Publication relative à l'histoire de la ville d'Halluin 59250. Regard sur le passé et le présent.
Très attendue, la Commission locale de surveillance du CVE s'est réunie hier en mairie sous la présidence du préfet. La société Valnor a présenté le bilan 2009 de l'activité de l'usine d'incinération et de ses émissions toxiques. Un bilan définitivement rassurant selon le maire.
La CLIS -Commission locale d'information et de surveillance- du CVE a réuni officiels, institutions, scientifiques, agriculteurs et défenseurs de l'environnement en mairie d'Halluince 4 juin 2010, sous la présidence du sous-préfet Yves de Roquefeuil. L'occasion pour Valnor de dresser le bilan de son activité mais surtout des rejets émanant de ses fours.
Véritable prouesse technologique, enviée sur le plan international, l'usine d'incinération a beau être la plus surveillée de l'hexagone, elle demeure suspecte dans l'esprit collectif. Le traumatisme de l'ancien incinérateur a tendance a vampirisé les preuves scientifiques. Éclipsant au passage d'autres activités industrielles dispensées de normes.
« Depuis fin 2009, le CVE est l'une des seules usines d'incinération à disposer d'analyseurs de dioxines en semi-continu » , explique Jean-Luc Deroo qui avait défendu cette exigence auprès des services de l'État pour répondre « à une préoccupation environnementale très forte. » Montant de l'investissement : 200 000 euros, financé par la Communauté urbaine.
Concrètement, les dioxines, furanes et PCB sont mesurés de façon constante sur les trois chaudières par un laboratoire privé. Montant de ces analyses : 100 000 euros, à la charge de l'exploitant. Des relevés qui sont couplés avec les contrôles inopinés, réalisés par les services de l'État, via la DREAL.
Que démontrent ces analyses ? Comme en 2008, le CVE affiche des concentrations en dioxines et furanes très inférieures à la norme européenne autorisée de 0,10 ng/Nm³. Elles oscillent entre 0,003 ng et 0,006 ng. Les concentrations en PCB-DL -les olychlorobiphényles- sont de l'ordre de 0,001 ng. Des quantités infinitésimales face à l'ampleur des déchets incinérés : 338 000 tonnes en 2009.
« Ce sont des valeurs très faibles. Les dioxines, furanes et PCB ne sont plus un problème pour l'entreprise qui a réussi le pari de la performance environnementale » indique Jean-Luc Deroo, le maire d'Halluin relayant les propos du représentant de l'État qui a qualifié le CVE « d'exploitation saine, voire exemplaire », se félicitant au passage de « la transparence des débats de la CLIS ».
Pour le premier magistrat de la commune, le bilan présenté devant la CLIS est définitivement rassurant. « On parle de traces. Il n'est pas question de les négliger. Il faudra bien entendu voir comment le sol réagit dans le temps », poursuit le maire qui n'abandonne pas la nécessité d'un registre des cancers : « Toutes les démarches scientifiques sont bonnes à prendre pour informer la population et pas pour lui faire peur. » Pour le moment, les retombées, pour lesquelles il n'y a pas de valeurs réglementaires, ne suscitent pas de réelles inquiétudes.
Hormis une présence anormale de plomb relevée au Mont d'Halluin jugée « incohérente » par les scientifiques. Elle pourrait s'expliquer par un phénomène hyperlocalisé ou une contamination en laboratoire. D'autres investigations atmosphériques sont en cours dans la Vallée de la Lys sous la responsabilité de l'ATMO.
Pour Jean-Luc Deroo, la priorité est de trouver la source des pollutions aux PCB DL qui ont secoué l'agriculture en 2008 : « Si on ne trouve pas leur origine, c'est la mort de l'agriculture péri-urbaine. » Pour les dioxines, sur le plan national les émissions domestiques sont supérieures aux émissions de l'incinération, 18g contre 4g.
Aujourd'hui, le principal émetteur de dioxines est l'industrie manufacturière (91g). La quasi-totalité, 98 %, des émissions industrielles de dioxines de la région viennent de la sidérurgie.
En chiffres : 165 805 MWh, grâce à l’incinérateur des déchets, le Centre de valorisation énergétique produit l’équivalent de la consommation électrique d’une ville de 30 000 habitants. Une partie de cette énergie sert au fonctionnement du site. La plus grosse partie rejoint le Réseau de transport de l’électricité.
Réactions à l’environnement…
Pour le Docteur Jean Lefebvre, Halluinois, co-fondateur d’une association sur la problématique, cette surveillance n’est pas satisfaisante :
« Il n’y a pas de prélèvements sur les œufs, le fromage, les volailles, le miel… 40 prélèvements en deux ans sur un nombre d’exploitations restreint ne peuvent assurer la sécurité sanitaire d’une population déjà fortement imprégnée en polluants ».
Sur le bilan des rejets du CVE, le médecin se montre également sceptique : « Les normes sont peut-être respectées mais il faut considérer ce qui est rejeté de façon globale dans une usine qui traite 5 fois plus de déchets que l’ancien incinérateur.
