Publication relative à l'histoire de la ville d'Halluin 59250. Regard sur le passé et le présent.
Quentin Vanhoutteghem trace sa carrière dans le monde exigeant de la restauration. D'une enfance à La Bonne Franquette (traiteur de la rue de la Lys à Halluin que ses parents tiennent toujours) au très sélect Martinez de Cannes, la passion du métier le guide. L'amour des siens le rappelle.
Dans la salle du restaurant gastronomique du Martinez, Quentin Vanhoutteghem prend la pose. Vue panoramique sur la plage, portraits de stars sur les murs : cet Halluinois de 30 ans côtoie magie et septième art depuis quatre ans, à Cannes.
Un parcours qu'il a mené « tout doucement », estime-t-il, en passant par l'école hôtelière d'Orchies, un poste de demi-chef de rang au sublime Château de Fère-en-Tardenois (1999-2001), une escale à Megève (via Saint-Barth, les châteaux de Bordeaux, les Antilles, la Champagne...) où il travaille pour la famille de Rothschild (2001-2004) avant de passer maître d'hôtel au restaurant gastronomique du célèbrissime Martinez, La Palme d'Or.
Résumé par l'intéressé, le parcours paraît presque facile. « Facile ? Oui et non. Dans les métiers de l'hôtellerie, on ne peut pas se permettre d'être fainéant. Mais si on aime, si on est passionné, on peut aller n'importe où ».
Sa passion, il l'a gagne au traiteur de la rue de la Lys que ses parents ont ouvert en 1975 et qu'ils tiennent toujours. « Je suis né dedans ! s'amuse-t-il. Noël pour moi, ça a toujours été en janvier plutôt qu'en décembre. Et ça continue. Le 25, c'est le boulot. Les fêtes de famille, c'est en janvier. »
Très vite, il apprend les contraintes d'un métier exigeant et en fait son rythme de vie. « Quand elles sont partagées en famille, c'est plus facile. » Et quand elles sont vécues au restaurant La Palme d'Or (deux étoiles Michelin), ça peut même devenir franchement agréable... Comme par exemple mercredi soir, où il a croisé Dany Boon.
« Énorme ! Ça n'a duré que quelques minutes, mais c'était énorme ! » En ce moment, toute la croisette est en effervescence. Pour le maître d'hôtel qui accueille les clients, les place dans le restaurant, les conseille sur leurs choix et s'occupe du bon déroulement du service, c'est l'occasion unique d'approcher des grands noms du cinéma.
« La veille de m'être fait photographier avec Dany Boon et Kad Merad, j'ai servi Clint Eastwood, Brad Pitt et Angelina Jolie. » Pas de quoi, pour autant, en attraper la grosse tête considère l'Halluinois.
« C'est vrai, ça impressionne pas mal mes copains à qui j'envoie les photos par mail. Mais même avec le soleil, la mer et des paillettes plein les yeux, ça reste un monde très superficiel » auquel il préfère de loin son Nord natal où résident sa grande soeur, ses nièces, son petit frère, ses parents...
« Dans le Nord, ce n'est pas la même ambiance, pas la même convivialité. Ça n'a rien à voir... Les personnes sont vraies. Elles n'ont pas besoin de faire du cinéma ou de se raconter des carabistouilles. Ici, beaucoup aiment se faire entendre et se la racontent ».
Pour se ressourcer, Quentin a donc pris l'habitude de remonter régulièrement retrouver ses proches, à deux pas de l'école Notre-Dame-des-Fièvres où il passé toute sa scolarité de primaire.
C'est avec eux, le 5 juillet, qu'il célébrera son union avec sa fiancée Vendéenne de 26 ans, Célia, rencontrée à Megève. « Ça sera en mairie d'Halluin, à l'église du Colbras puis à La Bonne Franquette » où sa mère est toujours en salle et son père en cuisine. « C'est un garçon toujours sur le pont, qui a l'abord facile avec la clientèle », confie celui-ci forcément « très fier de son petit garçon dont les anecdotes ramenées du Sud font un peu rêver ».
