Publication relative à l'histoire de la ville d'Halluin 59250. Regard sur le passé et le présent.
Le Bonjour du « Papet »
Qui ne risque rien n’a rien. C’est ce que s’est dit l’Halluinois Daniel Delafosse qui avait adressé, pour la soirée inaugurale du cinéma « Le Familia » d’Halluin, le 28 septembre 1991 (nouvelles installations : écran géant, son Dolby Stéréo…) une invitation à Yves Montand, en sa qualité de représentant de l’ensemble des acteurs français.
Retenu par le tournage du prochain film de Jean-Jacques Beineix, le « Papet » a néanmoins adressé aux Halluinois ses remerciements, et présenté des excuses pour son absence involontaire.
L’ovation
Yves Montand s’associe également « de tout cœur à l’effort de modernisation et de développement réalisé par l’O.C.H. et souhaite pleine réussite au nouveau départ du Familia ».
Daniel Delafosse fit part au public de ce message de l’acteur français, lui demandant pour l’occasion « une formidable ovation ». Et il a soigneusement archivé la photo personnelle dédicacée qui accompagnait le mot d’Yves Montand.
Il faut d’ailleurs croire que l’acteur a été sensible à cette invitation originale, puisque deux jours après l’inauguration, son attachée de presse téléphonait à Daniel Delafosse pour s’enquérir du bon déroulement de la soirée inaugurale !
Chic, non ?
(Archives D.D. VdN, 2/10/1991).
« Au revoir Montand ! »
Ce week-end, le cinéma « Le Familia » d’Halluin a perdu son parrain en la personne d’Yves Montand.
En effet, le 28 septembre 1991, à l’occasion de l’inauguration des nouvelles installations du cinéma, Yves Montand avait accepté de soutenir l’effort de modernisation et de développement réalisé par l’Office du Cinéma Halluinois.
Etant pris par le tournage du film de Jean-Jacques Beineix, Yves Montand n’avait pu assister à l’inauguration des nouvelles installations, mais souhaitait pleine réussite au nouveau départ du Familia.
Daniel Delafosse qui l’avait contacté personnellement, a tenu à adresser à la famille de l’acteur ses très sincères condoléances et nous a fait part de son émotion et de sa tristesse après cette disparition brutale.
« C’est un géant de la chanson, du cinéma et de la défense des droits humanitaires qui s’en est allé, un homme qui a véritablement marqué son époque.
Le meilleur hommage que les Halluinois puissent rendre à Yves Montand, c’est de soutenir, comme lui, le cinéma « Le Familia » par leur présence, afin que cet art qu’il défendait si bien puisse vivre le plus longtemps possible dans la salle halluinoise.
Montand nous a quittés en associant ses deux passions : d’abord le cinéma, car il venait de terminer le film de Beineix, puis la chanson en ayant la suprême élégance de partir à la période des « Feuilles mortes » l’une de ses plus belles chansons. Encore merci, chapeau et au revoir Montand ! ».
(Archives D.D.,N.E., Novembre 1991).
Cela s’est passé la veille du décès d’Yves Montand…
« Depuis huit ans, j’avais sur la porte de ma cuisine, l’affiche (format pantalon) du film « Garçon » de Claude Sautet, représentant Yves Montand en serveur de restaurant…
Cette affiche je l’ai enlevée le vendredi 8 novembre 1991, en soirée, plus exactement quelques minutes après avoir regardé un film à la télé qui se terminait à 22 h 45 ! (coïncidence complètement fortuite, le film « Garçon » était sorti officiellement le 8 novembre 1983).
C’est à ce moment précis, où je me souviens avoir eu la réflexion suivante : « Pourquoi, enlèves-tu cette affiche, j’ai l’impression qu’il est mort ! ».
Le lendemain, le samedi 9 novembre 1991, à la stupeur générale, Yves Montand décédait, et les médias nous annonçaient qu’il avait eu son premier malaise cardiaque le vendredi 8 novembre à 22 h 50 !.
C’est ce qu’on peut appeler une véritable prémonition, qui m’a encore davantage sensibilisée à l’annonce du décès de l’acteur.