Très sensible au sujet, il a créé avec plusieurs confrères de la région un collectif qui a adressé une lettre au Préfet et aux élus du secteur demandant que soit diligentée une étude épidémiologique visant à recenser les incidences de cancers et les pathologies chroniques de la population riveraine du CVE, estimant que « la vie des habitants est en danger ».
(Archives, N.E., 5/6/2010).
Dominique Lefebvre Willemyns, membre de la CLIS :
Avez-vous été rassurée par cette commission ?
« Cette CLIS s'est bien passée, c'était très pointu, et le préfet a eu l'air étonné des compétences des participants. Je suis rassurée, même si je souhaite que l'on soit mieux informé. » Que voudriez-vous de plus ?
« Aujourd'hui, il y a des analyses en semi-continu alors que dans le passé, des analyses ponctuelles étaient réalisées. C'est mieux, mais on ne peut toujours pas voir quand il y a un pic de pollution. Il faudrait une analyse continue, mais cela n'est pas encore au point techniquement. »
Qu'attendez-vous maintenant ?
« Le préfet s'est engagé à réunir la CLIS deux fois par an, j'espère qu'il le fera. D'autre part, les médecins de la coordination régionale des professions de santé ont demandé la tenue d'un registre des cancers. Depuis que la demande a été formulée, il y a deux mois, la préfecture n'a pas répondu.
Nous voulons que ce dossier avance pour comprendre pourquoi il y a de nombreux cancers dans le secteur de Roncq et Halluin ».
(Archives, VdN, 5/6/2010).
Lien : L'Association Halluin 3R...
Le CVE et le Dr Jean Lefebvre… en 2010.
« Notre souci, à nous, médecins de la Coordination régionale association des professions de santé-environnement (CRAPSE 59-62), c'est de faire émerger le problème de l'incinération passée et actuelle au niveau de la santé de la population. » Le Dr Jean Lefebvre, gastro-entérologue à Tourcoing, nous livre les enjeux de ce combat auquel il participe activement. Jusqu'à demander l'arrêt d'exploitation de l'usine d'incinération d'ordures ménagère (UIOM) !
Dioxines, furanes, PCB-DE... des particules dont vous dénoncez la présence d'une grande nocivité aux alentours du CVE. D'où votre lettre d'avril 2010 au préfet, aussi adressée à de nombreux élus : maires, député, présidente de LMCU...
« Nous avons transmis au préfet les interrogations et inquiétudes de médecins exerçant à Roncq, Halluin et dans la vallée de la Lys, face au nombre important de maladies chroniques et surtout de cancers chez les sujets jeunes, sans facteurs de risques individuels, ni prédispositions génétiques. Les pathologies - dont celles de la thyroïde et le diabète - n'apparaissent qu'à long terme, à dix ou trente ans, car les toxiques se fixent dans le corps et il faut un certain temps pour que des taux élevés provoquent le développement des pathologies.
Les riverains de l'UIOM d'Halluin ont été exposés pendant plus d'une trentaine d'années aux émissions polluantes d'une centaine de produits toxiques et en particulier de polluants organiques persistants dont les effets cancérigènes, perturbateurs endocriniens, reprotoxiques sont actuellement bien documentés. Et il apparaît inconcevable d'implanter, sur un site déjà pollué pendant plus de trente ans par un incinérateur d'ancienne génération, un nouveau CVE incinérant 350 000 t de déchets : cinq fois plus qu'auparavant, au détriment de la santé des habitants. »
Pas de réponse à votre missive... Mais une étude menée par ATMO Nord - Pas-de-Calais et des informations émanant de la DREAL (*) et de la direction des services vétérinaires ont motivé un second envoi de votre part au préfet...
« Nous y précisions, de source ATMO, que l'évaluation des concentrations en dioxines, furanes et PCB-DL sur 14 sites du Nord - Pas-de-Calais révèle que les concentrations maximales sont recensées sur le site de Bousbecque (charge toxique globale six fois plus élevée). Et l'étude par la DREAL des mesures d'installations classées situées dans le secteur d'Halluin-Roncq met en évidence que les émissions du CVE sont responsables des flux les plus élevés en dioxines, furanes et PCD-DL.
Le CVE rejette environ dix fois plus de PCB-DL que la moyenne de l'ensemble des installations et parfois jusqu'à 300 fois plus, comme en février 2009 sur la ligne 3. Sur 40 prélèvements effectués au niveau de la production alimentaire locale, la moitié des analyses en dioxines et PCB-DL dépasse les normes sanitaires. »
Alors, quelles solutions ?
« Nous déplorons l'absence d'un registre des cancers pour le Versantnord-est et le fait que, localement, il ne soit pas possible de se baser sur des études épidémiologiques. Il faut aussi prendre des mesures urgentes : renforcer les contrôles alimentaires, nettement insuffisants pour garantir la santé des consommateurs arrêter définitivement les rejets massifs de polluants du CVE. »
Finalement, le préfet vous a répondu (lire ci-dessous). Des avancées, pour vous ?
« Pas du tout. c'est un dialogue de sourds. Toutes les études que j'ai précisées, on n'en tient pas compte. On ne voit que ce qui va dans le sens de l'exploitation du CVE. Chacun campe sur ses positions... Il faut d'abord qu'on en reparle ensemble au niveau de la CRAPSE...
