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Publication relative à l'histoire de la ville d'Halluin 59250. Regard sur le passé et le présent.

La Route du Zinc Halluinois avant 1914...

 

 

Quelqu’un a écrit que « la liberté n’est pas la licence ». C’est pourtant l’absence de licence qui explique, en partie, la grande liberté avec laquelle on ouvrait des cafés en si grand nombre avant la guerre 1914-18. Il y a là de quoi faire rêver les jeunes cafetiers et pourtant c’était bien comme cela que les choses se passaient.

 

Quiconque désirait ouvrir un café se rendait chez mon grand-père Nicolas Delafosse (Receveur Buraliste, arrivé du Cher à Halluin en 1900) qui exploitait le café-tabac devenu « Le Longchamp », rue Marthe Nollet.

 

Contre un versement de dix centimes, on lui remettait un imprimé de couleur jaune sur lequel il lui suffisait de donner quelques renseignements d’identité et de signer un texte précisant qu’il déclarait ouvrir un débit de boissons à telle adresse. C’était strictement terminé.

 

Depuis les choses ont bien changé pour l’attribution d’une licence de boissons. Voilà pourquoi on s’explique mieux la prolifération des cafés qu’on ouvrait souvent pour voir ce que cela allait donner ou dans certains cas pour tenter d’améliorer l’ordinaire qui n’était pas gras. Rappelons qu’en 1900, la ville d’Halluin comptait plus de 300 cafés !

 

L’endroit « rêvé »

 

En y regardant de plus près, on s’aperçoit que c’est surtout aux alentours des usines ou ateliers qu’existaient le plus grand nombre de débits. Les brasseurs n’hésitaient d’ailleurs pas, dès qu’une usine était installée, à acheter ou à acquérir une maison pour y créer un café. Ils réclamaient un loyer fort modeste, plaçait un peu de mobilier, et le tour était joué.  L’emplacement était bon sans aucun doute.

 

C’était en effet le « bon vieux temps » où la journée de 12 heures était de règle. A 9 h et à 16 h, les ouvriers étaient autorisés à sortir pour le casse-croûte. Chacun se précipitait dans un café pour boire une chope ou un canon et ces deux coups de feu journaliers gonflaient évidemment la recette. C’était « l’endroit rêvé ».

 

C’était aussi l’époque où le verre du lundi était sacré. Aucun tenancier ne se serait risqué à refuser ce verre gratuit. Cela aurait fait beaucoup de bruit. Il est vrai que pour certains spécialistes qui trouvaient le moyen d’accumuler ici et là un trop grand nombre de verres du lundi, la soirée était tout de même bruyante.

 

La même situation se reproduisait lors de l’ouverture d’un café, car le brasseur offrait une rondelle de 150 litres qui était le plus souvent très vite consommée.

 

L'intérieur d'un café...

 

Avec plus ou moins de fantaisie, voire de luxe et de netteté, le cadre des anciens cafés était le plus souvent le même. L’inévitable plancher saupoudré de sable blanc. Le bois tenait plus chaud paraît-il. Un comptoir en chêne plus ou moins sculpté et recouvert d’une plaque de marbre. Un pose verre en zinc ou en tôle émaillée. Les bras des pompes à couteau ornés de porcelaine, la chauffrette au charbon de bois, surtout le samedi soir et le dimanche et qui permettait d’allumer les pipes débordantes de tabac et l’été, l’attrape-mouches au vinaigre avec un morceau de sucre blanc comme appât.

 

Derrière le comptoir se dressait l’étagère avec ses colonnades torsadées. Peu ou pas de bouteilles, puisqu’en définitive on ne vendait que de la bière et du genièvre avant la guerre 1914-1918.

 

Les mesures en étain utilisées pour la vente à emporter, des bibelots très souvent en porcelaine ou quelque objet rare hérité d’un grand parent. Comme horloge un œil-de-bœuf. Aux murs de grands cadres rappelant les épopées militaires ou montrant des dessins dont la modestie n’était certainement pas la vertu dominante.

 

Ici et là et plus particulièrement près du feu, les crachoirs dans lesquels la sciure toute fraîche incitait de temps à autre les « intéressés » à vouloir lui conserver sa propreté !... Et au milieu de tout cela et à coups sûr la célèbre table ronde réservée aux fidèles qui tenaient là leur très sérieuse conférence de presse journalière.

 

Mais c’était surtout l’époque où invariablement la femme était au comptoir et le mari à l’usine. C’était d’ailleurs un impératif. Bien peu de gens de cette époque auront vu le patron servir à boire. Il s’attablait avec les clients ou rendait visite à un collègue. Voilà pour le cadre forcément incomplet.

 

Les quartiers à forte densité

 

Lorsqu’on jette un coup d’œil sur la situation des anciens cafés, on est frappé par l’extraordinaire densité des cafés si l’on peut dire dans certains quartiers. Tous les records étaient incontestablement battus par le quartier de la Pannerie, la gare fort utilisée à ce moment était elle aussi entourée d’un nombre impressionnant de débits de boissons.

 

La rue de la Lys elle aussi en avait un fort contingent tout comme la rue de Lille, particulièrement dans le bas vers la frontière. Le Mont presque inhabité n’en comptait que quelques-uns.

 

Voici quelques noms de cafés qui étaient situés entre la rue des Près, la gare et la rue Marthe Nollet : Café Dewailly, Café à l’Union, A la des ente des tramways, Café Saint-Venant, Café Dubois, Café Hôtel de la Bourse, Buffet de la Gare, Café du Littoral, Café à la descente des voyageurs, Café Dollent, Buvette Libeer ;

 

Mais aussi : Café de la Gare, Buvette Verhulst, A la chaise, Au repos, Au canon, Au soleil…

 

(Archives D.D., Presse).

 

Lien :  La Mémoire Halluinoise (2) Cafés, bistrots, brasseries et estaminets d'antan.

 

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