Aussi, ce même vendredi 8 novembre, alors qu’il tournait l’une des dernières scènes du film « IP 5 » de Jean-Jacques Beinex, j’avais posté un courrier personnel destiné à Yves Montand, qui n’aura effectivement jamais connu de réponse de sa part ! ».
Courrier du lecteur paru dans le mensuel du cinéma,
« PREMIERE » de septembre 1992 :
« IP 5 » de Jean-Jacques Beineix est, au même titre que « 37°2 le matin » un véritable chef d’œuvre, un « hymne à l’amour ». Le genre de film qu’on ne cesserait de voir et revoir.
A la fin de la projection, j’ai vraiment éprouvé l’envie de me lever et d’applaudir malgré l’émotion intense que chacun ressent dans la dernière demi-heure de ce film, ô combien bouleversant et attachant pour toutes les raisons que l’on sait !
Quant aux principaux acteurs, ils sont tous sublimes, avec un grand Montand dans l’un de ses meilleurs rôles et une mention toute particulière pour le jeune débutant Sekkou Sall, qui passe du rire aux larmes avec l’assurance d’un véritable pro. Assurément, on en reparlera !
Chapeau et merci à Jean-Jacques Beineix pour ce cadeau royal, ce nouveau grand bonheur qu’il procure à tous les amoureux du vrai, du beau, du grand cinéma et de la magie que le cinéma français est capable d’apporter, en particulier par l’intermédiaire de ses producteurs, cinéastes, acteurs et techniciens.
Daniel DELAFOSSE, 59 – HALLUIN.
Biographie de Yves Montand
Durant toute sa vie, il a promené son regard charmeur et son talent inégalable. Fait de symboles et de contradictions, il fut le chantre du music-hall à l'ancienne, digne héritier d'un Chevalier, d'une Piaf ou d'un Trenet.
Dans son bagage artistique, des dizaines de films si bien qu'on ne savait plus si le chanteur jouait la comédie ou si le comédien poussait "la chansonnette".
Parti de rien, arrivé au sommet, il n'oubliera jamais ceux d'en bas, cultivant intelligemment conscience culturelle et conscience politique et sociale. Yves Montand fut finalement, avant tout le monde, un homme du 21e siècle.
On dit que tout vient de l'enfance. Celle d'Ivo Livi forgea ses convictions politiques. Né dans l'Italie fascisante des années 20, le petit Ivo est éduqué dans le culte du communisme par un père ouvrier et militant.
Exilés en France en 1923, les Livi atterrissent à Marseille où les "ritals" ne sont pas forcément les bienvenus. Une enfance difficile commence alors. Il y a son statut d'immigré bien sûr, mais il y a aussi la misère et la peur.
Pour survivre, Ivo travaille dès onze ans, tout d'abord à l'usine, puis avec sa soeur, coiffeuse, qui l'incite à passer son CAP coiffure avec succès. Mais ce n'est qu'un métier alimentaire. Le rêve d'Ivo, c'est la scène, que représentent les grands artistes américains et les comédies musicales. Un art qui unit avec brio danse et chant.
A dix-sept ans, il rentre à l'Alcazar, célèbre cabaret marseillais, pour "chauffer la salle". De la salle à la scène, il n'y a qu'un pas, que le jeune Ivo, devenu pour la cause Yves Montand, ne tarde pas à franchir en juin 1939.
Mais la guerre arrive, qui fait se retrancher nombreux artistes dans les usines et les arrières-salles. Yves n'en attend pas la fin pour reprendre le chemin du succès. Après une série de concerts réussis en 1941, il fuit la Provence pour Paris en 1944 et fait la connaissance d'Édith Piaf.
Déjà célèbre et adulée, cette croqueuse d'hommes prend Montand sous son aile et fait de lui un véritable artiste. Initié aux ficelles du métier par la Môme, le jeune Marseillais se cultive et apprend à se vendre sur scène, de l'ABC aux Folies Bergères.
Les femmes succombent vite à son charme méditerranéen. Des femmes justement, Montand en rencontrent beaucoup. "Libéré" après une rupture avec Édith Piaf en 1949, il est séduit par une jeune comédienne, fraîchement divorcée du réalisateur Marc Allégret, Simone Signoret. Elle devient deux ans plus tard son épouse.