Quentin, lui, c'est du Nord qu'il rêve, « de ses gens simples, de ses valeurs ». L'endroit rêvé pour fonder une famille ? « Pourquoi pas... » D'autant qu'à La Bonne Franquette, depuis le 1er janvier, son papa est officiellement à la retraite.
Les Ch’tis bienvenus sur la Croisette.
« Il y a trois stars cette année à Cannes : Sean Penn, Madonna et Dany Boon. » Parole de spécialiste. Depuis cinq années, Corinne Lechevalier produit les images glamours de toutes les stars lors du Festival de Cannes.
Sur la Croisette, on ne parle que de ça. Les « happy few » avec un petit sourire, genre : « C’est bien pour le peuple ».
Et le peuple, justement, bien là pour saluer Dany. Il arrive avec une demi-heure de retard, hier, vers 15 heures, au palace le Martinez.
Logé à la même enseigne que, cette semaine, la poupée Penelope Cruz (prononcez Pénélopé), la féline Eva Longoria (madame Tony Parker), el Diego Maradona, Monsieur Emir Kusturica ou l’immense Woody Allen. Son équipe est sur les dents. Il doit encore se faire tout « biau » pour la montée des marches. Dany se dirige quand même vers la foule, parquée derrière des barrières qui entourent le palace. On n’mélinge nin les torchons et les serviettes.
Lui si. Il signe des autographes, sourit quand on lui dit qu’il est le plus beau. Se prête au jeu des photos. On entend des : « Dany, on t’aime » ou « Au moins, vous êtes pas fier ! » Voire :« C’est le meilleur homme de la Terre ».
Thérèse et Patrick l’interpellent : « Dany, on est des Ch’tis. » Ils sont de Cassel. « Ici, il y a que des gens qui se la pètent. Dany, lui, il est naturel. » Yvan est venu spécialement de Montargis (près d’Orléans) pour voir Dany. « Je suis son sosie. Au boulot, tout le monde m’appelle Biloute. » Kad Merad, lui, a pris son bain de foule dès la veille. Selon un cameraman chasseur de stars, « il est bien plus populaire que Vincent Casse».Même au bras de Monica ?
Line Renaud, elle, est « descendue » à Cannes peu avant Dany. Elle tourne actuellement à Lyon un téléfilm pour France 3. Quand elle sort de sa voiture, au Martinez, elle aussi a droit à ses « Je t’aime ». Elle a des étincelles dans les yeux alors que ce n’est vraiment pas son premier Cannes. « C’était en 1950. » Le très collet monté directeur général du palace le plus en vue de la Croisette lui adresse un très in « Welcome ». Line se gausse : « Welcome ? »
Les Ch’tis à Cannes, c’est en soi un scénario de film. Quelques minutes avant la montée des marches, ils ont rendez-vous pour un cocktail au très prestigieux hôtel Majestic. On s’amuse, genre : « T’es bien habillé. » Philippe Duquesne (Fabrice Canoli dans le film) : « Il y a deux jours, j’ai demandé à une copine qu’elle me prête un smoking. »
17 h 30 : c’est l’heure de gagner le Palais des festivals. Il y a cent mètres à faire, que généralement les stars parcourent en voiture avec vitres teintées. Pas les Ch’tis. Ils y vont à pied, bras dessus, bras dessous, comme une première ligne de chahut du carnaval de Dunkerque. Kad Merad, le trublion, lance des slogans : « Oui au smoking, non au jean. »
Sur les marches, des clameurs montent quand le speaker demande qui a vu le film. Tout le monde. Des jeunes branchés déplient une banderole face au palais, pour rigoler : « Cigarophile, frimeur, co-co sanguin, bienvenue chez le Ché ». Référence au Che, biographie sur Che Guevara projetée hier soir en compétition. L’équipe des Ch’tis savoure longuement ce moment sur le tapis rouge.
Dans l’air cannois, au même moment, passe I just call to say I love you de Stevie Wonder. « Je voulais juste vous dire que je vous aime. » Ce qu’on pouvait lire dans les yeux de Dany, hier, avec son public.
(Archives, VdN, Mai 2008).