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Publication relative à l'histoire de la ville d'Halluin 59250. Regard sur le passé et le présent.

La Guerre 1914 - 1918 - Halluin (57) L'Halluinois Joseph Declercq Président-Fondateur des Mutilés de 14-18... Hommage.



Né en 1891, Joseph Declercq mutilé de la Grande Guerre, titulaire de la Médaille Militaire, fut notamment le créateur du journal de liaison « Le Bulletin Halluinois » et le Président fondateur du groupement halluinois des Mutilés de la Guerre 14-18

 

Lors de son  décès survenu en 1959, son ami Henri-France Delafosse vice-président et co-fondateur du groupement des Mutilés, a fait l’éloge du disparu en ces termes :

 

« Joseph Declercq n’est plus…

 

Telle fut la pénible nouvelle qui se répandit en ville mardi dernier, causant à tous, une indicible émotion.

 

Plus de cinquante années d’amitié profonde me donnent le droit mais aussi le devoir d’adresser un suprême hommage à cet homme de bien, au nom de tous ses camarades Anciens Combattants et Mutilés de Guerre, qui lui doivent tant, car il les a tant aimés.

 

Né en 1891 et descendant d’une très honorable famille halluinoise, j’apprends à le connaître dès son adolescence, et tous ceux qui comme moi l’ont approché, se souviendront de ce grand garçon à la fois réfléchi et jovial, studieux, turbulent, passionné dès sa jeunesse pour toutes les idées généreuses que lui inspire un véritable amour du prochain.

 

Il semblait né pour l’apostolat, cherchant toujours à convaincre et à répandre autour de lui ce qu’il croyait être la vérité. Très jeune, il étonne déjà par ses connaissances étendues, et ses jeunes camarades d’alors ont peine à comprendre la profondeur de son raisonnement, la sincérité qu’il déploie et qu’il s’efforce d’inculquer à son entourage.

 

Mais c’est à l’âge de 18 ans, que se précise sa véritable vocation. Il décide de se consacrer entièrement au service de Dieu, au petit séminaire d’Hazebrouck.

 

Durant deux années, il y perfectionne son instruction, tandis que se développent encore sa grandeur d’âme et la générosité de son cœur.

 

Appelé en 1912 au service militaire, il sert au 91e d’Infanterie de Mézières, y devient Caporal lorsque l’épouvantable cataclysme de 1914 éclate, qui bouleverse son avenir, en meurtrissant son corps.

 

Des combats, il n’a guère qu’un avant goût. Grièvement blessé aux genoux, au cours des premiers contacts avec l’ennemi, il est évacué à Bordeaux, où la gravité de sa blessure nécessite l’amputation de la jambe gauche.

 

Le voilà, à 22 ans, grand mutilé, incapable désormais de poursuivre la route qu’il s’était tracée. Il supporte vaillamment la souffrance durant de longs mois d’hospitalisation, mais ne se décourage nullement. Il songe déjà à une autre forme d’apostolat.

 

La guerre fait d’énormes ravages et déjà de nombreux foyers sont atteints. Combien d’enfants sont orphelins ? Joseph Declercq s’en émeut et voit s’ouvrir à lui, une occasion de se dévouer, de se dépenser.

 

A peine remis de ses blessures, il sollicite et obtient un poste à l’Institut nouvellement créé au profit des Orphelins de Guerre de St Martin en Ré.

 

Sers chers orphelins, combien sont-ils l’objet de sa compassion, de son dévouement, de son amour. Il est pour eux un véritable éducateur, un père ; et la Providence dont les desseins sont parfois impénétrables, veut  que ce soit là, qu’il rencontre celle, qui comme lui, se dévoue à la même cause et avec laquelle, il ne tarde pas à fonder un foyer. , d’où naîtront, l’un après l’autre, de nombreux enfants.

 

La guerre continue avec ses péripéties diverses. Joseph pense souvent à sa chère Ville d’Halluin et aux nombreux Halluinois présents aux Armées ou réfugiés répartis dans toutes les régions de France.

 

Il songe à servir de trait d’union entre les uns et les autres. Il sollicite et obtient certains concours généreux qui lui permettent de mettre sur pied un organe de liaison, le Bulletin Halluinois. Oh ce cher Bulletin, combien de soldats le reçoivent avec une joie intense, trouvant en ses lignes, quelques nouvelles du pays, parfois de parents ou d’amis, mais toujours quelques paroles d’encouragement ou d’espoir dans l’avenir.

 

Pour les Halluinois réfugiés, il est un véritable réconfort, et grâce à ses lignes, combien sont ceux qui retrouvent un lieu d’asile. Et toute la guerre, Joseph Declercq se sacrifie à cette tâche immense, au prix parfois d’énormes difficultés, jusqu’au jour où la victoire acquise il retrouve son cher Halluin.

 

Sa glorieuse mutilation, son œuvre de guerre, sa grande compétence en toutes matières, le font désigner par la Municipalité comme Directeur du Service des Eaux et des Travaux Municipaux. Tâche qui s’avère immense dans cette localité, mais je puis vous dire avec quel dévouement, quel souci du bien public, il l’accomplit et l’accomplira durant 35 années.