Leur union durera jusqu'à la mort de Simone en 1985. Ensemble, ils côtoient le tout-Paris, réunissant autour d'eux les artistes évidemment, mais aussi les écrivains et les penseurs de l'après-guerre (Sartre, De Beauvoir, Jorge Semprun).
Dès lors, la vie de Montand devient extrêmement riche. Dosant avec justesse ses apparitions cinématographiques et musicales, il parvient à s'immiscer pleinement dans la vie culturelle française. Politiquement engagé, il profite aussi de son succès pour faire passer des messages de paix et de lutte sociale.
Sa présence auprès des grands intellectuels des années 50 le rend très crédible et influent. Côté cinéma, il exerce son talent de comédien sous les ordres de Carné, Costa-Gavras, Clouzot, Sautet, ou Dassin, tournant plusieurs dizaines de films dont la plupart à forte connotation sociale ou politique (Z, La loi, L'aveu).
Côté scène, sa collaboration avec des auteurs-compositeurs de grande envergure (Kosma, Prévert, Barouh, Lemarque) et sa façon unique d'interpréter les standards du music-hall (A bicyclette, Battling Joe, Mon pote le gitan, Barbara, Les feuilles mortes, Grands boulevards) font de lui un artiste époustouflant.
Danseur, chanteur, comédien, charmeur, intellectuel, militant, Yves Montand est un personnage public et ne se laisse jamais bâillonner. Résolument à gauche, ses prises de position et ses coups de gueule sont célèbres, même lorsqu'il s'insurge contre le Stalinisme de l'Union Soviétique amie et de l'invasion de Budapest par les chars russes.
Durant toute sa vie, il ne cessera de s'exprimer sur tous les sujets lui tenant à coeur en France comme à l'étranger, où il est d'ailleurs très célèbre, du Japon aux Etats-Unis.
Si ce parti pris alimente les querelles de clocher, le public ne s'y trompe pas: Montand est extrêmement populaire et les années n'altèrent en rien cette popularité. Bien au contraire, le "Papet" devient irrésistible en valet de chambre dans La folie des grandeurs de Gérard Oury en 1972 ou carrément attendrissant sous la direction de Claude Berri pour un remake remarqué de Pagnol (Manon des Sources / Jean de Florette) en 1986.
Il faut attendre la mort de sa compagne Simone Signoret en 1985, à l'âge de 64 ans pour que Yves Montand baisse la garde.
Profondément touché par cette disparition, ses apparitions se font plus rares. Il continue cependant sa double carrière de chanteur et de comédien et fait la connaissance, sur le tournage de Manon des Sources, d'une jeune assistante, Carole Amiel, qui deviendra la dernière femme de sa vie et la mère de son unique enfant Valentin, né le 31 décembre 1988, alors que Montand est âgé de 67 ans !
Un enfant (et héritier) qui suscite les convoitises puisque à la même époque, Anne Drossart, une actrice ayant eu une aventure avec Montand lors d'un tournage, accuse l'acteur d'être le père de sa fille Aurélie. Les journaux se jettent avec délectation sur cette triste affaire. Reconnu "coupable" de paternité dans un premier temps, il faut attendre 1998, soit sept ans après sa mort, pour que des tests ADN réalisés sur son corps innocentent le défunt. Des années de combat pour la veuve et la famille du chanteur, pour de sombres intérêts financiers.
Entre-temps, en novembre 1991, alors qu'il termine le tournage d'IP5 de Jean-Jacques Beineix, film dans lequel son personnage décède d'un arrêt cardiaque, Montand est victime d'un infarctus du myocarde et s'éteint le 9 novembre 1991 dans une clinique de la région parisienne. Il préparait un nouveau spectacle au POPB de Paris, dédié à son jeune fils de trois ans. Son corps repose au Père Lachaise auprès de Simone Signoret.
Rarement artiste ne fut si populaire, parce que chacun de ses films fut un grand moment de cinéma, parce que ses chansons appartiennent au patrimoine culturel francophone, parce que ses prises de position politiques cherchaient à défendre le peuple et la liberté, parce qu'il a su, naturellement, séduire et ravir. En soixante-dix ans d'une vie bien remplie, Yves Montand est rentré dans le panthéon de la culture française.
Source : www.ramdam.com
L I E N : Il était une fois le cinéma d'Halluin (Nord)