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Publication relative à l'histoire de la ville d'Halluin 59250. Regard sur le passé et le présent.

La Mémoire Halluinoise (2) Cafés, bistrots, brasseries et estaminets d'antan.

 

 

« L’estaminet était un lieu de paroles, avant d’être un débit de boissons ». Et ce vendredi 20 janvier 2006, l’estaminet du Moulin a retrouvé cette tradition. Une soixantaine de personnes étaient attablées, devant une tasse ou une chope, à parler de leurs souvenirs. Il a fallu pousser un peu les tables, ajouter des sièges pour que chacun puisse voir et entendre.

 

Ainsi a débuté la première après-midi de l’estaminet de la mémoire. Cette manifestation est née de la volonté de plusieurs associations (Les Seniors halluinois, les Amis du moulin, le Cercle généalogique, A la recherche du passé d’Halluin, De kapelle…) de collecter des témoignages sur l’histoire de la ville.

 

« Notre souci est double : se réunir pour le plaisir et pour « produire » de la mémoire qui va être fixée par Cinélys », explique Roland Verkindère de l’association des Seniors halluinois.

 

Parce qu’il n’y a pas que la grande histoire, il y a ces petites histoires qui ont fait vivre la ville. La première édition de cet estaminet de la mémoire avait pour thème « Cafés, bistrots, brasseries et estaminets d’antan ». De quoi faire parler les mémoires…

 

En 1900, la ville comptait 300 cafés et autres débits de boissons. « Cela correspond à un estaminet pour cinquante personnes. Il y en avait quasiment un à chaque coin de rue. C’est le même pourcentage que la Flandre profonde. En Belgique, c’était un pour trente cinq personnes et Roubaix comptait 2 500 cafés ».

 

Difficile pour tous les cafetiers de vivre de leur zinc comme le raconte Jean Delafosse ancien propriétaire du P’tit Baptiste, rue de la Lys, « Il fallait que les gens aient un autre métier à côté. Alors on trouvait des cafés-boucherie, cafés-épicerie, des cafés avec dans la salle à côté un métier à tisser… ». Mais le café restait l’endroit prisé. « Il fallait bien que l’ouvrier oublie ses soucis ! Et puis les gens venaient quand ils voulaient une info, car les cafetiers connaissaient beaucoup de gens ».

 

 Jean Delafosse ajoute que les cafés étaient aussi « des lieux où des relations amicales, amoureuses ou d’affaires se faisaient et se défaisaient. Ils avaient un rôle social. J’y ai vu des couples se former… pour ensuite se marier ».

 

Raymond raconte : « à la douane, les estaminets étaient également des lieux d’entente entre douaniers, fraudeurs, routiers. Et la N17 était également la route où des stars du music-hall de Paris descendaient à Bruxelles : on y a vu par exemple Henry Salvador et l’on a chanté avec ».

 

Une dame intervient : « Mon café était le lieu de rendez-vous des travailleurs de Menin : on n’y parlait que flamand ». Roland Verkindère, qui anime la séance, ajoutait que « les estaminets permettaient aussi que l’on s’y réchauffe, car chez soi il faisait souvent frisquet ». Sans oublier de bonne humeur, car on y dansait et chantait également ! ».

 

Les estaminets étaient aussi les lieux de rassemblement des partisans politiques ou des associations de musiciens ou de jeux : cartes, fléchettes, javelots, tir à l’arc, arbalète, bourloire, colombophilie.

Ce n’était pas que des lieux où l’on buvait jusqu’à plus soif, mais aussi des lieux de convivialité et non des lieux de perdition comme l’abbé Lemire (créateur des jardins ouvriers en réaction à l’ivrognerie dans las cafés) le défendait, relève Alexandre Faidherbe, ancien maire et colombophile qui poursuit : « On y parle aussi politique, dans les années 50, il y avait le café des « blancs » l’Hirondelle et puis celui de la Prévoyance où l’on trouvait plutôt les « rouges ». Mais alors que les cafés se détestaient, ils ont à un moment été obligés de se rapprocher. Cela a créé un beau brassage de population… ».

 

Mais les cafés causaient aussi le drame des familles « J’ai vu des hommes y laisser leur semaine, en une soirée. Mais quand même, nous les cafetiers on n’aimaient pas les gens ivres » insiste Jean Delafosse.

 

Au cours du siècle, les cafés s’affublent de noms souvent pittoresques. Le café des Tueurs narguait les abattoirs. Plus loin on trouvait chez Malfada, au Clairon du zouave, à la Tour Eiffel, au Paradis… installé face au cimetière ! Ou les Culs de France faisant face à la gare !

 

Cet après-midi là, les anecdotes ont nourri le premier estaminet de la mémoire. Les anciens étaient heureux de se retrouver et "de parler d’un temps que les moins de 20 ans… ". 

 

(Archives et synthèse D.D., Presse, 2006).

 

Lien :  La Mémoire Halluinoise (1) L'Estaminet de la Mémoire Halluinoise... Historique.

 

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