 

Immense aussi, la tâche qu’il se donne sur le plan social. Rien ne le laisse indifférent ; jardins ouvriers, syndicats chrétiens, cercles d’études, coopératives, tout ce qui peut, à ses yeux, continuer à améliorer la condition ouvrière, le captive ; mais je ne veux retenir ici que son œuvre parmi les organisations d’Anciens Combattants et de Mutilés.

 

A la création de l’Amicale Halluinoise des Anciens Combattants, il assume, à ses débuts, la tâche écrasante de secrétaire. Son abord agréable, son caractère gai, sa franchise attirent à l’Amicale de nombreux adhérents.

 

Au profit de sa société, il organise des conférences. Chanteur d’un grand talent, compositeur à ses heures, il organise et anime de magnifiques soirées. Il contribue ainsi pour une grande part au développement et à la prospérité de l’Amicale.

 

Mais parmi ses camarades combattants, il en est qui tiennent en son cœur, une place particulière. Ceux  qui, comme lui, ont ramené en leur corps, les traces visibles de terribles blessures, et sont devenus des hommes amoindris, dont certains sont incapables parfois de tout travail.

 

Pour eux, il fonde en 1921 le Groupe Halluinois des Mutilés de Guerre ; il en accepte la Présidence avec générosité.

 

Je n’ai pas besoin de vous rappeler ici, Mes Chers Camarades Mutilés, tout ce que vous devez à votre cher président, mais je tiens à dire à l’assistance que,  jusqu’à son dernier jour, Joseph Declercq a été pour vous un président modèle.

 

Durant plus de 38 années, il n’a cessé un seul jour de songer à vous. Pour vous il a travaillé, pour vous il a composé, pour vous il a chanté, pour vous il a tendu la main, pour vous il a épuisé ses forces, ébranlé ce qui lui restait de santé.

 

Et vous n’êtes pas les seuls. Les veuves, les orphelins sont l’objet de ses préoccupations. Il constitue leur groupement, s’intéressé à tel ou tel sort particulier, ne ménage aucune démarche, et va jusqu’au bout des difficultés, quand il s’agit de faire prévaloir une juste cause.

 

Au cours des innombrables  réunions qu’il préside, il communique son naturel à ses camarades, il ne veut pas qu’ils soient moroses, il relève le moral de ceux qui s’abandonnent, je n’en retiens comme exemple, la création de ce groupe de Madelons des Flandres, qui par leur charme,  animent et égayent nos fêtes.

 

Voilà en un bien court résumé, ce qu’est l’œuvre de Joseph Declercq, au sein de nos Associations. Nous qui avons eu l’inestimable avantage de vivre et de collaborer à ses côtés, pendant de longues années, nous ne pouvons plus, hélas, que nous résigner à la pénible réalité.

 

Depuis plus de deux années ses forces déclinaient petit à petit, mais nous ne pouvions, la semaine dernière encore, croire en une fin aussi proche. Conservant jusqu’au bout toute sa lucidité, entouré de sa chère épouse, de ses enfants dont deux d’entre eux sont entrés au service de Dieu.

 

Joseph Declercq en adressant une dernière pensée à sa famille, à ses amis, rend sa belle âme à Dieu et s’en va pour un Monde où l’homme de bien, l’homme au grand cœur qu’il était, ne tardera pas à recevoir, s’il ne l’a déjà reçu la récompense que le Tout-Puissant réserve à ceux qui, ici bas, ont trop aimé les hommes et la paix.

 

Puissent mes paroles, chère Madame Declercq, atténuer quelque peu votre immense douleur. Celui que vous pleurez, restera toujours votre fierté, vous qui avez partagé sa gloire, mais aussi ses peines et ses souffrances.

 

S’il est vrai que la parenté s’exprime par les liens du sang, nous les Mutilés et les Combattants qui avons mêlé nos sangs sur les champs de bataille, n’avons-nous pas acquis une véritable parenté, qui nous permet de nous incliner respectueusement, et de nous joindre à vos enfants, pour partager votre douleur ». (…)

 

(Archives personnelles D.D.).

 

Liens : Il y a cent ans, les Prémices du "Coin de Terre Halluinois".

 

L'Halluinois Henri-France Delafosse, un homme de "Devoir"

 

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S
<br /> <br /> Mon grand pére est Algerien ( Mihoubi Messaoud )  . Il était grand mutilé de guerre , décoré par la croix de guerre avec palme , qui lui a été discerné par le général Jospeph Joffre (<br /> Certificat à l'appui dument rempli retreçant le jour de sa blessure et signé par le Général  ) non encore promu comme Maréchal à cette époque  . Et reconnu soldat courageux ayant percé<br /> les lignes ennemis dans la bataille de l'Alsace ( Document à l'appui ) . En 1918 ; il est renvoyé en Algérie aprés un séjour de plus de 18 mois à l'hopital de Val de grace à Paris où il<br /> s'est vu amputé la jambe droite du bassin . Soldat ayant souffert de 1915 jusqu'à son décés en 1957 . Ensuite , il percevait en moyenne une allocation qui ne lui suffisait pas à se<br /> soigner  . Illetré et incapable de dénoncer quoi que se soit sur son sort , il mourut tristement .... Rien n'inscrit son passage de soldat brave ayant défendu la France  ... Comme<br /> s'il n'a jamais existé , ce qui me conduit à dire que la France est ingrate et ne peut jamais rendre le bien à tous les hommes qu'ils l'ont défendu . Dommage ...<br /> <br /> <br /> <br />
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