(*) - ATMO = réseau national des associations agréées pour la surveillance de la qualité de l'air.
DREAL = direction régionale de l'environnement, de l'aménagement et du logement.
(Archives, VdN, 23/12/2010).
Le Préfet rejette les arguments de la CRAPSE
Voici, en partie, la réponse très circonstanciée du préfet, Jean-Michel Bérard. ... Visiblement, les médecins de la CRAPSE et lui ne sont pas sur les mêmes références...
« Dès la contamination du lait par les PCB-DL, au printemps 2007, j'ai demandé à l'exploitant VALNOR, de réaliser mensuellement, en plus des mesures de dioxines, des mesures de PCB-DL dans les rejets atmosphériques des trois fours. Depuis lors, les résultats de ces contrôles restent faibles au regard du seuil réglementaire imposé pour les seuls dioxines et furanes. Les contrôles inopinés de la DREAL le confirment. »
« Vous affirmez : "L'étude des mesures de rejets atmosphériques d'installations classées du secteur Halluin-Roncq (indique que) le CVE rejette environ dix fois plus de PCB-DL que la moyenne de l'ensemble des installations et parfois jusqu'à 300 fois plus (2 040 nanogrammes/h en février 2009 sur la ligne 3)". (...) Une extrapolation de ce résultat du flux horaire de février 2009 sur la ligne 3 (exceptionnel, note le préfet) fait apparaître une quantité de dioxines, furanes et PCB-DL émise annuellement de 20 mg, à comparer aux 500 mg à partir desquels une installation classée située près d'un élevage est qualifiée d'émetteur significatif. »
« De toute évidence, les contrôles de rejet atmosphériques et la surveillance environnementale démontrent que le CVE n'est pas à l'origine des épisodes de contamination par PCB-DL constatée dans le lait des élevages bovins du secteur. »
« La station de prélèvement de Bousbecque a relevé une charge toxique en dioxines, furanes et PCB-DL de 19 picogrammesg/m² alors que des résultats homogènes de 5 pg/m² ont été mesurés sur les 13 autres stations de prélèvement réparties sur le Nord - Pas-de-Calais. L'ATMO indique une probable contribution locale. Cependant, aucune source n'a pu être identifiée. »
« Il existe dans le secteur d'Halluin un "bruit de fond" important de pollution par des dioxines et d'autres molécules toxiques, lié à d'autres sources que le CVE. L'incidence de certains cancers sur les populations vivant à proximité d'une UIOM a fait l'objet de plusieurs études (une seule étude selon le Dr Lefebvre) muliticentriques de l'Institut de veille sanitaire et une nouvelle étude, au demeurant limitée dans l'espace, n'apporterait pas de connaissances nouvelles. »
(Archives, VdN, 23/12/2010).
Dioxines : et maintenant ?
Jeudi 7 Avril 2011, à la ferme du Mont Saint-Jean d’Halluin, une centaine de personnes ont assisté au débat sur les dioxines. Les intervenants ont tenté de rassurer sur les émissions du CVE. Mais le traumatisme de l'ancien incinérateur a laissé des traces. La recherche doit faire son chemin.
La soirée s'est malheureusement déroulée en l'absence de Jean-Marie Haguenoer, toxicologue, retenu pour des raisons familiales. Le public attendait beaucoup de réponses de sa part. Une prochaine fois... Les intervenants avaient pris place autour de Jean-Luc Deroo, maire d'Halluin et Annabelle Carlier, chargée de mission pour Halluin 3R.
« La communauté urbaine a géré de manière pragmatique et très positive la problématique des dioxines », entamait Jean-Luc Deroo en rendant hommage à Pierre Mauroy qui en 1998, suite aux premières contaminations du lait à Halluin, décida de fermer les trois incinérateurs de la métropole : Halluin, Wasquehal et Sequedin. En l'espace d'un mois. Mais le mal était fait. Les élevages laitiers condamnés par mesure de précaution…
Lien : http://www.nordeclair.fr/Locales/Halluin/2011/04/09/dioxines-et-maintenant.shtml
Bilan d’activités 2010 du CVE…
La Commission locale de surveillance du CVE s'est réunie hier en mairie sous l'autorité du préfet. Valnor a présenté le bilan d'activités 2010 de l'usine d'incinération.Le point sur les émissions toxiques…
Un bilan qui a tendance à rassurer le maire d'Halluin : « Le contrôle continu est un bon guide par rapport à l'observation de ce site. » Et de relayer : « Le CVE c'est 1 pour mille des émissions de dioxine du département. » Tout va pour le mieux ? « Les émissions existent mais les outils sont là pour veiller et vérifier qu'elles restent faibles », indique le premier magistrat. Il attend beaucoup de la vaste étude d'air qui sera réalisée par l'ATMO sur le territoire, entre la France et la Belgique. Son lancement est prévu en juin.
(Archives, N.E., 19/5/2011).
Lien : http://www.nordeclair.fr/Locales/Halluin/2011/05/19/cve-les-dioxines-a-l-epreuve-du-controle.shtml