Publication relative à l'histoire de la ville d'Halluin 59250. Regard sur le passé et le présent.
Ce samedi 5 juin 2010, le marché reprenait ses droits place De Gaulle. Un marché nouveau look puisque les vendeurs devaient garer leurs camions à l'extérieur. Ils n'ont pas tous apprécié.
Il n'est que 6h, mais c'est déjà le branle-bas de combat sur la place De Gaulle pour l'installation du marché. Ce samedi matin, les commerçants vont et viennent devant leur camionnette. La mine renfrognée, ils vident leur véhicule avant d'aller se stationner plus loin.
« Beaucoup d'anciens commerçants ne sont pas venus aujourd'hui, lance la mercière Christine Vangothem. On va avoir de belles allées, sans camion... Mais il n'y aura plus personne ! » Marina Palladino acquiesce. Cette sexagénaire est incapable de déballer sa marchandise, car elle travaille seule et bénéficie d'une pension d'invalidité. Refusant d'attendre que son cas soit examiné en commission, Marina brave l'interdit et installe sa camionnette où bon lui semble. La rébellion ne dure pas longtemps. La commerçante, menacée d'être exclue du marché pendant plusieurs semaines, repart bredouille, dans une camionnette pleine de linge.
Des vendeurs pas convaincus
Quelques étals plus loin, un marchand de vêtements finit d'installer ses articles : « Ça ne m'embête pas de tout déballer, j'ai assez de force pour le faire. Mais s'il se met à pleuvoir, je ne pourrai pas mettre rapidement mes produits à l'abri. Et mes clients ne pourront plus essayer leur vêtement dans le camion ». « Je suis seul. Pendant que je gare mon camion, qui surveille ma marchandise ? », ajoute Essaid Moussouni, lui aussi vendeur de textiles.
Pierre Chevalier, directeur régional de la société Géraud qui gère le marché pour la ville, était présent dès l'ouverture. Patiemment, il a expliqué aux mécontents qu'un marché plus aéré séduira les clients et améliorera les ventes. L'argument ne convainc pas Essaid Moussouni. « Les clients vont tourner quelques minutes pour se garer, et ils ne trouveront pas de place, puisqu'elles sont toutes occupées par nos camions. Alors ils partiront ».
Les clients satisfaits
Quelques heures plus tard, à l'ouverture de « cette grande surface en plein air », il y a pourtant du monde dans les allées élargies. Sous les tonnelles colorées, les poulets rôtissent, les commerçants donnent de la voix et les clients choisissent. On retrouve ses habitudes. Pas à pas. Françoise, 67 ans, tente de repérer son maraîcher. « Où est-il ?, interroge-t-elle.
Je ne le trouve pas ». Si elle doit encore trouver ses marques, cette habituée du marché apprécie « les allées plus spacieuses ». Ces dernières font sensation. « Maintenant on ne doit plus regarder où l'on met les pieds ! », ajoute une passante.
À quelques mètres, Patricia, est moins enthousiaste. « J'ai eu des difficultés pour me garer, déplore-t-elle. Et on ne peut plus essayer les vêtements dans les camions ». Un sentiment que partage celui qui est appelé « Koko ». « On perd aussi du temps pour déballer et remballer, ajoute le vendeur de textiles qui s'est levé à 5h30 du matin. Je dois être à 13h30 au marché de Roubaix, ce n'est pas évident ». Abdo le Provencal, est lui satisfait devant ses fruits et légumes. « C'est plus clair, plus aéré sans camion. Je vois des clients que je ne voyais plus. Rue de Lille, on avait perdu 50% ».
« Le marché, c'est une grande surface commerciale en plein air »
Donner satisfaction aux clients et aux commerçants : l'organisation d'un marché est un casse-tête. Pierre Chevalier, directeur général de la société Géraud qui organise 1300 marchés par semaine, dont celui d'Halluin, témoigne.
Quels sont les atouts de la nouvelle configuration du marché ? « Le projet consiste à aménager le marché d'Halluin avec un look différent, pour que les étals soient plus visibles et les allées mieux organisées. En enlevant les camions qui font obstacle à la vue, on a un marché plus aéré ».
Comment réagissent les commerçants face à ces nouveautés ? « Le changement n'est pas facile à vivre d'emblée. On a expliqué qu'avec ce nouveau marché, les produits seront plus visibles, le cheminement plus simple : ce sont des règles de bon sens. Et il n'est pas difficile pour le client de retrouver son commerçant de référence ».
Comment procède-t-on pour placer les nombreux stands ? « Le marché c'est comme une grande surface commerciale en plein air. On vient d'abord sur le marché pour l'alimentation, l'alimentaire est donc situé vers le fond du marché ».
Pour le placement des commerçants, on se base sur deux choses : l'ancienneté et la commercialisation de chaque emplacement. Une fois qu'on a réfléchi à la répartition, on organise une réunion avec les commerçants, pour leur proposer le nouvel emplacement. On fait ensuite des réajustements ».
Pour les riverains, c'est plus compliqué
Nouvelle configuration, nouvelle donne pour les riverains des rues Nollet et Jaurès qui devront s'habituer aux camions des commerçants les jours de marché. Le mécontentement pointe déjà le bout de son nez.
On a trouvé des commerçants cachés par les camions, des voitures bloquées et des riverains qui ont dû trouver une place de stationnement ailleurs. Avec cette nouvelle configuration du marché (les camions doivent être garés à l'extérieur), la donne change pour les commerçants, mais aussi pour les riverains des rues Jaurès et Nollet.
Les jours de marché, la consigne est donnée : leurs véhicules ne doivent pas être stationnés sur la portion de rue jouxtant le marché, afin de laisser la place aux camions des commerçants. Ceux qui avaient oublié ont trouvé leur voiture avec un petit mot sur le pare-brise : « stationnement interdit côté pair rue Marthe Nollet. Votre véhicule sera verbalisé et enlevé à la prochaine infraction ».
« Les gens ont été prévenus, précise Marc Desbucquois, adjoint à la vie économique. C'était une première, il y aura des ajustements à faire, on avait par exemple demandé qu'il n'y ait pas de camions devant les cafés ».
Christine Ghesquière, qui tient une mercerie rue Nollet était elle remontée contre ce nouveau marché. « C'est une honte, témoigne-t-elle. J'ai des camions devant chez moi, les clients ne voient plus mon magasin ».
(Archives, N.E., 6/6/2010).
Aux origines du marché d'Halluin, en 1858
Initialement installé place de l’église, le marché fut autorisé par un arrêté préfectoral du 7 septembre 1858 mais son existence fut brève.
Rouvert en 1878, il ne prospéra pas plus. Une dernière tentative, cette fois Place Verte (l’actuelle Place de Gaulle), vers 1888, fut couronnée de succès. A l’époque, c’était la ville qui dressait des tentes et des tréteaux pour les marchands. Ceux-ci ramenaient leurs marchandises en carriole ou en baladeuse.
Ils obtenaient un emplacement pour lequel ils payaient une taxe perçue par le receveur d’octroi. A la fin du marché, les tentes étaient rangées dans l’entresol sous le kiosque.
(Archives, A la recherche du passé d'Halluin).
Photos de la Place et du Marché, en page d'accueil de : http://www.alarecherchedupasse-halluin.net/
Liens : Joseph Grave... La Mémoire du Marché d'Halluin.
La Place du Général de Gaulle à Halluin... Rénovation Fin 2009.