il rentre à Halluin où durant les quatre années d’occupation ennemie, il fit face avec calme, sang-froid et dignité aux vexations de l’occupant. Plus que tout autre, témoin des conséquences de la guerre, des privations et souffrances de toute une population, son cœur généreux et son dévouement à toute épreuve ont prodigué non seulement soins matériels, mais aussi le réconfort de ses encouragements, de ses consolations et de sa foi en la victoire finale.
Et quand pour la ville s’approche la délivrance, quand partent les premiers coups de feu de nos F.F.I, Albert Louf est là présent, redevenu le médecin militaire donnant ses soins aux blessés, sans le moindre souci de danger.
A la libération, il est président fondateur du M.R.P. d’Halluin et, à ce titre, accueille le 3 mars 1945 Maurice Schumann, porte-parole de la France Libre, au cours d’une réunion mémorable, salle du manège.
Charles Dereu, naissait à Linselles le 30 juillet 1900.
Ancien interne de cette faculté et de la maternité Sainte-Anne, le docteur Dereu passa toute sa carrière à Halluin, puisque son cabinet, situé rue de Lille, fonctionna jusqu’en décembre 1969.
Auparavant, il fut mobilisé en 1939 et fit la campagne 39-40 accédant au grade de médecin-commandant après dix mois de campagne. Il a ensuite repris ses fonctions de généraliste et a assuré la défense civile, prodiguant des soins à une dizaine de résistants et à plusieurs blessés en septembre 1944.
N’oublions pas aussi les Docteurs Henri Bolvin et Alphonse Geerlandt médecins halluinois qui participèrent comme membres du mouvement de résistance des F.T.P.F. d’Halluin.
Au matin du vendredi 1er septembre 1944, le responsable du patronage l’abbé Michel Beddelem congédie les enfants, un peu avant l’heure, après leur avoir appris en sourdine « La Marseillaise. »
Il leur promet la Libération pour le dimanche, et leur recommande de ne pas sortir de leur maison pendant les jours suivants, parce que dit-il : « Vous pourrez me chercher vous ne me trouverez pas, je ne bougerais pas. »
L’abbé Beddelem originaire de Boeschèpe où il est né en 1908, fut ordonné prêtre en 1935. Nommé vicaire à Halluin, il y resta jusqu’en 1945.
Au lendemain des évènements dramatiques du samedi 2 septembre 1944, les cloches sonnent pour convier les gens à la messe comme d’habitude de 6 h 30 ! Quelques rares halluinois, venant des endroits où rien ne s’est produit la veille, y assistent.
Entouré des enfants de chœur Jean et Paul Delafosse, ainsi que deux assistants Jacques Delafosse et Maurice Vandewoestyne, l’abbé Beddelem célèbre l’office. A cette heure précise, rien ne se produit dehors, un calme relatif s’est installé.
Les halluinois se souviennent bien de ce prêtre dynamique et populaire, c’était un fonceur, et il en donna la preuve particulièrement devant l’occupation allemande.
Il fut tout naturellement résistant et s’évertua à fournir du ravitaillement à de nombreuses familles.
Aussi, envers et contre tout, l’abbé Beddelem organisa durant l’été 1942, 1943 et 1945 les colonies de vacances au Mont-Noir, dans une habitation qui appartenait à un halluinois Raymond Defretin et où, pour l’anecdote, l’Académicienne Marguerite Yourcenar a passé sa jeunesse, juste à côté.
Hildevert Wancquet est né le 30 juin 1900 à Menin (B).
En 1914, à 14 ans, il ne répond pas à une question des Allemands qui lui mettent le revolver sur la poitrine.
En 1939, il est mobilisé au 1/14e compagnie des travailleurs militaires. Fait prisonnier, et alors qu’il est dirigé sur l’Allemagne par voie fluviale, il s’évade, et revint définitivement à Halluin.
Courageux et efficace, il s’engage alors dans la Résistance de 1940 à 1944. Hébergeant des soldats alliés, il accomplit avec son équipe de nombreux actes de sabotage. Aussi, pendant l’occupation, il s’est efforcé de protéger la jeunesse et les sportifs en particulier, leur donnant la possibilité d’apprendre un métier, les ravitaillant et les empêchant de tomber aux mains des Allemands.
Henri-France Delafosse est né le 1er Octobre 1894 à Saint-Florent (Cher).
De l’enfer des tranchées de 14/18 au secrétariat du Commandement en chef des armées alliées du Maréchal Foch, Henri-France Delafosse aura tout connu !
En 1920, Henri-France Delafosse était l’un des fondateurs de la section halluinoise de l’Union nationale des Combattants, avant de devenir président actif en 1937, puis président d’honneur en 1945.
Le 2 septembre 1939, la seconde guerre mondiale est déclarée ; le soir même, Henri-France Delafosse président de l’U.N.C. d’Halluin propose à la commission de constituer un comité d’entraide aux combattants halluinois. Le bureau, présidé par lui-même et composé de :
MM. Victor Hottelart, Pierre Defretin, Maurice Toulemonde, Julien Verhulst, crée le 12 septembre 1939 la première œuvre de ce type en France.
Au 17 mai 1940, date de l’arrêt forcé de l’activité du Comité, par suite de l’imminence de l’arrivée des troupes allemandes, ce sont 1600 colis qui ont ainsi pris la direction du front, tandis que 450 mandats étaient adressés aux combattants.
Ce mouvement sera élargi, par la suite aux prisonniers ; à la date du 31 mars 1942, 3573 colis ont été fournis aux familles de prisonniers et 4012 colis ont été expédiés directement par les soins du Comité d’Entraide.
Durant cette période douloureuse de 39-45, le rescapé de Verdun milita en sa qualité de membre du Rassemblement démocratique des résistants d’inspiration chrétienne.
Après la guerre, en 1948, il proposa avec M. Maurice Toulemonde d’ériger un mémorial aux enfants d’Halluin de 39-45. Ce projet trouva son accomplissement grâce à une souscription publique.
Membre fondateur aussi du groupe des mutilés de guerre, c’est sous sa présidence que cette association fit don de la magnifique grille qui entoure le monument aux morts, rue de Lille, arborant les inscriptions : Bravoure, Patrie, Endurance, Sacrifice, Honneur, Vaillance, Courage, Héroïsme.
« A cet hommage j’associe tous les combattants, les prisonniers, les déportés, tous les anonymes qui ont contribué à la défense de notre ville d’Halluin, de la France, et de la Liberté retrouvée !
Malgré toutes les souffrances, tous les drames, toutes les douleurs, il restera l’explosion de joie populaire et le souvenir ineffaçable de cette fraternité vécue dans chacune de ces centaines de « libérations » qui firent la « Libération ».
De ces instants extraordinaires, inoubliables d’émotion partagée. Ces minutes, avait dit le Général de Gaulle,
« Qui dépassent chacune de nos pauvres vies »…
Daniel DELAFOSSE
(Archives et Synthèse, D.D.).