Joseph Grave... La Mémoire du Marché d'Halluin.

Qui ne connaît pas la famille Grave, Maraîchers de Wambrechies, qui vend ses légumes de saison sur le marché d’Halluin, depuis 1954 ? Si Joseph Grave, le père, âgé actuellement de 79 ans, ne se déplace plus chaque samedi matin, ses enfants sont présents et incarnent la nouvelle génération de maraîchers.

En mars 2004, Joseph Grave avait mis sur son étalage un bel écriteau sur lequel on pouvait lire : « mars 1954 – mars 2004 : 50 ans de marché ».

Cette année-là, à 73 ans, il se confia à la presse locale :

Sur ses mains sont imprimées les années. A l’extérieur, elles sont épaisses et robustes, refermées sur elles-mêmes par habitude de tenir les outils. Mais pendant les rares instants où elles s’ouvrent, quand il tend la main ou offre ses légumes aux clients, on y voit dessinée une rivière de vie : des lignes profondes et mystérieuses apparaissent. Des mains qui expriment l’histoire de Joseph Grave.

Il a 73 ans et il est un peu la mémoire du marché d’Halluin : il y vend ses légumes depuis cinquante ans. Quand il a mis pour la première fois les pieds dans ce marché, le sol avait de gros pavés à la place du béton d’aujourd’hui. C’était un jour de mars 1954.

« Je me souviens qu’il faisait froid, ce jour-là. Mon père avait une petite installation avec des haillons en bois qui ne protégeaient pas du vent. Maintenant, c’est différent, on a un grand étalage avec du chauffage à gaz ».

Joseph a été amené sur les marchés par son père, qui lui-même avait tout appris de son père. Une filiation qui a été aussi celle de la rigueur du métier depuis près de cent ans.

Un déménagement forcé

En 50 ans, Joseph a connu de nombreux bouleversements. Positifs, d’abord, grâce à l’introduction du tracteur dans les champs, qui lui a permis de cultiver de plus grandes terres : débutant avec un demi-hectare, il en possède à présent cinq.

« Après des années à genoux à bécher, le tracteur était comme une délivrance ». Mais Joseph Grave a dû faire face à un type de modernisation un peu moins favorable aux agriculteurs de cette zone : la construction du canal grand gabarit qui devait passer dans son jardin et qui l’a exproprié de ses terres. Un projet qui n’a toujours pas abouti.

« A 50 ans, j’ai dû tout recommencer à zéro, sur de nouvelles terres » confie-t-il d’un sourire qui enlève presque la gravité de la chose. Son expropriation est comme un accident duquel il semble s’être bien relevé.

Et même pendant cette période où il a dû quitter ses terres, il n’a jamais arrêté de faire le marché. « Pendant six mois, j’étais partagé entre deux parties de terres : je continuais à cultiver d’un côté, et je préparais les nouvelles terres de l’autre » raconte-il simplement.

Depuis qu’il exerce ce métier de « commerçant non sédentaire », iln’a jamais arrêté de venir sur les deux marchés de la région, celui d’Halluin le samedi et à Saint-André le mardi : »Entre mes terrains et les marchés, je n’ai jamais pris un jour de congé jusqu’à mes soixante ans ».

Maintenant, 50 ans après son premier jour, Joseph Grave est toujours présent derrière son étalage de salades et de poireaux. Juste un peu moins rapide, la démarche plus chaloupée. Seulement, il n’est pas tout seul le samedi à Halluin : son fils Thierry l’aide… ou plutôt c’est Joseph qui l’aide, car depuis 13 ans, Thierry, la quatrième génération de maraîchers, a pris la relève. Alors, pourquoi ne pas partir complètement ?

De ce sourire pudique qu’il cache sous sa casquette, Joseph répond, fier : mais par ce qu’ici tout le monde me connaît, et que j’apprécie vraiment de voir tous ces gens. Et puis, surtout parce que même après toutes ces années, j’aime ce métier ».

(Archives et Synthèse D.D., N.E., 18/3/2004).

La réfection de la Place de Gaulle étant terminée, le marché d’Halluin retrouve son emplacement habituel, ce samedi 5 juin 2010.

Liens : La Libération d'Halluin - Septembre 1944 (29) En 1944 - 1945, La Place Jean Jaurès d'Halluin est dénommée Place du Général de Gaulle.

La Place du Général de Gaulle à Halluin... Rénovation Fin 2009.