Publication relative à l'histoire de la ville d'Halluin 59250. Regard sur le passé et le présent.
Londres, début juillet 1940
« Il est là, avec son képi à feuilles de chêne. Je le vois pour la première fois : il marquera ma vie. Rien de plus difficile que de traduire ce premier contact avec De Gaulle dans une situation aussi bouleversante. »
Ce 6 juillet 1940 à l'Olympia Hall de Londres, Yves Guéna (futur ministre et président du Conseil constitutionnel) est au milieu de quelques centaines de jeunes gens accourus des quatre coins du pays, parfois de plus loin. Dans la même salle, les deux seules unités de l'armée française ralliées avec armes et bagages : deux bataillons de la 13e demi-brigade de la légion étrangère, un petit millier de solides militaires qui ont combattu à Narvik quelques semaines auparavant.
Ils ont 18 ans à peine, ne savent pas encore qu'ils vont former l'embryon des futures Forces françaises libres. Quelques mois plus tard, Yves Guéna - comme son ami François Jacob, futur prix Nobel et chancelier de l'ordre de la Libération - et quelques autres vont se retrouver dans des unités combattantes sur les champs de bataille d'Afrique du Nord et d'Europe.
Équipés de bric et de broc, ils vont livrer de violents combats au Tchad, dans les sables de Libye, avant que ne soient constituées les grandes unités que sont notamment la 1re division française libre (1re DFL) et la 2e division blindée (2e DB).
Une épopée mille fois racontée. Il est vrai, comme le dira souvent Maurice Schumann, qu'elle allait puiser dans le vieux fonds de la chevalerie, avec ses croisés d'une juste guerre. Mais avant la gloire et l'ivresse de la victoire, il y a eu pour ces jeunes comme pour le général la solitude, l'inconnu.
Ce même 6 juillet 1940 à l'Olympia Hall de Londres, Daniel Cordier, futur compagnon de clandestinité de Jean Moulin, voit lui aussi pour la première fois De Gaulle qui leur tient un curieux discours. « Je ne vous féliciterai pas d'être venus : vous avez fait votre devoir. Quand la France agonise, ses enfants se doivent de la sauver. »
Impression de malaise : « Désormais, mon chef est cet homme froid, distant, impénétrable, plutôt antipathique. » Gothique, dira François Jacob. « Oui, il avait tout d'une cathédrale, avec sa noblesse et son rayonnement », souligne Yves Guéna.
Au début de l'été 1940, De Gaulle est quasiment « Charles le Seul », comme l'écrit Jean Lacouture. À ses côtés, un aide de camp, quelques officiers qui ont décidé de rester à Londres avec lui, quelques marins, quelques aviateurs.
Dès le 28 juin pourtant, le gouvernement britannique l'a reconnu « chef de tous les Français libres », ce qui lui vaut reconnaissance et légitimité. Au terme de plusieurs semaines de négociations, les Forces françaises libres sont officiellement constituées le 7 août, tandis qu'une administration se met en place dans les locaux du 4, Carlton gardens.
Quatre hommes vont y jouer un rôle essentiel : un juriste, René Cassin un vice-amiral, Muselier un polytechnicien, André Dewavrin, futur colonel Passy qui mettra sur pied les services secrets (BCRA) un géographe, Pierre Denis, à qui on confiera les finances.
Sans oublier Maurice Schumann, jeune journaliste catholique de gauche nommé porte-parole, et une petite équipe d'hommes de radio intégrés bientôt à la BBC.
À Londres auprès du général, à peine 500 personnes. Effectifs militaires à l'automne 1940 : à peine plus de 12 000 hommes, qui se monteront à 35 000 hommes avec les ralliements des premières unités de l'Empire colonial. Officiellement, les effectifs des Forces françaises libres ne dépasseront pas 60 000 hommes.
(Archives, VdN, 13/6/2010).
La Guerre 1939 - 1945 - Halluin (28) Maurice Schumann - Biographie.
La Guerre 1939 - 1945 - Halluin (15) Maurice Schumann ou "La voix de la France". alarecherchedupasse-halluin.net/
La Guerre 1939 - 1945 - Halluin (27) Maurice Schumann à Halluin, le 3 mars 1945.
Maurice Schumann, L'élu du Nord.
Les mémoires inachevées de Maurice Schumann.
Les citations de Maurice Schumann par M. Christian Hocq.
La Légion d'Honneur de Maurice Schumann, remise au résistant halluinois Albert Desmedt.
Il y a 10 ans, Maurice Schumann nous quittait le 9 Février 1998. Hommage des Halluinois.
Le Centre Communal d'Action Sociale "Maurice Schumann" inauguré le 15 avril 2000.
A Londres, il ne reste presque plus de traces.
« Les Anglais ne sont pas comme nous, pour tout cela. Nous conservons les lieux, mais eux les recyclent plus facilement. » À la fondation De Gaulle, on sait aussi que l'appel du 18 juin n'est pas resté dans la mémoire collective anglaise comme il est ancré dans l'histoire de la France. ...
Alors, on ne s'étonne pas qu'il n'en reste quasiment aucune trace physique, à Londres. Tout au bord de Portland place, le vénérable immeuble de la BBC donne toujours sur une petite place charmante et animée. C'est là que De Gaulle s'est présenté, un peu avant dix-huit heures, le 18 juin 1940. Mais le studio 4C n'existe plus. Il a été bombardé quelques mois après la première intervention.
Pas de plaque, pas même de mémoire transmise par les anciens : quand il a fallu envisager de reconstituer le petit studio avec le micro d'époque, pour célébrer le soixante-dixième anniversaire, ce fut à la grande surprise des employés d'aujourd'hui.
C'est un peu la même chose au petit appartement de Seymour place, où le général s'est installé lors de son arrivée, le soir 17 juin, où il a rédigé et fait taper son texte. La rue a été rebaptisée Curzon street, mais le bâtiment est toujours à quelques pas de Hyde Park, pimpant, tranquille et totalement anonyme.
Il y a ici une quinzaine de locataires et personne ne semble savoir quel est exactement l'appartement où s'est posé l'ancien chef de l'État français. On s'accorde à penser que ça peut être au premier étage, mais pour le reste...
Il n'y a guère qu'à Carlton gardens que le général a laissé une trace. Face au numéro 4, une statue trône sur un socle frappé de la croix de Lorraine. La légende dit que c'est sur l'insistance de Mme Churchill qu'elle a été érigée en 1993. On est ici à trois cents mètres de Piccadilly Circus, dans l'un des quartiers les plus chics de Londres, et c'est là que Churchill avait décidé de faire installer le quartier général des forces françaises libres et de leur chef.
Sur le mur, une reproduction en pierre de la fameuse affiche « À tous les français » (« La France a perdu une bataille ! Mais la France n'a pas perdu la guerre ! ») rend hommage à la volonté de De Gaulle et, juste à côté, un petit panneau bleu dit que c'est bien de là qu'il a préparé son retour.
C'est un des plus gros cabinets d'avocats d'affaires londoniens qui occupe aujourd'hui ce majestueux bâtiment de pierres blanches. Des gens pressés qui ne se retournent plus depuis longtemps sur le visage un peu pincé du général français.
(Archives, VdN, 13/6/2010).
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