Halluin - Histoire de 1850 à 2000 (10/11) 1985 : Albert et Henri, Coexistence et Cohabitation.

29.04.2010

Récit de Roland Verkindère Historien Local

Deux prénoms pour caractériser cette année 1985. Henri Leveugle, premier adjoint d’Albert Houte, de 1971 à 1977, est élu maire en 1980. Il est battu aux élections municipales de mars 1983 par Albert Desmedt. Mais dans les années 80, Halluin se transforme et sa démographie progresse.

Albert Desmedt bénéficie d’un triple atout : son passé de résistant et de miraculé de la Libé ration en septembre 1944, (il a été grièvement blessé à la frontière et sauvé grâce à une intervention chirurgicale d’urgence dans une clinique de Tourcoing), sa connaissance approfondie des réalités et des situations halluinoises due à sa profession de journaliste correspondant local de journaux régionaux pendant 40 ans, sa disponibilité de jeune retraité.

En 1982, les lois de décentralisation votées à l’initiative de la nouvelle majorité gouvernementale de gauche vont avoir un double impact sur la vie municipale.

Dorénavant les minorités sont représentées au sein du conseil tandis que la liste ayant obtenu la majorité bénéficie en quelque sorte d’une sur-représentation, ceci afin d’assurer des majorités stables. Par ailleurs le pouvoir de tutelle du Préfet sur les délibérations municipales, afin d’en vérifier la régularité, s’exerce maintenant à posteriori.

Trois listes sont en présence aux élections municipales de 1983 : la liste de large union pour une gestion sociale, humaine et démocratique présentée par le PCF qui obtient 1231 voix ; la liste pour une action sociale authentique Halluin-demain et PS menée par Henri Leveugle et Albert Houte, où figurent déjà Alexandre Faidherbe et Jean-Luc Deroo, elle obtient 3105 voix ; la liste d’union pour la sécurité et la gestion d’Halluin conduite par Albert Desmedt où figure Marie-Paule Heiblé, elle obtient dès le premier tour 4507 voix.

A noter qu’aux présidentielles de 1981 les deux candidats du deuxième tour avaient obtenu à Halluin les scores suivants : Giscard : 4549 voix, Mitterrand 4825 voix.

Poussée démographique

Des éléments d’explication de ce renversement de majorité au sein du conseil municipal sont-ils décelables ? Au-delà du charisme ou de la force de persuasion de telle ou telle personne, il convient d’être attentif à des mouvements de fond. Ainsi sur le plan démographique, Halluin retrouve en 1985 son niveau de population de 1901 soit 16 500 habitants.

C’est le résultat d’une évolution : reflux des familles flamandes en Flandre occidentale (Menin) dès avant la guerre 14-18 même si beaucoup d’emplois restent occupés à Halluin par des travailleurs belges ; chute de la population pendant la première guerre dans Halluin occupée ; stagnation en 1919-1939 pendant toute la période d’Halluin la Rouge ; timide reprise dès 1945 avec une montée progressive et continue depuis 1960.

Depuis la population croît de nouveau de manière sensible. Des apports extérieurs sont manifestes, en particulier par la construction de maisons nouvelles dans des quartiers de résidence qui ont transformé de manière spectaculaire le vécu des habitants.

Autre mouvement de fond, la localisation et la transformation des activités et des emplois de la population active employée sur place ou résidente. Les conditions de transport ont modifié les liens habitat-travail, la population résidente souhaitant trouver à proximité crèches, écoles, collèges, équipements sportifs, gamme élargie de commerces, dispositifs de transports en commun, ce qui est largement présent dans la commune même si des améliorations sont toujours souhaitables.

Par ailleurs, depuis 1981, une donnée nouvelle est intervenue : l’alternance, d’où des élections devenues plus politiques, plus liées aux débats nationaux.

Regard d’un ancien

Les plus anciens observent ces mouvements avec sagesse. Eugène Coopman, Halluinois depuis toujours, a traversé en quatre-vingts ans, deux guerres mondiales, deux occupations d’Halluin, un séjour de prisonnier de guerre en Allemagne, la reprise du textile à la Libération puis la délocalisation du tissage Sion à Wattrelos au début des années 70.

Retraité actif depuis cette époque, observateur attentif de la vie de la commune rue Gustave Desmettre ou à l’Orée du Mont, à plus de 95 ans, d’un pas allègre il retrouve son quartier d’enfance. C’est au « Catput », cette zone inondable à droite de la route de contournement à la hauteur du carrefour vers Match, du terrain des sports et de l’estaminet du Vieux Moulin.

Quels changements : la cité du Vieux Moulin, le Mont fleuri, les maisons du parc, les villas route de Neuville, de nouveaux appartements sur le site de l’ancien tissage Sion. Et il avance, songeur.

(Archives, N.E., 21/8/2007).

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