Publication relative à l'histoire de la ville d'Halluin 59250. Regard sur le passé et le présent.
C’est une cérémonie sobre et digne qui a marqué le cinquantième anniversaire de la libération d’Halluin, ce dimanche 11 septembre.
Aux côtés du maire, Alexandre Faidherbe, et d’une importante délégation municipale, on notait la présence des bourgmestres de Menin et Zulte-Machelen. Le consul de France à Courtrai (Belgique) – Halluinois de naissance – a également participé à la commémoration, tout comme le député Christian Vanneste, les représentants des associations patriotiques et les sapeurs-pompiers.
John Webster, premier Britannique à être entré à Halluin en 1944, et Reginald Smith, venu de la ville jumelle de North-Tyneside, avaient eux aussi fait le déplacement.
A l’issue de l’office religieux célébré dimanche matin à l’église Saint-Hilaire à l’initiative des sociétés patriotiques, les participants à la cérémonie se rassemblèrent sur la place de l’Abbé Bonpain.
Après un lâcher de pigeons qui s’envolèrent dans un ciel menaçant, le cortège se dirigea vers le Monument aux Morts de la rue de Lille. Un cortège qui ne passa pas innaperçu , en raison de la présence de voitures et camions d’époque, conduits par des collectionneurs passionnés habillés de tenues kaki évoquant les uniformes anglais.
De très nombreuses gerbes furent déposées au Monument aux Morts. Tour à tour, MM Régis Vanhalst et Alexandre Faidherbe, M. Christian Vanneste, M. Piers, bourgmestre de Zulte-Machelen, Bertrand Vangaeveren et Guy Desreveaux de l’U.N.C.. A.F.N., Christian Verpraet de l’association des anciens marins d’Halluin et John Webster fleurirent le square de la rue de Lille.
Vint ensuite la traditionnelle minute de silence, la sonnerie aux Morts, puis les hymnes belges et français. Le cortège prit alors la direction du cimetière, où se trouve le Mémorial des Victimes de la Libération et de la Déportation. Là aussi, le recueillement était de mise, recueillement partagé par les représentants du conseil municipal des Jeunes, qui fleurirent aussi les tombes.
Un dernier arrêt devant l’emplacement réservé aux tombes anglaises, avec l’interprétation de l’hymne britannique par l’Harmonie municipale et les participants se retrouvèrent à la salle du Manège.
Premier à prendre la parole, Alfred Simono Président d’honneur de l’A..R.A.C. évoqua le 2 septembre 1944, journée qui aura marqué sa mémoire à tout jamais :
« Vers 14 h, les membres des corps francs armés, mais si peu, occupent le commissariat de police et la gendarmerie. Les premiers coups de feu retentissent mais les armes que Maurice Simono, Jules Devos et Jean Fiévet doivent nous amener de Tourcoing ne nous parviennent jamais.
Ces trois malheureux résistants ont été tués à Neuville-en-Ferrain ». « Ensuite, poursuivit-il, de nombreux Halluinois nous rejoignent, étoffant nos rangs. Grâce aux armes récupérées, grâce au courage et à la témérité, les combats des jours suivants permettront de nettoyer notre ville des soldats allemands s’y trouvant encore, et ainsi de faciliter l’arrivée des Anglais ».
Au salut des résistants qui ont trompé l’ennemi sur la réalité de leurs effectifs, au rappel de ce que représenta la libération dans les familles et des conséquences cruelles du conflit, Alfred Simono étendit la notion de résistance à ceux qui, ici et là ont aidé à la libération : passeurs, ravitailleurs, hotes, distributeurs de journaux et de tracts et même « semeurs de clous »…
Si le président d’honneur de l’A.R.A.C. parla aussi de l’euphorie qui régna après ces quatre années d’occupation, il n’omit pas de saluer ses hommes de la 10e compagnie de la caserne kléber alors formée de volontaires halluinois. Et de conclure :
« En ce jour mes pensées vont aux victimes et à leurs familles en espérant que la dernière guerre mondiale soit vraiment la « der des der ».
Quant au maire Alexandre Faidherbe, il remercia l’association « A la recherche du passé » et Daniel Delafosse pour leur contribution à l’exposition sur « Halluin en temps de guerre », présentée tout le week-end au centre culturel « Albert Desmedt ».
Le maire se félicita de la présence des deux Britanniques, Réginald Smith et John Webster puis excusa l’absence de celui qui fut la voix de la France libre mais aussi député du Nord Maurice Schumann.
La volonté de rappeler le sacrifice des uns et la douleur de ceux qui ont perdu un être cher trouva son expression dans la manifestation qui suivit : la remise de la médaille d’honneur de la ville : « au travers de ces hommes et femmes qui vont se la voir décerner et au-delà de leur personne, il faut voir un hommage à tous ceux qui ont participé à cette libération, la reconnaissance due à la population » dit le maire.
La médaille fut donc remise symboliquement à Mme Yvonne Vanackère, à M. Pierre Desmedt, à M. Gaston Danset, et à M. Alfred Simono.
Le dernier anglais…
Le mot de la fin revint à Réginald Smith.
Coiffé du béret vert qu’il portait en 1940, il arrivait tout droit de North-Tyneside, pour apporter, avec un savoureux accent anglais, le témoignage de son passage dans notre ville :
« Ma connaissance des alentours commençait le 29 avril 1940, quand mon détachement de l’armée britannique était établi au château Lagache, à Roncq.
Notre séjour dura 16 jours avec quelques petites visites agréables à Halluin…
Le 10 mai votre monde était bouleversé, le mien aussi. Nous étions réveillé au son des bombes et du bourdonnement de beaucoup d’avions.
Nous ouvrions la radio pour apprendre que les Allemands avaient envahi la Hollande et la Belgique. De notre bureau nous popuvions voir une rougeur et des grandes vagues de fumée noire.
C’était l’aérodrome de Wevelghem en feu. Quatre jours après nous quittions le château pour la Belgique, mais pas pour longtmeps. Trois jours après nous étions à Orchies et sur la défensive…
En quittant Roncq, il ne se doutait pas que la guerre serait aussi longue et aussi terrible…
Ni que plus d’un demi-siècle plus tard, il appellerait avec humour, les jeunes Halluinois à ne pas oublier :
« Que les générations, pour lesquelles ces mémoires ne sont que des contes de grand-père, auront le bon sens à bien écouter et en déduire la moral ».
Réginald Smith qui faisait partie de l’Intelligence Service est aujourd’hui âgé de 80 ans. Journaliste retraité, il fut le dernier anglais à quitter Halluin et Roncq.
Et c’est sur l’air célèbre du « Pont de la rivière kwaï » interprété par l’Harmonie municipale que l’assistance fut invitée au vin d’honneur.
(Archives D.D., Presse).